La ville de Casablanca a été le théâtre d'une vaste opération de police qui a conduit à l'arrestation d'un gang spécialisé dans l'agression et le vol de victimes en utilisant l'application de transport InDrive. Cette affaire, qui a secoué le quartier de Hay Hassani, rappelle les dangers auxquels les utilisateurs d'applications de transport sont confrontés. Ce gang avait pour modus operandi l'utilisation de cette application populaire pour attirer leurs proies dans des zones isolées, où ils étaient dépouillés de leurs biens sous la menace d'armes blanches. L'opération, menée avec diligence par la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN), a abouti à l'arrestation de deux individus, principaux acteurs de cette série d'agressions nocturnes. Ces derniers utilisaient l'application InDrive pour sélectionner leurs victimes, hommes comme femmes, et les conduire vers des endroits reculés, en périphérie de Casablanca. Une fois sur place, les victimes étaient confrontées à une violence brutale. Menacées avec des couteaux, elles étaient contraintes de remettre argent liquide, téléphones portables et autres objets de valeur. Certaines d'entre elles ont également subi des agressions physiques. Selon des sources policières, cinq femmes ont déjà porté plainte après avoir été attirées depuis divers quartiers de la métropole vers une zone désertique, située à la lisière de la ville. Les témoignages recueillis font état d'une grande brutalité, les victimes décrivant des scènes de terreur et de détresse. Ces agressions, méthodiquement préparées, ont provoqué une onde de choc parmi la population, incitant les autorités à réagir rapidement. Lire aussi: Immigration : L'UE examine la possibilité de créer des centres de retours pour migrants en pays tiers La multiplication des plaintes a poussé les forces de l'ordre à lancer une enquête approfondie. Grâce à des techniques d'infiltration et de surveillance, une opération a été mise en place pour prendre les malfaiteurs sur le fait. Cette stratégie a porté ses fruits, puisque les deux suspects ont été interpellés en flagrant délit. Le démantèlement de ce réseau criminel a suscité un grand soulagement au sein de la population casablancaise, en particulier parmi les utilisateurs réguliers des services de transport par application, de plus en plus préoccupés par leur sécurité. Les premiers éléments de l'enquête ont révélé des détails troublants sur les motivations des criminels. Si l'un des suspects est issu d'une famille relativement aisée, il a cependant sombré dans la délinquance sous l'effet d'une addiction sévère à une drogue méconnue au Maroc mais dévastatrice : la PUFA. La PUFA : une drogue qui sème le chaos Apparue en Grèce sous le nom de SISA, la PUFA est une drogue de synthèse extrêmement dangereuse, fabriquée à partir de résidus de cocaïne et d'autres produits chimiques toxiques. Elle est réputée pour ses effets rapides et destructeurs, entraînant des comportements violents et incontrôlables chez ses consommateurs. Accessible à faible coût, elle touche principalement les jeunes et les adolescents, devenant une véritable menace pour la société. Cette drogue, qui se fume généralement à l'aide de pipes artisanales similaires à celles utilisées pour le crack, provoque une dépendance quasi immédiate et peut rapidement entraîner des effets dévastateurs sur la santé. Les consommateurs risquent notamment des crises cardiaques, des hémorragies cérébrales ou encore des troubles respiratoires graves. La PUFA, à l'instar d'autres drogues de synthèse, exacerbe la criminalité en raison de son influence sur le comportement des usagers. La dépendance pousse ces derniers à commettre des actes de violence et à s'engager dans des activités criminelles pour financer leur addiction. Une législation insuffisante pour enrayer le fléau des drogues de synthèse La prolifération de la PUFA dans certaines régions du Maroc, notamment dans les grandes villes comme Casablanca, interpelle sur l'urgence d'une réponse législative et judiciaire plus ferme. Actuellement, les petits et moyens trafiquants risquent des peines d'emprisonnement allant de six mois à un an, tandis que les gros bonnets peuvent écoper de peines allant jusqu'à 30 ans. Cependant, dans la réalité, ces derniers sont rarement condamnés à des peines maximales. La clémence dont bénéficient certains trafiquants, combinée à la forte demande, facilite la prolifération de cette drogue dans les quartiers populaires et au-delà. Face à l'ampleur du phénomène, les spécialistes de la santé publique et les acteurs de la société civile appellent à une mobilisation collective pour lutter contre l'usage et la diffusion de la PUFA. La démantèlement de ce gang opérant via l'application InDrive n'est que la partie émergée de l'iceberg. Il illustre une réalité plus vaste et inquiétante : la montée de la criminalité liée à la drogue et à la violence, à quelques années de l'organisation de la coupe du monde 2030 et l'imminence de la tenue de la coupe d'Afrique organisée au Maroc, l'année prochaine.