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REPORTAGE : Un verre de thé au Sahara
Publié dans La Gazette du Maroc le 10 - 11 - 2007

Paysages à couper le souffle, beaucoup de sérénité, des discussions fascinantes sur l'histoire de la région. Une culture riche et variée. Un voyage de plusieurs jours n'a pas été suffisant pour découvrir toutes les facettes de ce territoire méconnu. Un voyage pourtant bien salutaire pour rompre avec les clichés sur cette région, les idées reçues sur les nomades, et les jugements hâtifs sur le mode de vie des sahraouis. En tout cas, le périple en valait la peine.
Ce n'est pas la première fois que l'on va à la rencontre de cette région mais à chaque fois, ça ne rate pas, pour nous autres citadins, le sud, c'est d'abord et avant tout le désert; du coup, l'impression est toujours la même, on s'attend toujours à débarquer en plein désert. C'est raté. Il est dix heures du matin, et le petit aéroport de Dakhla ressemble plutôt à une banale gare routière.
La ville parait s'enrouler autour d'une avenue, la circulation est très fluide. Et ce, malgré les quelques 99 367 habitants qu'elle compte. Dakhla est une presqu'île qui se découvre à vous sans crier gare. Les rues sont larges et plutôt bien goudronnées, le béton envahit partout la ville. On débouche sur un quartier récent: Hay Salam. À chaque ville du royaume son «Hay Salam». Simple fruit du hasard ?
Prochaine escale : Lassarga, village de pêcheurs, situé à 10 km du centre de Dakhla. Sur le chemin, nous subissons les premières secousses dûes à la rocaille de la piste. Ici, de grandes unités frigorifiques de poissons sont implantées. Subitement, un 4x4 surgi de nulle part paraît être à la poursuite de quelqu'un ou de quelque chose. Et finit par disparaître, vrombissant, dans un nuage de poussière.
Le village de pêcheurs, c'est d'abord une odeur de poisson persistante qui vous prend à la gorge. Ensuite, ce sont des abris de fortune à perte de vue. Pour les réaliser, les pêcheurs ont dû soit faire preuve d'un grand effort de créativité, soit comme les informations recueillies le confirmeront, utiliser toutes sortes de matériaux à leur disposition. Les cabanes sont réalisées à partir de plastique, de morceaux d'étoffe, de tôle, de planches de bois… Un mode de vie précaire avec des conditions d'hygiène inexistantes. Les mansardes forment des quartiers où logent les pêcheurs regroupés par villes d'origine. Une grande majorité d'entre eux exerçaient déjà ce métier à Safi, Agadir, Essaouira ou dans les villes du nord du pays. La rareté du poisson les a poussés à fuir leur ville natale pour venir s'exiler dans ces contrées lointaines. Nous les retrouvons attroupés autour du parc de barques. Ces dernières portent des noms féminins. C'est dire la nostalgie qui habite ces hommes. C'est la période du repos biologique pour la pêche des céphalopodes et notamment (fierté de la région) de celle du poulpe.
Dakhla : porte
du sud
à Lassarga, c'est la capitale des petits pêcheurs. Si durant les premières années au village, la pêche du poulpe (à profusion à l'époque) leur assurait une vie décente, aujourd'hui, ils sont unanimes à dénoncer la contrebande du poulpe. Bien que tout un programme est mis en place pour mettre à niveau les villages de pêcheurs beaucoup refusent de respecter le repos biologique et la corruption reste le «sésame ouvre-toi» qui sert à échapper aux sanctions.
Impressionnant est le pont qui mène aux quais du port de Dakhla. Nous effectuons un arrêt devant les chalutiers accostés, au pied desquels les pêcheurs préparent leurs filets. Finalement, notre odorat finit par s'acclimater aux effluves halieutiques – pour ne pas dire aux puanteurs-.
