Au départ, la SAMIR (société anonyme marocaine italienne de raffinage) était une création de l'ENI italienne… à l'arrivée, la même SAMIR est au bord de la faillite due à une mauvaise gestion de son actionnaire Coral. Depuis sa création en 1959, c'est la première fois que cette raffinerie, qui devait procurer une certaine indépendance au Maroc, est en cessation d'activité. La raison, officielle du moins, de cette situation est la baisse drastique des bénéfices due à l'effondrement des cours mondiaux du pétrole. Mais un endettement énorme explique aussi l'arrêt de l'activité de la raffinerie, la SAMIR étant dans l'impossibilité de régler ses créances, au moment où l'un de ses fournisseurs lui réclame un montant important. Des bruits ont alors circulé sur une possible « réquisition » de la raffinerie par la puissance publique aux fins d'assurer l'approvisionnement des marchés. Mais au-delà d'une situation normale aux abords de l'installation de Mohammedia, une source haut placée au ministère des Affaires générales nous a assuré que si l'idée avait germé un temps au sein du gouvernement, il n'en est rien aujourd'hui, car des tractations ont lieu entre l'Etat marocain et le milliardaire saoudien d'origine éthiopienne Mohamed Hussein al Amoudi pour la remise à flot de la SAMIR. Dans l'intervalle, les acticités de raffinage se poursuivront dans la limite des stocks disponibles, avertit l'entreprise dans un communiqué. Mais qu'en sera-t-il après ? C'est la question que tout le monde se pose, sachant que les banques marocaines ont atteint un seuil d'engagement qu'elles peuvent difficilement dépasser sans apport d'argent frais de la part des actionnaires. Ces derniers, selon de sources gouvernementales, souhaitent exercer une pression sur l'Etat marocain afin qu'il annule, ou réduise fortement du moins, la créance TVA sur l'entreprise, estimée à environ 6 milliards de DH. La dette totale de la SAMIR est, elle, de 20 milliards de DH. Selon un communiqué publié en fin de semaine dernière, la raffinerie attend deux livraisons de 2 millions de barils, entre le 15 et le 8 août. En 2014, la Samir a enregistré une perte nette de 3,42 milliards de DH contre un bénéfice net de 320 millions de DH en 2013 (pour un CA de 44,04 milliards de dirhams, en recul de plus de 10 % par rapport à 2013), un résultat dû à la dévalorisation de ses actifs détenus en stock en raison de la chute des prix du pétrole, ainsi qu'à la baisse de la demande en fuel industriel destiné à la production d'électricité. Une reprise de la raffinerie par d'éventuels acheteurs est sérieusement remise en cause en raison de l'état d'endettement. Il reste une intervention musclée de l'Etat marocain, mais à quelles conditions et dans quelles perspectives ? Les jours à venir apporteront la réponse…