L'association marocaine de solidarité sahraouie en Europe a adressé, jeudi, une lettre à tous les députés européens pour les sensibiliser à la nécessité d'une action coordonnée afin d'assurer le suivi des recommandations du rapport de l'Office européen de lutte antifraude (OLAF) sur les détournements par le polisario de l'aide humanitaire destinée aux séquestrés de Tindouf. Dans cette lettre, le président de l'association Ragragui Larch souligne que «la suite réservée au rapport de l'OLAF permet de douter de la volonté de la Commission européenne de prendre le chemin de la rigueur», notant que «l'UE et ses citoyens ont le droit de savoir qui ils aident et quel usage est fait de cette aide». L'association, qui appelle les eurodéputés à inscrire ce point à l'ordre du jour de leurs échanges avec l'OLAF, met également l'accent sur la nécessité de procéder à un recensement des bénéficiaires de cette aide. «Conditionner la poursuite de l'aide européenne aux camps de Tindouf au recensement des populations qui les composent apparaît comme un impératif à la fois moral et opérationnel», lit-on dans cette lettre dont la MAP a reçu une copie. L'association rappelle que le rapport de l'OLAF mettait en lumière «un système de fraude d'une grande sophistication, la chaîne mise en place incluant des ateliers de rem-paquetage créés pour transvaser l'aide alimentaire européenne dans des sacs neutres par la suite revendus sur des marchés d'Afrique du Nord, tandis que les sacs estampillés du drapeau européen étaient remplis de denrées de moindre qualité ». La lecture du rapport et les débats qui s'en sont suivi notamment au Parlement européen, rappelle l'association, laissent penser que plusieurs dizaines de millions d'euros ont ainsi été détournés depuis le début de l'assistance européenne aux camps. Elle estime que «la non publication par l'OLAF des noms des responsables de ces fraudes et surtout l'absence de recensement de la population des camps, réclamé de longue date par les Nations Unies et par le rapport du Parlement européen, et qui est la cause première des détournements selon l'OLAF, permettent de s'interroger sur la poursuite de ces escroqueries». De même, poursuit l'association, «peut-on s'étonner que l'UE continue de payer à l'Algérie des droits de douane sur cette aide contre toutes pratiques internationales?». Le détournement de l'aide humanitaire par le polisario a été dénoncé à maintes reprises par des organismes internationaux. En 2005, le Programme alimentaire mondial (PAM) avait procédé à une mission d'inspection en Algérie qui avait révélé diverses irrégularités dans l'acheminement de l'aide humanitaire destinée à la population de Tindouf et a décidé de réduire sensiblement son aide qui était auparavant basée sur des estimations erronées du nombre des personnes dans les camps. Suite aux mêmes révélations, le HCR avait lui aussi réduit ses aides et exigé des autorités algériennes un recensement immédiat des populations de Tindouf.