Les perspectives d'accord sont infimes tant les positions du gouvernement et de l'exécutif régional du séparatiste modéré Pere Aragonès sont opposées. Suspendues depuis un an et demi, les négociations entre Madrid et les indépendantistes catalans reprennent mercredi 15 septembre, afin de tenter de trouver une issue à la crise dans cette région secouée en 2017 par une tentative de sécession. Après avoir laissé planer le doute, le premier ministre Pedro Sanchez a confirmé lundi soir qu'il ferait le déplacement en personne à Barcelone pour ces pourparlers. «J'ai toujours défendu le dialogue (…), la nécessité d'ouvrir un nouveau chapitre» en Catalogne, a dit le dirigeant socialiste, qui a fait de l'apaisement dans cette région l'une de ses grandes priorités depuis son arrivée au pouvoir en 2018. Mais les perspectives d'accord sont infimes tant les positions du gouvernement et de l'exécutif régional du séparatiste modéré Pere Aragonès sont opposées. Pedro Sanchez a ainsi balayé de nouveau la principale revendication des indépendantistes: un accord sur l'organisation d'un référendum d'autodétermination. «Si nous sommes face à des revendications jusqu'au-boutistes, il est clair que la discussion ne va pas durer longtemps», a-t-il insisté. Un référendum d'autodétermination «est contraire à la Constitution», a-t-il poursuivi. Le premier ministre est seulement favorable à un vote des Catalans sur l'octroi de nouvelles compétences à la région, qui compte déjà sa propre police notamment. La tentative de sécession, en octobre 2017, de cette région du nord-est du pays, peuplée de 7,8 millions d'habitants, a été l'une des pires crises vécues par l'Espagne depuis la fin de la dictature franquiste en 1975. Malgré l'interdiction de la justice, le gouvernement régional de Carles Puigdemont avait organisé un référendum d'autodétermination, émaillé de violences policières et suivi, quelques semaines plus tard, d'une déclaration d'indépendance mort-née. Le gouvernement espagnol, alors dirigé par les conservateurs, avait réagi en mettant la région sous tutelle et en arrêtant les principaux leaders du mouvement qui n'avaient pas fui à l'étranger comme Carles Puigdemont. Condamnés pour neuf d'entre eux à la prison en 2019, ils ont été graciés en juin par le gouvernement Sanchez. La mise en place de ces négociations avait été obtenue par le parti ERC (Gauche Républicaine de Catalogne) de Pere Aragonès en échange de son soutien à la reconduction au pouvoir de Pedro Sanchez début 2020. Mais une seule réunion s'est tenue en février 2020 avant que les discussions ne soient gelées en raison de la pandémie et du contexte politique dans la région à la tête de laquelle Pere Aragonès a succédé à l'indépendantiste radical Quim Torra en mai dernier. Depuis l'élection de Pere Aragonès, les relations entre Madrid et Barcelone se sont apaisées, permettant cette reprise des négociations et un accord sur un projet controversé d'agrandissement de l'aéroport de Barcelone. Mais elles viennent d'être ravivées par la décision du gouvernement central de suspendre la semaine dernière ce projet, en raison d'une «perte de confiance» dans le gouvernement régional séparatiste, rongé par les tensions entre ERC et Ensemble pour la Catalogne (JxC), la formation de Carles Puigdemont. La reprise de ce dialogue est très mal vue par JxC et les tenants d'une ligne dure au sein du mouvement indépendantiste. La formation de Carles Puigdemont a d'ailleurs déclenché une crise en décidant mardi de boycotter les pourparlers où elle voulait aller uniquement si elle pouvait être représentée par deux anciens leaders graciés alors que seuls des membres du gouvernement régional peuvent y assister.