Le capitaine du port se trouve être une vieille connaissance de notre photographe. Il propose aimablement de nous embarquer à bord de son véhicule pour faire le tour du port. L'homme dort très peu, il passe le plus clair de son temps à surveiller son port. Comme il le souligne, des vols ont été déclarés dans l'enceinte du port. Les délinquants subtilisaient du gasoil, des batteries… Alors, il a mené sa petite enquête et retrouvé les coupables. Il en a interpellés quatre. Mais à scruter le profil du monsieur, la bande de malfrats ne tardera pas à être démantelée. Ancien affilié du front Polisario, il a fini par rejoindre la patrie. Il semble prendre très au sérieux sa mission. La prochaine étape est le «camp de Rachid». C'est ainsi que l'on parle du campement sis sur la baie de Dakhla. C'est le capitaine du port qui nous y emmène. Sur la route, il reconnaît un de ses camions de transport de sardines vers Agadir, qu'il avait surpris deux jours plus tôt, déversant sur le bitume du «liquide de poisson», mélange peu ragoûtant de sang de sardine et d'eau salée. Marche arrière, deux mots tranchants et un regard lourd de reproches à l'encontre du chauffeur. En effet, les camions «pollueurs» sont nombreux et les habitants de Dakhla crient au scandale. Mais, la société civile se mobilise. Et il semblerait que plus les populations entretiennent une relation étroite avec la nature, plus elles vivent dans le respect des préceptes écologiques.
Laâyoune : métropole économique
Toujours sur la route menant au camp, la nature nous interpelle dans toute sa majesté. Une muraille d'immenses montagnes et des paysages que les mots ne peuvent décrire. Et un aigle, naturellement taillé dans la roche par l'érosion surplombe le haut d'une falaise… Niché au pied des montagnes, face à la baie, des tentes, des palmiers et des équipements de sports nautiques, le camp semble tout droit sorti de l'une de ces cartes postales représentant Hawaï. Sur la route du retour, nous sommes étonnés de voir, à près de dix kilomètres de la ville, des hectares de serres de tomates cerises. Qui a dit qu'il n'y avait pas d'activité agricole au Sahara ?
Départ matinal de Dakhla, vers Laâyoune. Mais avant, nous devons faire halte à Boujdour. Nous devons visiter le port puis continuer la route à bord d'un autre 4x4, conduit par un nouveau chauffeur de l'Agence du Sud.
Tarfaya, pêche et contrebande
Le port de Boujdour est en plein chantier. Les pêcheurs sont regroupés au sein d'une enceinte et l'activité bat son plein. Un policier interpelle notre photographe. Nous pensions qu'il fallait uniquement demander l'autorisation des personnes prises en photos. Il faut dire que tout au long du trajet, vers Boujdour, nous avons présenté nos cartes d'identité et indiqué, à chaque fois, l'objet de notre séjour. Sécurité oblige. La ville ne possède qu'une seule grande avenue. Des commerces sont implantés le long de cette artère : cafés, cybers, salons de coiffure, téléboutiques…L'échange de voiture devait se faire devant la wilaya. Finalement, c'est sur la route vers Laâyoune, que l'opération aura lieu.
Petite halte au siège de la région de Laâyoune-Boujdour-Sakia Al Hamra. Sur la route, nous nous demandons comment ces courageux techniciens de l'Office national de l'électricité s'y sont pris pour installer le réseau. Car ce qui va de soi dans le nord du pays, tient ici de l'exploit, voire du miracle. La petite route qui nous mène vers Tarouma est régulièrement ensablée, sous l'action du vent, qui déplace d'énormes masses de sable sur le bitume qu'il faut alors dégager avec des machines ad hoc.
A la sortie d'un virage, nous apercevons brusquement l'océan. Et c'est un cri de stupeur : l'eau de l'Atlantique est ici d'un bleu très clair, comme si nous étions au cœur du Pacifique. Un bleu malheureusement bien artificiel, puisqu'il est dû aux phosphates déversés dans l'océan par une usine située à proximité. Le 4x4 emprunte un chemin tortueux avant d'arriver au chantier du nouveau village de pêcheurs, projet pour lequel l'Agence du Sud est partenaire. D'immenses pelleteuses s'activent dans de sonores vrombissements, le bruit est intense, nous décidons de ne pas trop nous attarder. Nous remontons dans le 4x4 pour ne faire qu'une centaine de mètres avant de nous retrouver dans l'actuel village de pêcheurs, un bidonville fait de bric et de broc. Réflexion faite, la misère a partout le même visage.
Retour dans le 4x4, la route défile à nouveau, nous revenons sur nos pas: nous allons à nouveau passer par Laâyoune, pour nous rendre au port de la ville. Sur le chemin, Khalid nous fait remarquer une installation étrange : il s'agit de l'équivalent d'un gazoduc pour le transport du phosphate, une «ceinture convoyeuse» depuis le site de Boukraâ, jusqu'à l'usine située à proximité du village de pêcheur.
