Abdelkader Amara, ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement./DR Alors que l'affaire de la Samir vient de prendre une nouvelle tournure avec la protection judiciaire que vient de demander l'actionnaire majoritaire, Cheikh Mohamed Al Amoudi, au niveau du Parlement, on s'inquiète de l'approvisionnement du marché. Abdelkader Amara a tenu toutefois a rassuré tout le monde. Le ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, Abdelkader Amara, a affirmé, mardi devant la Chambre des conseillers, que son département a pris toutes les mesures nécessaires pour assurer l'approvisionnement du marché national en produits pétroliers raffinés. Les parlementaires s'inquiètent en effet de la crise de la Samir, l'unique raffinerie du pays qui croule sous les dettes. Revenant sur l'approvisionnement du marché, Amara a précisé que celui-ci se fait à travers l'actualisation du programme alternatif d'importation des produits pétroliers à même de garantir un important stock de réserve pour couvrir les besoins du marché pour un minimum de 30 jours. Capacités de stockage des ports Plusieurs autres initiatives ont été prises au cours des dernières années dans l'objectif de renforcer les capacités de stockage au niveau des ports, ce qui a permis au royaume de couvrir ses besoins malgré l'arrêt de production de la raffinerie la Samir, selon le ministre. Amara fait ainsi référence aux capacités d'importation et de stockage des sociétés qui s'élèvent à 931.000 m3 pour le gasoil (52 jours de consommation), 152.000 m3 pour l'essence super (75 jours de consommation), 60.000 m3 pour le kérosène (27 jours de consommation) et 79.000 tonnes pour le fioul (19 jours de consommation). Amara a aussi fait savoir que des réunions sont tenues régulièrement entre son ministère et les sociétés d'importation et de distribution pour suivre et veiller de près au respect du programme d'approvisionnement du marché. Autre mesure phase prise par le ministère de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, l'élaboration en un temps record d'un projet de loi modifiant et complétant le Dahir portant loi n°1-72-255 du 18 Moharram 1393 (22 février 1973) sur l'importation, l'exportation, le raffinage, la reprise en raffinerie et en centre emplisseur, le stockage et la distribution des hydrocarbures. Ce projet de loi, approuvé par le Conseil de gouvernement réuni le 29 octobre dernier, vise notamment à garantir le stock en hydrocarbures raffinés et en gaz naturel dans les stations-services ainsi que l'approvisionnement du marché national en matières pétrolières et en gaz naturel. Abus de financements Revenant sur les difficultés qu'a connues la Samir, Amara a fait savoir que depuis 2008, la raffinerie enregistre une baisse continue de son chiffre d'affaires. Ce dernier s'est établi à 44 milliards DH à fin 2014 contre 49 milliards DH en 2013 et 55 milliards DH en 2012. Le ministre a aussi souligné le recul du capital physique qui est passé de 5,8 milliards DH à 2,3 milliards DH en 2014, en plus de la hausse de ses dettes qui ont atteint 20,5 milliards DH à fin 2014 en raison de l'abus des financements à court terme pour réaliser un programme d'investissement sans pour autant injecter de nouveaux capitaux. Quant aux dettes que doit la Samir à l'Etat, relatifs aux taxes douanières, Amara soutient qu'elles ont atteint près de 11 milliards DH au 5 août 2015, sur un total d'endettement de 42,5 milliards DH. Recours à la protection judiciaire Sur la pression que tente de mettre Al Amoudi sur le gouvernement en recourant à la protection judiciaire, après s'être engagé à verser sa quote-part en numéraire (6,7 MMDH) suite à la décision d'augmenter le capital de l'entreprise, Amara a souligné que le gouvernement ne cèdera à aucune pression. Les autorités marocaines ont signifié au président du holding Corral Petrolium, actionnaire majoritaire de la Samir, qu'elles ne cèderont à aucune pression ou chantage concernant la sécurité énergétique du pays, a assuré le ministre. Il a été demandé aussi au responsable, Al Amoudi d'assumer toute la responsabilité de la crise de la Samir. Amara de faire remarquer que «la solution au problème de la Samir passait impérativement par le règlement de ses dettes, faisant endosser la responsabilité de la crise actuelle «au principal actionnaire qui a géré la raffinerie depuis sa privatisation». Cependant avec le recours auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements, Al Amoudi rentre dans une logique de chantage de ses créanciers. Le message qu'il envoie est le suivant : Soit vous acceptez un rééchelonnement des dettes, soit la Samir s'effondre avec leurs créances.