En Espagne, le chef du gouvernement a martelé son rejet à l'organisation d'un referendum du peuple catalan. En revanche, il est pour l'autodétermination du peuple sahraoui. Deux poids deux mesures. Ce mercredi 30 juin, le débat à la Chambre des représentants en Espagne s'est focalisé sur la Catalogne. Le dossier fracture la société espagnole, notamment après la grâce accordée la semaine dernière par l'exécutif de coalition de gauche à neuf des leaders indépendantistes de la province emprisonnés. Une mesure qui devrait profiter aux politiques en fuite, dont Carles Puigdemont. Un point au centre des négociations d'hier à Madrid, entre Pedro Sanchez et le président de la Catalogne, Père Aroganès. Devant les députés, le chef du gouvernement de défendre le cadeau offert à ses «alliés» de la Gauche républicaine catalane qui devraient lui assurer sa majorité jusqu'au terme de son mandat, évoquant l'«esprit de la constitution de 1978». Pedro Sanchez a également répété tout au long de la séance de contrôle aux élus de droite comme de l'extrême gauche qu'«il n'y aura pas de référendum d'autodétermination» dans la région. «Ceux qui le défendent doivent convaincre les 3/5 de cette Chambre pour que l'article 2 de la Constitution espagnole puisse être modifié. Et qu'ensuite les Espagnols et les Espagnoles ratifient cette modification à travers un référendum». Autodétermination : non à la Catalogne oui au Sahara occidental Et de préciser qu'il «n'acceptera jamais ce type de dérive», taclant ainsi le Parti populaire qui était au pouvoir lors de l'organisation du referendum d'indépendance de la Catalogne, le 1er octobre 2017. Une radicalité de Pedro Sanchez à prendre avec prudence, en juin 2018 à la faveur d'une motion de censure, il était opposé à toute grâce en faveur des leaders catalans emprisonnés. Le rejet de Pedro Sanchez d'un référendum pour l'autodétermination en Catalogne contraste avec l'appui que son gouvernement et l'Etat espagnol en général accorde au référendum au Sahara occidental. Dans son programme aux élections législatives du 28 avril 2019, le PSOE qu'il dirige encore a défendu «l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Ses partenaires d'Unidas-Podemos au gouvernement sont même pour la reconnaissance de la «République arabe sahraouie démocratique (RASD)». Ils l'ont d'ailleurs montré, une nouvelle fois, à l'occasion de la marche du 14 juin à Madrid pour «la libération du peuple sahraoui». Le PP défend également le même objectif que le PSOE même si, pour l'heure, il ne l'exprime pas ouvertement. Pourtant, Pedro Sanchez a passé sous silence la question de «l'autodétermination du peuple du Sahara occidental» lors de ses interventions de 2019 et 2020 devant l'Assemblée générale de l'ONU alors qu'il l'avait évoquée en 2018. C'est selon le contexte des relations avec le Maroc. Sa ministre des Affaires étrangères était vite montée au créneau, en décembre dernier, pour condamner la reconnaissance par l'administration Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Au lendemain du référendum de la Catalagne, le Maroc s'est empressé de condamner officiellement le projet d'indépendance de la région. «Le Royaume du Maroc, fidèle comme il l'a toujours été au respect des principes du droit international, rejette le processus unilatéral d'indépendance de la Catalogne, et exprime son attachement à la souveraineté, à l'unité nationale et à l'intégrité territoriale du Royaume d'Espagne», indiquait le département Nasser Bourita dans un communiqué publié le 12 octobre 2017.