La justice espagnole et la mobilisation d'ONG ont permis de geler temporairement le rapatriement de mineurs marocains non accompagnés à Ceuta vers le Maroc. L'ONU a également appelé le gouvernement espagnol à suspendre cette procédure et lui fournir des informations et des observations en attendant. Alors que le rapatriement de mineurs arrivés à Ceuta en mai vers le Maroc fait toujours débat en Espagne, le gouvernement local de la ville a décidé, lundi soir, de geler ces opérations pour les prochaines 72 heures. Selon les autorités de la ville autonome, reprise par les médias espagnols, la décision a été prise à la demande des tribunaux. Le tribunal d'instruction n°2 de la ville a, en effet, communiqué sa position sur le cas de plusieurs mineurs à la vice-présidente Mabel Deu. «Par mesure de précaution, nous gelons les transferts pour 72 heures, car ils ont demandé des explications de la procédure au ministère de l'Intérieur et à la délégation du gouvernement», a déclaré la ministre de la présidence du gouvernement et des relations institutionnelles. L'administration générale de l'Etat et la ville autonome disposeront de ces trois jours pour fournir la documentation qui valide la manière dont ces transferts sont exécutés et s'ils sont ou non conformes à la législation espagnole. Cette décision s'ajoute à celle prise, dans la matinée, par le tribunal administratif contentieux n°1 de Ceuta, qui a suspendu le rapatriement de neuf mineurs. Le gel des rapatriements a été possible grâce à la mobilisation des ONG. Si l'Association Coordinadora de Barrios est parvenu à bloquer temporairement le rapatriement d'une dizaine de mineurs, les ONG Save The Children, Andalucía Acoge et Gentium ont saisi, dimanche l'ONU. Selon El Pais, l'Organisation des Nations unies a réagi le lendemain, demandant au gouvernement espagnol de suspendre le rapatriement d'une dizaine de mineurs à Ceuta et leur transfert vers un centre de protection des mineurs pendant que l'affaire est délibérée devant le Comité des droits de l'enfant. Les retours à chaud des mineurs évoqués à nouveau L'ONU explique que la demande, qui a été envoyée aux autorités espagnoles, peut être réexaminée à la demande du gouvernement lui-même, sur la base des informations et des observations qu'il adresse à l'organisation. «Concrètement, le texte indique que l'exécutif peut présenter des 'informations et observations' liées à cette situation, pour laquelle il disposera de deux mois supplémentaires, en raison des mesures prises par la situation pandémique», explique le journal. Cette réponse favorable à l'alerte lancée par les ONG espagnoles intervient alors des mineurs ont déjà été rapatriés vers le Maroc que ce soit dans le cadre de cette procédure ou même à chaud. En effet, El Faro de Ceuta rappelle que lors de la fameuse crise de mai, quelque 1 200 mineurs sont entrés dans la ville après avoir traversé les brise-lames. Bien que les entrepôts de Tarajal aient été transformés en centre d'accueil improvisé, les autorités n'ont pas pu établir un nombre exact de mineurs que plus tard, poursuit le média qui assure que «plus de 500 mineurs étaient arrivés à Ceuta par la mer mais ne sont plus dans la ville». «Ils sont retournés au Maroc parce que les autorités marocaines elles-mêmes l'ont reconnu et l'ont confirmé lors de la fameuse réunion du 11 août» entre les autorités marocaines et espagnoles, révèle-t-il. «De nombreux enfants sont portés disparus. En ces premiers jours de crise, des centaines de mineurs sont rentrés dans leur pays et beaucoup d'entre eux ont été repris par l'Entraide nationale au Maroc après leur remise par les autorités du pays voisin», précise-t-on encore, en citant le cas du jeune Achraf, qui a été expulsé à chaud vers le Maroc en mai dernier, bien qu'il soit mineur. Pour le média, «il n'y a eu aucune plainte des ONG pour ces absences et ces retours et pas une seule déclaration publique officielle en Espagne sur cette situation». A rappeler que le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande Marlaska, a assuré lundi que les mineurs «voulaient retourner dans leur pays» et qu'il s'agit d'un «retour assisté», régi par «une procédure signée avec Rabat en 2007» et «réalisée conformément à la loi, après une étude détaillée et une proposition des services sociaux de Ceuta». Les deux pays comptaient ainsi rapatrier près de 700 mineurs.