À la veille de la visite d'Etat très attendue du président français Emmanuel Macron au Maroc, Emmanuel Dupuy, président de l'Institut de prospective et de sécurité en Europe (IPSE), a partagé ses réflexions sur l'impact potentiel de cet événement. Dans un contexte de réconciliation et de renforcement des liens historiques entre les deux nations, cette visite pourrait marquer un tournant décisif dans les relations bilatérales. « Je suis heureux, comme beaucoup, qu'elle ait lieu, parce qu'elle était attendue » » a déclaré Emmanuel Dupuy. En effet, cette visite intervient après la lettre du président Macron adressée au roi du Maroc à l'occasion du 25e anniversaire de son accession au trône, symbolisant un geste fort pour revitaliser les liens entre les deux pays. Parmi les sujets clés de cette rencontre figure la reconnaissance par la France de l'autonomie comme solution idéale pour le développement des provinces du Sud. « Encore faudrait-il que les autorités françaises accompagnent ce développement, que la présence diplomatique française soit aussi une réalité », souligne Dupuy, insistant sur l'importance d'une implication concrète de la France dans cette région stratégique. La possibilité d'ouverture d'un consulat français à Dakhla, suivant l'exemple américain, pourrait être, selon Dupuy, un « game changer ». Il serait aussi prévu un Institut culturelle français à Laâyoune, ce qui constitue le quinzième sur le territoire marocain. Une telle initiative aurait une portée non seulement symbolique mais aussi opérative, démontrant l'engagement de la France dans le développement territorial du Maroc, de Tanger à Dakhla, le long des 3500 kilomètres de sa côte atlantique. Le président Macron, lors de son discours devant la Chambre des conseillers et la Chambre des représentants, aura l'opportunité de souligner l'importance de ce partenariat stratégique. « Le Maroc est un pays pivot, un pays proactif », affirme Emmanuel Dupuy, ajoutant que cette visite peut potentiellement déclencher un effet domino, encourageant d'autres pays européens à renforcer leurs liens avec le Maroc. Car, il y a 28 consulats de pays africains et autre sauf européens, rappelle Dupuy. Au-delà de ces discussions diplomatiques, la visite de Macron inclut également une rencontre avec la communauté française au Maroc, forte de 50 000 personnes. Les échanges dans les domaines de l'agriculture et des industries agroalimentaires figurent parmi les priorités à l'agenda, illustrant la volonté des deux pays de collaborer sur des projets économiques d'envergure. Cependant, certains points de divergence subsistent, notamment sur la question israélo-palestinienne. Dupuy note que les positions des deux pays sur ce sujet ne sont pas encore totalement convergentes. « Peut-être faudra-t-il aussi regarder avec beaucoup d'attention un autre sujet » » ajoute-t-il, en évoquant le rôle important du Maroc sur la scène diplomatique internationale. La possibilité que le Maroc obtienne une place au Conseil de sécurité des Nations Unies est également mentionnée comme une aspiration crédible et légitime, renforçant son statut de leader régional.