Le bras de fer entre les médecins du public et le gouvernement n'est pas près de s'achever. Alors qu'ils mènent un combat « non-stop » depuis 2017 pour faire valoir leurs droits, le syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP) dénonce « l'indifférence » du ministère de tutelle, qui « met la responsabilité de ce chaos sur le dos du gouvernement » et prévoit une série de grèves pour cette deuxième moitié du mois d'août, espérant que les responsables se penchent « sérieusement et rapidement » sur leur dossier revendicatif et apporte des solutions « concrètes ». « Où est le gouvernement marocain face aux revendications du médecin et l'effondrement du système de santé ? », s'est demandé le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP) dans son dernier communiqué où il annonce une grève nationale de 48 h, le jeudi 15 août, vendredi 16 août, lundi 19 août, et les 22 et 23 août prochains, exceptés les services d'urgence et de réanimation. Un signe de colère qu'expriment les médecins du secteur public « en deuil » depuis des années déjà, mais dont le mouvement de protestation s'est intensifié durant cette année 2019 (sit-in, grève, marche nationale, port de blouse noire au sein des services, port du brassard noir 509…), mais que le ministère de la Santé continué « d'ignorer » alors que le système de santé au Royaume est « en mort clinique » malgré les nombreuses réformes. « Le ministère de la Santé a levé la main sur notre dossier, malgré le fait qu'il avoue sa légitimité. Il déclare clairement que ce n'est pas à lui de gérer plusieurs points de notre dossier revendicatif, mais c'est plutôt au gouvernement et au ministère de l'Economie et des Finances de le faire. Or, aucune de ses trois parties ne fait bouger les choses. Et le médecin du public au côté du citoyen marocain se trouve face à la réalité douloureuse qui est un système de santé effondré » a expliqué à Hespress Fr Dr Alaoui Mountadar, secrétaire général national du SIMSP. Ce qui est intrigant, toutefois, est le fait que le ministère de la santé procédé à l'aménagement d'un centre hospitalier par-là, l'ouverture d'un établissement de santé par-ci, montrant ainsi des espaces de soins bien aménagés et répondant aux « normes ». Où est donc la pomme de discorde entre le syndicat et leur ministère de tutelle ? Selon notre interlocuteur le problème se trouve dans la gestion des ressources humaines. « C'est bien d'ouvrir des établissements de santé, de les aménager. Mais où est donc le personnel qui va gérer ses infrastructures ? L'élément humain n'est pas disponible et se fait de plus en plus rare. Ils ouvrent des établissements de santé, mais il n'y a pas personne pour y travailler. Et même quand les médecins acceptent de travailler dans ses établissements, ils effectuent des gardes non-stop et ne sont même pas indemnisés. Mis à part le fait qu'il y a des médecins affectés dans des régions enclavées, ce qui leur devoir bien évidemment, mais ne dispose pas des moindres conditions de travail ni d'équipements pour venir en aide à ses populations ». En effet, cette année, quelque 1.000 médecins du secteur public ont déposé leur démission auprès du ministère de la Santé, refusant ainsi de continuer à travailler dans des conditions « désastreuses » et face à des citoyens en colère du manque d'équipements médicaux, d'accueil digne de ce nom, rendez-vous sur des mois, manque de personnel... et qui s'en prennent aux médecins et infirmiers, puisqu'ils sont les seuls interlocuteurs en face. Quelque 306 médecins « en colère » s'ajouteront aux 1.000 médecins démissionnaires. Toutefois, les demandes de démissions sont en état de « blocus » au niveau du département d'Anass Doukkali, qui refuse de laisser partir ses médecins suite au manque énorme de ressources dans les hôpitaux publics. « N'importe quel projet de réforme qui se fait sans la prise en compte de l'élément humain, qui est le personnel (médecins, infirmiers...), sans qu'il y ait la moindre motivation, est creux. Et pour motiver le personnel, il faut commencer par répondre favorablement à leur dossier revendicatif » souligne-t-il. Le Dr Alaoui Mountadar nous a indiqué, qu'aujourd'hui, les médecins du public demandent, au moins, à ce que les points urgents de leur dossier soit traité dans un premier temps comme signe de bonne foi du ministère de tutelle et du gouvernement à savoir : la mise à disposition du personnel des conditions médicales et scientifiques au sein des établissements de santé, l'amélioration des conditions d'accueil des citoyens afin de préserver leur dignité et garantir leur droit à la santé comme stipulé dans la Constitution, l'application de l'indice 509 avec toutes ses indemnités et la révision de leur diplôme de médecin qui est encore considéré comme « Master » et non un « Doctorat ». Face à cette situation, les médecins du secteur public continuent de boycotter la campagne médicale scolaire, les campagnes médicales « politisées », comme la surnomme Dr Mounatadar en faisant allusion aux politiciens qui se servent des médecins pour monter leur campagne électorale et leur tournent le dos par la suite. Le syndicat indépendant des médecins du secteur public maintient également le boycott des prestations administratives, notamment les rapports périodiques, les statistiques (excepté les maladies à déclaration obligatoire), toutes les attestations (excepté celles de naissance ou de décès), ainsi que les réunions et les formations. Ils boycottent aussi les campagnes chirurgicales qu'ils qualifient « d'aléatoires et hasardeuses » et qui « ne respectent pas les normes médicales et les conditions de sécurité pour le patient ». Ils annoncent dans ce sens la tenue d'une grève nationale de 48, les 15 et 16 août, le lundi 19 août, les 22 et 23 août à l'exception des services d'urgences et de réanimation. Une marche nationale des blouses blanche sera pareillement organisée. Toutefois, la date n'a toujours pas été annoncée par le syndicat.