Les médecins du secteur public au Maroc entament ce jeudi une grève de 48 heures pour faire valoir leurs droits et dénoncer « l'indifférence » du ministère de tutelle, qui « met la responsabilité de ce chaos sur le dos du gouvernement », a indiqué le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP). Espérant que les responsables se penchent « sérieusement et rapidement » sur le dossier revendicatif des médecins du secteur public en apportant des solutions concrètes, le syndicat prévoit d'autres grèves les 19, 22 et 23 août, exceptés les services d'urgence et de réanimation. « Où est le gouvernement marocain face aux revendications du médecin et à l'effondrement du système de santé ? », s'est demandé le SIMSP. « Le ministère de la Santé n'a pas fait d'efforts pour notre dossier, malgré le fait qu'il avoue sa légitimité. Il déclare clairement que ce n'est pas à lui de gérer plusieurs points de notre dossier revendicatif, mais que c'est plutôt au gouvernement et au ministère de l'Economie et des Finances de le faire. Or, aucune de ses trois parties ne fait bouger les choses. Et le médecin du public, aux côtés du citoyen marocain, se trouve face à la réalité douloureuse qui est un système de santé effondré », a expliqué le secrétaire général national du SIMSP, Dr Alaoui Mountadar. Selon lui, le problème réside dans la gestion des ressources humaines. « C'est bien d'ouvrir des établissements de santé, de les aménager. Mais où est donc le personnel qui va gérer ces infrastructures ? L'élément humain n'est pas disponible et se fait de plus en plus rare. Ils ouvrent des établissements de santé, mais il n'y a personne pour y travailler. Et même quand les médecins acceptent de travailler dans ces établissements, ils effectuent des gardes non-stop et ne sont même pas indemnisés », s'est-il indigné dans une déclaration à Hespress. En effet, cette année, quelque 1.000 médecins du secteur public ont déposé leur démission auprès du ministère de la Santé, refusant ainsi de continuer à travailler dans des conditions « désastreuses ». « N'importe quel projet de réforme qui se fait sans la prise en compte de l'élément humain qui est le personnel (médecins, infirmiers...), sans qu'il y ait la moindre motivation, est creux. Et pour motiver le personnel, il faut commencer par répondre favorablement à leur dossier revendicatif », a-t-il plaidé. Le SIMSP maintient également le boycott des prestations administratives, notamment les rapports périodiques, les statistiques (excepté les maladies à déclaration obligatoire), toutes les attestations (exceptées celles de naissance ou de décès), ainsi que les réunions et les formations. Ils boycottent aussi les campagnes chirurgicales qu'ils qualifient « d'aléatoires et hasardeuses » et qui « ne respectent pas les normes médicales et les conditions de sécurité pour le patient ».