Chaque année depuis 2006, Rabat accueille un festival de musique unique en son genre, dans le monde. Pendant une semaine, et sur plusieurs scènes à Rabat et à Salé, des dizaines de milliers de personnes, jeunes et moins jeunes retrouvent, le temps de concerts musicaux, des artistes étrangers venus du monde entier, ainsi que des artistes marocains qui se produisent, souvent pour la premier fois, devant un public nombreux. Pour notre génération, qui n'a connu les concerts de musique internationale qu'à l'étranger, pouvoir y assister au Maroc, fut sans nul doute un réel bonheur… Voir défiler Sting, Shakira, Withney Houston, Jennifer Lopez, Barbara Hendricks, Yuri Buenaventura, Sean Paul, Pharrel Williams, Assala, Warda, Kadem Saher, Julio Iglesias…et tant d'autres artistes connus ou inconnus aura été pour nous et pour toute une jeunesse au diapason des tendances musicales mondiales, une telle bouffée d'air neuf, que ce festival en devient aujourd'hui une véritable drogue. Non seulement il ne faut pas arrêter ce festival, mais bien plus, il faut le multiplier et en créer plein d'autres, un peu partout… En France, le 21 juin de chaque année, est célébrée la fête de la musique. Une pure invention de Jack Lang et de Miterrrand. Elle apporte énormément à la musique et à la jeunesse françaises. Au Maroc, le festival Mawazine remplit le même rôle, et même plus, car pendant une semaine, la capitale se métamorphose, et toutes les activités de restauration, de services, de transport, d'hébergement en tirent un réel profit… Côté polémique, je dirai qu'on se fiche pas mal de savoir qui paie quoi, et qu'est-ce qu'on aurait pu faire de cet argent ailleurs, ce n'est pas là la question. Je pourrais la retourner et demander : que fait-on le reste de l'année et que fait-on tout court pour la culture, les arts, les artistes…? Un petit ange passe… →Lire aussi: Festival Gnaoua 2018: Clôture en apothéose à la place Moulay El Hassan La culture ne se mégote pas et ne se négocie pas. Quand un événement culturel, quel qu'il soit est organisé, il faut le soutenir. Actuellement, le festival des musiques sacrées à Fès et celui de Gnawa, à Essaouira, battent leur plein. Cette diversité de l'offre culturelle est le meilleur témoignage de notre ouverture sur les autres cultures et sur le monde. J'ai vécu à une époque où la jeunesse n'avait droit à presque rien sur le plan culturel, mais avait le devoir de fermer « sa gueule » et de se mêler de ses études… Aujourd'hui, la jeunesse a droit à cette ode à la liberté qu'est la musique et il serait malhonnête et malheureux de l'en priver. Bien sûr, ce festival de musique, les poilus et les frustrés en tous genres ne l'aiment pas et cherchent à instiller le venin du boycott à chaque édition, depuis 2011. Mais on s'en fout de ce que peuvent penser les poilus, car jusqu'à présent, ils n'ont pas fait grand chose, ni pour la jeunesse, ni pour la culture, ni pour le pays, sauf à vouloir nous vendre un futur improbable faute d'avoir pu nous fourguer un présent supportable… Je pense sincèrement que tant que le Festival de Mawazine sera présent, ainsi que les autres festivals d'ailleurs, nous auront gagné, chaque année, le droit humain à un bonheur simple : voir la musique se faire devant nos yeux par des interprètes qui savent plus que personne, que parler et jacasser c'est facile, mais créer, écrire, composer et chanter c'est nettement plus difficile et ardu. Alors chantons et dansons et oublions le temps, le temps d'une semaine. Il nous restera toujours 51 semaines pour se morfondre et tuer cet ennui mortel qui ronge notre quotidien incertain… Que Vivent Mawazine, ainsi que toutes les Musiques d'ici et d'ailleurs, la nuit est belle et ne saurait être plus courte…