La fermeture dès le mois prochain du gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui transporte le gaz de l'Algérie vers l'Espagne via le Maroc aura un impact financier sur les trois pays, a écrit « El País ». Dans une analyse, le journal espagnol a estimé que le Royaume serait "le principal perdant d'une coupure d'approvisionnement", notant que le pays reçoit 7% de la valeur du gaz exporté. En 2019, ce chiffre n'atteignait pas 50 millions d'euros en raison de la baisse du prix du pétrole, mais en 2014, il frôlait les 200 millions, rappelle-t-il. Par ailleurs, le gazoduc fournit "45% de la demande marocaine de gaz, à un prix inférieur au marché, qui est utilisé par les centrales thermiques du pays pour générer 12% de l'électricité consommée par le Royaume", ajoute-t-il. L'Algérie serait également touchée, dans une « moindre mesure ». En conséquence, le pays verra sa capacité d'exportation terrestre réduite de 16 700 millions de mètres cubes par an à seulement 8 000 en octobre, avant de passer à 10 000 à partir de janvier. Matt Cunningham, expert en énergie au sein du groupe de réflexion barcelonais "FocusEconomics", estime que l'Algérie va perdre en flexibilité dans sa capacité d'approvisionnement par voie terrestre. "Cela pourrait être partiellement compensé par l'exportation de gaz liquéfié par voie maritime, mais le prix est plus cher", a-t-il dit, ajoutant que le gaz algérien serait ainsi "moins compétitif sur le marché international". Enfin, l'Espagne serait le pays le moins touché, car "elle dispose d'une infrastructure qui permet un degré élevé de diversification dans l'acquisition de gaz naturel, responsable de la production de 17% de l'électricité produite dans le pays l'année dernière", indique-t-elle. Matt Cunningham, qui souligne toutefois que "les coûts vont augmenter" pour le pays ibérique. L'augmentation des coûts, selon l'expert, pourrait toutefois être compensée pour les consommateurs finaux par une baisse du prix mondial du gaz à la fin de l'année ou au début de 2022 et par les mesures récemment adoptées par le gouvernement de Pedro Sánchez pour arrêter l'augmentation des prix de la facture d'électricité ».