L'Exécutif des musulmans de Belgique [EMB] est connu pour ses conflits internes à ne pas en finir. Mais celui-ci va certainement tenir les médias belges en alerte. Des perquisitions ont été menées par la police judiciaire mercredi dernier au siège de l'institution, suite à une plainte de la vice-présidente, Isabelle Praile, évincée des organes représentatifs de l'Exécutif. La police a découvert des éléments qui permettrait d'incriminer l'EMB. Détails Mercredi 10 mai, la section des affaires spéciales de la police judiciaire fédérale de Bruxelles, appelée DR7, a mené des perquisitions au siège de l'Exécutif des musulmans de France [EMB], l'organe représentatif des musulmans de Belgique, rapporte LeVif-L'Express. Pour cause, une plainte contre X, avec constitution de partie civile, déposée par Isabelle Praile, vice-présidente de l'EMB, évincée des organes représentatifs de l'Exécutif. Les enquêteurs ont saisi le dossier de cette procédure d'éviction où des faux et usages de faux sont suspectés. En effet, Isabelle Praile ne figure effectivement plus parmi les dirigeants de l'EMB, depuis l'Assemblée générale de l'organe tenue le 13 janvier dernier, comme il est aisé de constater sur le site de l'organe. Quel sont les violations notables dans la procédure d'éviction ? «Des règles précises n'ont pas été respectées. Il y a des pièces justificatives, mais pour le droit de l'enquête, je ne peux pas en dire plus», explique à Yabiladi Mme Praile qui dénonce des «manœuvres illégales». D'après elle, son éviction est due à une différence d'opinion au sujet du culte musulman dans son pays. Au sein de l'EMB, certains voudraient donner la gestion du culte aux «étrangers», tandis que d'autres, dont elle-même et deux autres membres également évincés de l'organe, veulent une gestion «belge» du culte musulman en Belgique. Il s'agit «de l'enjeu de l'avenir du culte», déclare déçue Mme Praile. Un problème qui date Selon la vice-présidente de l'EMB, c'est le même problème qui perdure depuis des années avec, en plus, d'autres moyens mis en œuvre pour essayer de renforcer la démarche. «C'est idéologique, lance-t-elle. Ils mettent en place une procédure complètement illégale parce que nous avons des avis différents. Où est la liberté d'expression ? s'interroge-t-elle indignée». Il est vrai que l'islam prend ses sources en Belgique «avec l'arrivée massive des Turcs et des Marocains dans les années 60, reconnait-elle. Mais avec le temps les choses ont évolué et aujourd'hui, l'islam n'est plus lié à l'immigration». «Ils [les dirigeants actuel de l'EMB] veulent assoir les bases du culte via les institutions étrangères, comme la fédération des mosquées turques et bien d'autres. Pourtant, il y a des imams qui ne parlent pas le néerlandais ou le français. Ils n'ont aucune notion de la culture belge», affirme-t-elle. «Nous, on veut un islam belge !» «Nous, on veut un islam belge, clame Mme Praile. Il faut un islam représentatif de la diversité des musulmans de Belgique. Il faudrait limiter les influences étrangères et mettre un terme à ces tensions étrangères qui viennent perturber la bonne gestion du culte musulman en Belgique, préconise-t-elle». De son côté, L'Exécutif n'a toujours pas réagi. Son président, Semsetttin Ugurlu, reste jusqu'à présent injoignable. Il faut dire que l'EMB a souvent eu plusieurs conflits internes. Et très souvent liés à la différence d'opinion au sujet de la gestion du culte musulman en Belgique. Les autorités belges, quant à elles, ne se prononcent pas. Selon Le Vif, la ministre belge de la Justice, Annemie Turtelboom, a justifié son inaction dans le dossier de la représentation du culte musulman par l'existence de cette enquête maintenant dirigée par le juge d'instruction Michel Claise. Contacté par Yabiladi ce matin, M. Claise a indiqué qu'il ne ferait pas de déclarations à ce sujet. Il faudra donc attendre les résultats de l'enquête.