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Tourisme et clichés sur le Maroc : "J'aime bien votre pays....vous savez ?"
Publié dans Yabiladi le 18 - 04 - 2012

Quand on vient du sud marocain, c'est vrai qu'on a une approche assez particulière et spécifique des rapports humains. Une définition religieuse de la beauté et de la bonté des personnes.
Là où la terre brille malgré un climat des plus rudes sur terre. Là où les gens sont souriants de nature. Là où la chaleur humaine se partage, se vit et se transmet de génération en génération, comme on transmet un trésor de famille. Là où l'accueil est une règle de vie. Là où les sentiments et les relations humaines n'ont pas de prix. Là où on remercie Dieu malgré la faim, la sécheresse et le froid. Là où la générosité frôle la naïveté. Là où la famille vit au pluriel. Là où la solitude et l'isolement n'ont pas de place, puisqu'il y a toujours quelqu'un pour demander de nos nouvelles. Nous proposer un coup de main pour travailler les champs, ou faire les courses au marché si le mari ou le fils sont absents. Là où les portes des maisons sont toujours ouvertes, invitant les passants à une carafe d'eau s'ils ont soif, ou à manger un bout de pain et de l'huile d'olive s'ils ont faim.
J'aime votre pays…vous savez ? Une phrase que j'entends à chaque fois avec nostalgie et beaucoup d'amertume.
De la nostalgie, quand je vois sur les panneaux publicitaires, qui remplissent les stations du métro parisien, des affiches présentant un paradis qu'est mon pays: le sable doré, les Kasbahs, des femmes et des hommes souriant à longueur de journée et semblent ne pas se soucier du temps qui passe.
L'image d'un enfant courant dans le désert pieds nus. C'est dire l'authenticité du cliché pour le touriste lambda, pour qui il n'y a pas de plus «touchant» et agréable au monde que de voir des êtres en totale osmose avec leur environnement. Une telle image incitant le touriste au «grand cœur» à prendre son sac-à-dos et son courage à bras-le-corps pour aller explorer les montagnes et le désert marocains. Faire un «coucou» à ce peuple «primitif» que le sourire n'abandonne jamais quelques soient les circonstances. Entreprendre un périple prometteur à des rencontres «authentiques» à tout point de vue.
Pour que ce voyage soit réussi, le touriste ne doit pas oublier son appareil photo, numérique de préférence. Ainsi, il pourra immortaliser chaque instant de son aventure.
De toute façon il faut bien écouter les conseils de l'agent du voyage. Cette personne qui n'a jamais pris la peine de s'aventurer à plus de quelques kilomètres de son grand bureau climatisé à Paris ou à Marrakech. Loin de la chaleur, les odeurs des bêtes et la poussière qui étouffe les routes non goudronnées. Cet agent qui n'hésite pas à vendre une histoire qui n'est pas la sienne. A marchander avec le sourire de nos mères et l'enfer quotidien de notre vie «authentique».
L'image de l'enfant courant sur le sable pieds nus a ému le touriste. Dieu sait que celui-ci a un grand cœur, Il veut aller voir ça de ses propres yeux. Et pourquoi pas réussir à prendre un cliché pareil. Immortaliser la «joie» de cet enfant parcourant le désert en défiant la vitesse du vent. C'est dire qu'il fait partie de cette étendue magique. Le touriste ne s'est pas arrêté un seul instant pour se dire: «Mon Dieu que le sable brûle les pieds de ce pauvre enfant….c'est pour ça qu'il court très vite, pour se mettre à l'abri». Ça a l'air d'être le dernier de ses soucis. Il faut bien qu'il rentabilise son voyage. De toute façon l'agent l'a rassuré. L'enfant sur la photo n'a rien. En plus il est toujours vivant. D'ailleurs, pour votre information, il est devenu un beau jeune homme en bleu (pour les susceptibles intéressés). Un vrai homme de désert travaillant comme chamelier à l'entrée de Merzouga.
Le touriste est content, il a cueilli pleins d'histoires, d'anecdotes et de photos à raconter à ses copains dans les salons parisiens. Ou, pourquoi pas, créer un blog où il raconte son périple unique au milieu de cette terre déconnectée du temps. Clamer la chance qu'il a d'avoir pu admirer cette pièce de théâtre, grandeur nature, dont le scénario est écrit par la misère et l'oubli, et dont le destin des «héros forcés» n'intéresse personne….
De l'amertume aussi, quand je vois des gens se faire exploiter par des personnes qui n'ont de relation avec la culture et l'histoire que le nom. Des personnes qui se sont permis de s'approprier la générosité et le sourire de ces pauvres gens pour en faire un commerce sans scrupules. Abuser de leur chaleur et de leur bonne foi. Vendre leurs vies et leur misère quotidienne comme on vend n'importe quelle marchandise sur la place du marché.
De toute façon qui se soucis du sort de ces ombres dont les sourires ont été volés par les appareils photos et les caméras ? Dont les âmes ont été accrochées sur les bords des routes du sud pour faire plaisir à ces nombreux touristes venus chercher l'aventure. Celle que les agences de voyages leur avaient promise. Leur offrir matière à tisser des histoires et des rencontres «authentiques», pour ensuite les raconter pendant les longues nuits d'hivers à leur retour chez eux dans les pays du nord.
Pour ces décors vivants. A la fin de la saison touristique, ils peuvent se disposer et se disperser dans les obscurités de la montagne et les étendues du désert, en attendant la prochaine saison touristique qui arrive dans quelques mois. Pendant ce temps là, les affiches publicitaires faisant l'éloge du «plus beau pays du monde» fleurissent un peu partout sur les grands boulevards et dans sous-sols du métro parisien.
Je fixe cette affiche, j'y vois une image familière. Un sourire intime. Un regard sans voix, figé dans l'objectif du photographe. Il y est emprisonné pour l'éternité.
Le train arrive, je monte sans osez me retourner pour revoir ce visage pour une ultime fois. J'avais peur de lire un reproche dans les yeux de cette femme dont les yeux me parlent à défaut des mots qu'on lui a volé. Le train s'aventure dans le tunnel….J'aurais aimé que c'était juste un rêve, ou même un cauchemar qui se terminerait à mon réveil.
J'ai peur d'arriver un jour dans mon village. Demander à un petit garçon les nouvelles des siens. Le petit me regardera, et me dira : L'information te coûtera 5 dirhams… Ce jour là, je me dirais qu'ils ont réussi à avoir raison de nous. L'agent de voyage et le touriste sont passés par là. L'un a eu son aventure authentique et l'autre a très bien fait sont travail.
Les miens, eux, ont quitté leur montagne, leur désert et leurs champs. Ils sont partis mendier un semblant d'existence dans les obscurités des studios de cinéma à Ouarzazate. Ils y jouent le rôle qu'ils ont toujours joué….des figurants, encore et encore. Moi, je regarde ma mère en fixant les rides que le temps a dessiné sur son front. Elle me regarde, à son tour, avec des yeux pleins de nostalgie et beaucoup de regrets aussi. Elle respirent profondément et me dit : Rjja ghmoulana ayiwi (Tous nos espoirs sont en Dieu mon fils..)…
Un long silence s'installe….
Visiter le site de l'auteur: http://oumada.wordpress.com/


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