Port de Laâyoune. Nous arrivons au moment de la collecte des sardines par les manœuvres qui se chargeront ensuite de les revendre au marché. Ça ne sent pas très bon. L'une d'entre nous s'aventure à bord d'un chalutier. Accroupi, occupé à se raser près de la proue du navire, un pêcheur lui annoncera d'un air grave que ce chalutier n'avait pas reçu de femmes à son bord depuis… 1977. A l'extérieur, un badaud qui contemplait le spectacle de cette femme à bord, d'un air goguenard, déclare à un pêcheur que cette présence féminine leur portera désormais la poisse.
Retour à bord du 4x4, nous quittons le port de Laâyoune et cette entêtante odeur de sardine pour nous rendre à Tah, un lieu chargé d'Histoire. C'est là, en effet, que Hassan II avait donné, le 6 novembre 1975, le coup d'envoi de la Marche Verte. Tah est un village minuscule et pauvre, flanqué de deux épiceries et de quelques maisons à l'aspect peu accueillant. Petite halte en compagnie du photographe face à deux immenses pierres commémorant, pour l'une, la venue de Hassan 1er le 12 mai 1886, et pour l'autre, celle de Hassan II, le 3 mars 1985, jour de l'ancienne fête du Trône. Le défunt monarque avait accompli la prière à cet endroit. La photo prise à cet instant est célèbre. La halte n'aura pas duré dix minutes, juste le temps d'immortaliser ces monuments.
Direction Tarfaya, à présent. Petit coup d'œil au port de la ville, noyé sous la brume, puis nous découvrons la cité de Saint-Exupéry, presque dans l'état où il l'avait laissée. La présence espagnole se fait encore ressentir dans l'architecture de certains bâtiments. Le 4x4 s'arrête face à la mer. Nous marchons sur la plage en direction d'un vestige de l'époque coloniale : située à une centaine de mètres de la berge, en proie aux vagues de l'océan, la Casa del Mar, ancien comptoir commerçant, avait été construit en 1886 pour les Anglais. Suite à l'appel à manifestation d'intérêt lancé par l'Agence du Sud, ce lieu renaîtra en un haut lieu de la restauration.
Nous nous rendons ensuite au musée de Saint-exupéry, mais nous trouvons porte close. Il faut dire qu'il est près de dix-sept heures. Un agent de l'autorité locale, qui avait aperçu notre manège, nous fixe rendez-vous pour le lendemain. Le musée ouvrira ses portes samedi, exceptionnellement, pour nous.
Re 4x4. La route s'étire à nouveau. C'est à ce moment que nous nous apercevons qu'au Sud du Maroc, la notion des distances n'est pas la même qu'au Nord. Pour un conducteur du Sud, faire 100 kilomètres est une bagatelle, c'est «juste à côté». Arrivée au village d'Akhfenir, à l'auberge de la Courbine d'Argent, tenue par Paul. La «courbine» est un poisson local, qui en est devenu une spécialité. Après le dîner, Paul vient s'attabler avec nous. Ce septuagénaire au visage buriné par le vent et le soleil a réalisé un vieux rêve en s'installant ici. Son auberge de neuf chambres ne désemplit pas, il nous parle longuement de sa passion, la pêche, des potentialités et des besoins de la région, et, surtout, de ses espoirs. Paul est convaincu que malgré les pesanteurs, il verra tout cela évoluer avant de mourir. Il en sent déjà, dit-il, les signes précurseurs. Le ton est convaincu, le verbe passionné.
Tarfaya, à l'ombre de Saint Exupéry
Retour à Tarfaya, pour visiter le musée de Saint Exupéry. Devant l'entrée de la salle, un moulage de son buste. Aux murs, quelques lettres encadrées, avec des explications sur les péripéties qu'elles ont traversées (capture par les maures, incendies), puis des panneaux, tout autour de la salle, racontant l'épopée de l'aéropostale. On s'attendait à beaucoup de maquettes d'avions, il n'y en avait que deux. Une plaquette que nous confiera, le temps de la lire, un responsable du musée nous apprendra qu'une association française, «Mémoire d'Aéropostale» est à l'origine de ce lieu.
Le 4x4 se dirige à présent vers un site de rêve, dont Paul nous a longuement parlé la veille, les yeux brillants. Il s'agit de Naïla, une lagune féerique, que nous n'allons pas vous décrire. Les photos parlent d'elles-mêmes. Quelques amoureux de l'endroit, dont Paul, tentent en ce moment d'en faire un site protégé par l'Unesco. Entre autres espèces d'oiseaux, des flamants roses y vivent. C'est un pur bonheur de les contempler évoluer gracieusement. Sachez enfin que notre quatuor, habituellement très bavard, s'est longuement tu lors de la promenade en barque que nous avons eue la chance de faire. Un moment d'inoubliable magie. Seul bémol : la plage qui conduit à Naïla est sale, pleine de sacs et de bouteilles en plastique.
