La mission de la Minurso sera-t-elle élargie à la surveillance des droits de l'homme ? Human Rights Watch est pour. Mohamed Taleb, membre du CORCAS, estime que le statu quo devrait être maintenu. Son argument : le contexte géopolitique et les autres priorités de la communauté internationale. A la veille de l'examen par le Conseil de sécurité de l'ONU de la question du Sahara, Human Rights Watch (HRW) a adressé une lettre aux quinze pays membres du Conseil. L'ONG, basée à New York, demande un élargissement des prérogatives de la mission de la Minurso au contrôle du respect des droits de l'Homme aussi bien dans les provinces du sud que dans les camps de Tindouf. Cette question s'était déjà posée l'an dernier, dans les mêmes termes, mais le Conseil de Sécurité de l'ONU avait finalement décidé de proroger le mandat de la Minurso sans en élargir les prérogatives. «L'objectif d'assurer une surveillance large et fréquente des droits de l'homme ne pourrait être atteint que par l'élargissement du mandat de la Minurso pour y inclure la surveillance des droits de l'homme, ou par la création d'un rapporteur spécial pour le Sahara occidental», estime l'ONG. Une demande faite depuis longtemps par le Polisario lui même. L'association se montre également critique vis à vis de Rabat en minimisant les effets de la création du Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH), pourtant saluée par le conseil de sécurité dans sa résolution 1979 d'avril 2011. «Ces initiatives marocaines sont loin de garantir un suivi régulier et impartial de la situation actuelle des droits de l'homme au Sahara occidental», estime HRW. Le Conseil de sécurité risque-t-il d'élargir les prérogatives de la Minurso au contrôle des droits de l'homme uniquement au Sahara ? Mohamed Taleb, membre du CORCAS (Conseil royal consultatif des affaires sahariennes), nous assure que «c'est une option à écarter. La tendance qui se dégage de l'avant-projet que prépare le Groupe des amis du Sahara, [France, Grande-Bretagne, Espagne, Etats-Unis et Russie, ndlr] penchent plutôt pour le maintien de l'actuel statut quo : une prorogation du mandat de la Minurso pour une année supplémentaire, réitérer la confiance au médiateur de l'ONU, Christopher Ross, et appeler les parties à initier des négociations sérieuses. Et rien d'autre». Mohamed Taleb explique également que «le contexte géopolitique, avec notamment les crises malienne et libyenne, ne favorise nullement un élargissement de la mission de la Minurso comme le demande avec insistance l'Algérie et le Polisario. La communauté internationale a des priorités autres que le Sahara.» Amrani dépêché en urgence à Londres Cependant, Rabat a pris au très au sérieux le rapport du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, sur le Sahara en atteste la visite, lundi, à Londres, de Youssef Amrani ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. Il a rencontré le ministre au Foreign Office chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord, Alistair Burt pour sonder la position britannique sur cette question, sachant qu'elle diffère de celle de la France. Des indices laissent, en effet, penser que l'Angleterre aurait été favorable à un élargissement de la mission de la Minurso. Sur Yabladi.com nous avons évoqué, le 16 mars, la visite du conseiller diplomatique à Laâyoune au cours de laquelle il a rencontré, uniquement, les milieux proches du Polisario. Toutefois, «les informations que j'ai en ma possession indiquent que Amrani aurait convaincu son interlocuteur anglais de s'aligner sur la position que Paris», confie Mohamed Taleb. Visites entre Tindouf et les provinces du Sud Si pour le moment, le volet politique de la question du Sahara n'enregistre aucune avancée, certains aspects du conflit connaissent une évolution. Des échanges de visites humanitaires entre les provinces du sud et les camps de Tindouf ont lieu. «Des groupes de 20 personnes sont transportées à bord de petits avions du HCR (Haut-Commissariat aux Réfugiés). Actuellement, c'est un Boeing espagnol qui assure le transport des Sahraouis des deux côtés de la frontière. Leur nombre oscille entre 70 et 80 personnes», assure Mohamed Taleb.