Le Conseil national extraordinaire du PJD s'est réuni samedi matin à Rabat. L'ordre du jour était exclusivement consacré à la formation du gouvernement et aux concertations qui se sont tenues tout au long de la semaine dernière. Le secrétaire général a prononcé à cette occasion une allocution de politique générale, avant que le Conseil ne poursuive ses travaux à huis clos. Mais des informations ont filtré. Ainsi, il est institué une Commission de proposition de noms pour l'entrée au gouvernement. Cette commission, constituée en 2011 d'une vingtaine de membres, a vu son effectif multiplié par deux, envers et contre la volonté d'Abdelilah Benkirane, qui voulait que les membres de cet organe ad hoc soient également membre du secrétariat général. Le refus du Conseil national a sonné comme un désaveu pour le chef du parti. Une fois cette commission constituée et les portefeuilles affectés au PJD connus, la commission proposera trois noms pour chaque ministère, et il reviendra au secrétariat général, et donc à Benkirane, le choix d'en retenir un. Cependant, le chef du parti aura la possibilité de choisir 25% des futurs ministres proposés par le PJD en dehors de la liste qui lui sera soumise, c'est-à-dire trois si le quota du PJD au futur exécutif est de 12. Abdelilah Benkirane a demandé 30% mais le Conseil a refusé encore une fois. Pourquoi cette disposition ? Parce que, selon un membre du secrétariat général, le PJD et son chef souhaitent s'ouvrir sur la société civile et proposer au roi Mohammed VI des noms de candidats qui ne sont pas membres du parti du chef du gouvernement. Cela étant, le dernier mot reviendra au chef de l'Etat qui, selon l'article article 47 de la constitution, « nomme le chef du gouvernement au sein du parti politique arrivé en tête des élections des membres de la Chambre des représentants, et au vu de leurs résultats. Sur proposition du Chef du Gouvernement, il nomme les membres du gouvernement ». On retiendra l'approche concertée et démocratique de la procédure de désignation de ses ministres par le PJD. Le clientélisme et le népotisme n'y ont pas droit, car ce ne sont pas les dirigeants du parti qui décident, se contentant de se prononcer sur la liste qui leur est soumise par la commission de proposition. A l'exception des 25% susmentionnés. Rien cependant n'a été dit sur les profils qui seront proposés par les partis alliés. Si l'un d'eux ne convient pas à Abdelilah Benkirane, quelle sera la procédure suivie pour l'indiquer au parti concerné ? Et comment réagira le secrétaire général du PJD s'il accepte un profil venant du PPS ou de l'Istiqlal (les seuls à avoir clairement précisé leur position) et que cet homme ou cette femme n'ont pas l'aval du PJD ? Ce dernier conduira le gouvernement et il est normal qu'il ait son mot à dire sur les futurs ministres.