Nous prenons la route pour Tan-Tan. Bref arrêt au port de la ville où sont accostés une cinquantaine de chalutiers. Une séance photo plus tard, nous voici dans la ville.
Les trottoirs de Tan-Tan sont parsemés de drôles de petits bidons. Notre chauffeur nous révèle que c'est de l'essence vendue en contrebande par des particuliers. Ils vont la chercher à Dakhla ou Laâyoune, là où le gasoil est subventionné. Petit commerce informel très lucratif, paraît-il.
A la sortie de la ville, deux grands chameaux blancs en plâtre, un peu kitsch, saluent les voyageurs. Petite immortalisation de l'endroit, et nous repartons. Pour Guelmim, cette fois. Le sol, qui était de sable, devient peu à peu terreux. Le désert s'éloigne, le Sahara aussi. Une petite somnolence plus tard, nous voici à l'entrée de la ville. Nous nous arrêtons devant un souk camelin, où des chameaux, très occupés à ruminer on ne sait quoi, ne nous prêtent qu'une attention très distraite. Quelques kilomètres encore, et nous voici à la station thermale de Abaynou, réputée excellente pour l'épiderme et les rhumatismes. Au dîner, on nous sert de la viande de chameau, viande très consommée dans la région.
Guelmim, la magie de la plage blanche
Réveil. Il reste encore beaucoup de kilomètres à parcourir. Nous continuons, coûte que coûte. Direction Plage Blanche. Nous nous dirigeons à nouveau vers Tan-Tan pour aller à ce site réputé féerique. Sur place, nous constatons que cette réputation est véridique. Cette large baie fait partie du Plan Azur décliné par le ministère du Tourisme dans le cadre de la vision 2010. Au sol, des galets aux formes et aux couleurs plus belles les unes que les autres : lie-de-vin, pourpres, bleus, violets, verts, gris – et même une météorite, toute noire. Nous nous accroupissons et la chasse au trésor commence. Nous repartons des pierres pleins les sacs. Sur la route, une mauvaise nouvelle tombe : nous n'irons pas à Akka contempler les gravures rupestres datant de la Préhistoire. Le président de la Commune ne répond pas sur son portable. Sans lui, nous ne pouvons pas y aller, et prendre le risque de faire 300 kilomètres pour tenter l'aventure. Direction Guelmim, donc. En chemin, nous croisons une famille de nomades. Nous nous arrêtons pour leur faire un brin de causette.
Ce couple et leur petite fille vivent sous la tente, été comme hiver et se déplacent peu, contrairement à ce qu'on pourrait penser. En hassaniya, le patois du coin, la mère nous raconte sa vie : ses deux fils ne vivent pas avec elle. L'un va à l'école, l'autre est berger. Pour subvenir à ses besoins, elle fabrique des tentes pour le compte d'un promoteur touristique étranger qui vit à Essaouira. Ce qui leur permet d'avoir quelques moyens de subsistance. Plus le 4x4 dévore les kilomètres, plus il fait chaud. Une vraie fournaise nous attend au ksar d'Assa, où nous faisons une brève halte. Nous nous contentons d'admirer en silence le site tout en souffrant de la chaleur. Le thermomètre du véhicule affiche 40°C. Puis nous descendons vers la ville nouvelle avec une brève étape vers l'oasis. Taghjijt est un îlot de fraîcheur après l'étuve du ksar. Au sol, à l'ombre des palmiers, quelques parcelles de légumes sont cultivées. à Assa, la population survit grâce aux transferts d'argent de leurs proches qui travaillent à l'étranger. Petite halte sur la place principale de la ville, où se tient le souk.
Arrêt, sur la route, à Bouizakarne, village où il n'y a absolument rien à signaler, hormis un hypothétique lycée, où la plupart des personnalités du Sud, comme Khalihenna Ould Errachid, le président du Corcas, et Mohamed Cheikh Biadillah, l'ancien ministre de la Santé ont usé leur fond de culotte.
La route défile à nouveau. Nous filons à présent pour Agadir, la capitale du Souss, étape finale de notre voyage, avant de reprendre l'avion. Sur le chemin, une immense falaise où les quatre occupants du 4x4 ont eu l'impression de lire, gravé sur la roche, un immense «INFINI». Etait-ce une illusion collective? Qui sait ?


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