Deux jours après le référendum d'indépendance de la Catalogne, Felipe VI vient d'accuser la Généralitat de «violer la constitution» de son pays et de «diviser les Espagnols». Du côté du Maroc, le discours du roi ne peut qu'être salué par les officiels. Et pour cause, le monarque, autrefois grand défenseur du droit à l'autodétermination du «peuple sahraoui» insiste aujourd'hui sur «le respect de l'ordre constitutionnel» et l' «unité». Felipe VI vient de réagir, dans une allocution télévisée de plus de six minutes, au référendum d'indépendance de la Catalogne. Le roi a dressé un véritable réquisitoire contre les autorités catalanes, les accusant à maintes reprises de «violer la constitution espagnole» et de tenter de «s'approprier les institutions de la Catalogne». Le monarque a qualifié la consultation du 1er octobre d' «illégale». A l'adresse des citoyens espagnols, il s'est engagé à «assurer l'ordre constitutionnel». Felipe VI a tout de même évité de brandir le recours à la suspension de l'autonomie dans la région, conformément à l'article 155 de la loi fondamental du pays. Le chef du gouvernement Mariano Rajoy est, en revanche, très favorable à l'application du texte. Il est persuadé que c'est la seule issue à même d'empêcher la Generalitat de proclamer l'indépendance de la région. Felipe VI a oublié son discours de septembre 2016 à l'AG de l'ONU ? Le référendum sur l'indépendance de la Catalogne est un facteur déstabilisateur pour toute l'Espagne, Felipe VI est d'ailleurs conscient de ses conséquences. Le Pays basque, la Galice et Aragon pourraient suivre l'exemple des Catalans. La montée de partis d'extrême gauche, pro-République, sur l'échiquier politique au détriment des partis traditionnels dans les autonomies a largement contribué à l'émergence de courants ultranationalistes. Mais le roi s'est voulu rassurant sur l'unité du pays, invitant les Espagnols à «être tranquilles» sur l'avenir et l'unité de son royaume. Felipe VI a par contre fait l'impasse sur les interventions musclées contre les catalans qui réclamaient le droit de voter au référendum du 1er octobre. Un recours à la force qui sera examiné demain par le Parlement européen. Le discours du roi espagnol ne peut que réjouir les officiels marocains. Et pour cause, ce grand partisan de l'autodétermination du «peuple du Sahara occidental» a renié tous ses «principes» sur l'autel du «respect de l'ordre constitutionnel» et de la «souveraineté» de son pays. Pour mémoire en septembre 2016, de la tribune officielle de l'Assemblée générale des Nations Unies, Felipe VI s'était fait l'avocat des thèses du Polisario.