Le gaz de pipeline est passé de 52 % à 31 % en décembre. L'Espagne perd 6 236 GWh du Maghreb et Medgaz ne compense que 1 600 GWh. Alger a décidé de ne plus utiliser le pipeline qui transite chez le Maroc, avec lequel les relations diplomatiques sont rompues depuis fin août 2021. Les conséquences de la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe entre le Maroc et Tarifa en raison du chantage algérien sont déjà bien visibles. Selon le dernier bulletin statistique du gestionnaire du système, Enagás, le gaz naturel liquéfié (GNL) qui est entré sur le marché espagnol en décembre 2021 représentait près de 70 % (68,8 %) du total, contre 52,4 % pour le même mois de 2020. En revanche, le gaz naturel (GN), sans liquéfaction ni regazéification, transporté par tube, représentait 31,2% en décembre dernier, contre 52,4% au même mois de 2020, rapporte El País. Conséquence directe de la rupture du contrat d'approvisionnement que la Sonatrach avait avec Naturgy, ainsi que celui signé avec le Maroc. «Les deux contrats, en vigueur depuis 25 ans, ont expiré le même jour. Les tentatives de renouvellement de l'énergéticien espagnol, qui négociait avec les deux pays depuis deux ans, n'ont pas abouti», a-t-on mentionné. Les livraisons de gaz algérien à l'Espagne se font désormais exclusivement via le gazoduc sous-marin Medgaz, après la décision d'Alger, critiquée en Europe, d'abandonner le pipeline utilisé actuellement et qui transite par le Maroc. «Les données d'Enagás révèlent le black-out du Maghreb : alors qu'en décembre 2020, l'afflux de gaz via Tarifa atteignait 6 236 GWh, en décembre de cette année, il était nul. Un flux qui n'a été que partiellement compensé par Medgaz, le gazoduc qui relie directement l'Algérie à l'Espagne, via Almería, et qui couvrait 23 % de la demande de gaz en Espagne le mois dernier : 8 260 GWh contre 6 695 GWh le même mois 2020. À peine 1 565 de différence en termes de GWh», a-t-on noté. La poursuite des livraisons à l'Espagne a été au centre de discussions ardues entre la ministre espagnole de la transition écologique, Teresa Ribera, chargée de l'énergie, et le ministre algérien de l'énergie et des mines, Mohamed Arkab. «La question, selon les experts, n'est pas de savoir si l'Algérie garantit ou non l'approvisionnement de l'Espagne, mais à quel prix. Bien que les contrats soient confidentiels, le fait que le gaz par bateau nécessite d'être liquéfié sur les côtes d'origine et regazéifié sur les côtes de destination, le rend plus cher par rapport au gaz naturel. Son prix est soumis aux aléas des marchés internationaux et du fret des méthaniers, plus la distance est courte, plus le prix est bas», a-t-on indiqué. Depuis 1996, l'Algérie expédie vers l'Espagne et le Portugal environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le GME (Gaz Maghreb Europe), un gazoduc traversant le Maroc, mais Alger a décidé de ne pas reconduire ce contrat, sur fond de grave surenchère diplomatique du régime politico-militaire. Un autre pipeline, le gazoduc sous-marin Medgaz, achemine aussi depuis 2011 du gaz algérien jusqu'à l'Espagne, mais il opère déjà au maximum de sa capacité de 8 milliards de mètres cubes par an, soit la moitié des exportations algériennes annuelles vers ce pays et le Portugal. De son côté, les contrats gaziers que Naturgy entretient avec Sonatrach, avec laquelle il partage également la propriété de Medgaz, ont fixé des prix bas. Aujourd'hui au contraire, avec la flambée des prix du gaz (de 8 euros/MWh en moyenne en 2020 à 48 euros/MWh l'an dernier, et dépassant largement les 100 euros/MWh en fin d'année), l'Algérie a exigé une révision à la hausse. «L'Algérie reste le principal fournisseur de gaz en Espagne, avec une couverture de la demande de 42 % (155 565 GWh de GN et 23 425 GWh de GNL l'année dernière). Bien qu'à distance, les Etats-Unis ont réussi à se positionner comme le deuxième fournisseur, avec 14,4% de la demande, devant le Nigeria, qui passe à la troisième place, avec 11,4% ; Nigeria. La Russie a également grimpé dans le classement, avec 8,7%. Ces variations des fournisseurs de GNL pourraient également s'expliquer par la fermeture du GME.» Selon les données d'Enagás, la demande de gaz naturel sur le marché national a augmenté de 5,1% l'année dernière, pour atteindre 378 500 GWh. La demande conventionnelle a augmenté de 6,2 % et le gaz pour la production d'électricité de 1,6 %. De son côté, la demande pour le marché international (ou débouchés de gaz pour les connexions internationales et les chargements des navires) a atteint 414 426 GWh en 2021, avec une croissance de 11 %.