L'alliance indépendantiste rafle la mise Nabil EL Bousaadi Même si après avoir recueilli 23% des suffrages à l'issue des élections législatives de ce dimanche en Catalogne, le candidat socialiste, Salvador Illa, qui avait démissionné de son poste de ministre de la Santé avec pour objectif d'arracher le pouvoir régional aux séparatistes, a levé bien haut ses bras en signe de victoire, son succès s'est rapidement mué en un triomphe à la Pyrrhus quand la coalition formée par les indépendantistes est parvenue à rafler la majorité absolue à l'Assemblée régionale avec 33 sièges pour les modérés d' «Esquerra Republicana» (ERC – Droite républicaine), 32 pour les radicaux de «Junts per Catalunya» (Ensemble pour la Catalogne) et 9 pour les anticapitalistes de la Cup (Candidature d'unité populaire – Gauche indépendantiste). Autant dire qu'avec un tel résultat où, pour la première fois de leur histoire, les forces sécessionnistes l'emportent non seulement en nombre de sièges mais également en nombre de voix avec 50,8% des suffrages exprimés, c'est l'indépendantisme qui se renforce considérablement en Catalogne et qui donne, ainsi l'occasion, à Carles Puigdemont, l'ancien chef de l'exécutif catalan, de jubiler et de s'écrier, depuis son refuge belge de Waterloo, qu'« il n'y a pas d'autre alternative qu'un nouveau mandat souverainiste ». Ainsi, au moment où de nombreux observateurs avaient misé sur une éventuelle entente entre les socialistes menés par Salvador Illa et les indépendantistes d'ERC, les trois formations séparatistes de Catalogne s'étaient empressées de signer un accord en vertu duquel elles se sont interdit toute alliance post-électorale avec les socialistes ; ce qui, comme l'affirmera Enric Juliana de « La Vanguardia », est la preuve formelle qu'il existe, désormais, en Catalogne, « un bloc indépendantiste très fort, inébranlable, avec lequel il va falloir compter » même si, de l'autre côté de l'échiquier, « Vox », ce parti d'extrême-droite fondé en 2013, est devenu la quatrième force politique au sein du Parlement catalan en obtenant 11 sièges après avoir recueilli 7% des suffrages exprimés. Mais si, par ailleurs, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez s'est réjoui de la victoire des modérés de l'ERC qui, à l'échelle nationale, lui avaient apporté leur soutien lors du vote du budget, il y a lieu de signaler que, cette fois-ci, leur leader Pere Aragonès, qui a été appelé à occuper la Généralitat, le siège de l'exécutif régional à Barcelone, a essayé de mobiliser ses troupes, dans le calme, en leur rappelant qu'il est « l'heure de résoudre le conflit et de s'associer pour négocier un référendum sans répression ». Par cet appel, le chef de la Droite Républicaine de Catalogne se déclare ouvertement contre une réédition des évènements d'Octobre 2017 qui, après avoir été durement réprimés par les forces de l'ordre, s'étaient soldés par des condamnations à de lourdes peines d'emprisonnement allant de 9 à 13 ans pour « sédition » et « malversations », et souhaite, donc, l'ouverture de pourparlers avec Madrid au titre de la tenue d'un référendum d'autodétermination sous l'arbitrage d'observateurs internationaux. Vœu pieu que celui-là car si, d'un côté, les séparatistes catalans ne renonceront jamais à leurs prétentions sécessionnistes, il est clair que, de l'autre côté, le gouvernement de Madrid, fermement attaché à « l'indivisibilité de l'Espagne telle que consacrée par la Constitution », refusera toute négociation qui porterait sur cette question. Est-ce à dire qu'il faille s'attendre à un bras-de-fer, bien long et bien éprouvant, entre la capitale espagnole et la capitale catalane ? Attendons pour voir...