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« La labellisation du caftan le protégera contre la spoliation »
Publié dans L'observateur du Maroc le 15 - 10 - 2024


Entretien
Hind Joudar, Présidente de « Route de la soie et d'Al Andalus », association pour la valorisation du patrimoine culturel vestimentaire
L'Observateur du Maroc et d'Afrique : Le ministère de l'artisanat prépare un projet de labellisation du Caftan marocain pour le protéger de l'usurpation. Qu'en pensez-vous de cette initiative en tant que grande défenseuse du caftan ?
Hind Joudar : Labelliser tout produit permet de le protéger, de limiter l'appropriation et de barrer le chemin à la spoliation. Ceci dit, à mon avis il faut aller au-delà de la « simple » labellisation. Le caftan a des techniques spécifiques et les artisans marocains disposent d'un savoir-faire unique. C'est justement ce savoir là qu'il faut valoriser en créant une traçabilité pour chaque caftan, lui donner une pièce d'identité de telle sorte que chaque caftan soit accompagné d'un titre. C'est une manière de lui donner une valeur qui va au-delà d'un simple produit ou d'une simple robe. Ainsi celui qui achète un caftan n'achètera pas une robe mais une création.
Certes, il faut vendre des caftans car économiquement parlant, c'est un « produit » qui apporte une valeur, une plus-value. Ça permet aussi de générer une activité qui participe au développement durable, au développement économique des régions, des artisans, des communautés qui travaillent dans le secteur en général. Mais il faut aussi garder en tête l'importance de protéger et de valoriser cet héritage.
En termes pratiques, comment, à votre avis, le Maroc peut-il protéger son caftan alors qu'on vit en pleine mondialisation ?
C'est une idée que j'avais eue il y a quelques temps. A travers mes différents voyages dans le monde, j'ai pu découvrir comment certains pays protègent jalousement leur savoir-faire artisanal. Ils font un passeport pour leurs artisans et aucun produit ne part sans ce passeport là. C'est une sorte de certificat qui suit et accompagne tout produit artisanal qui est traité comme une œuvre d'art qui aura une valeur dans la durée. Ainsi si un caftan est fait au Maroc et qu'il porte une broderie qui a été faite à Fès, on va indiquer dans le certificat « fait à Fès » par telle personne ou tel atelier. C'est juste une question d'organisation.
Ce certificat ne donne pas seulement de la valeur au produit, mais aussi au travail accompli, à l'artisan, à la région et au pays en général. En plus de la labellisation et du cahier de charges qui va être établi par le ministère et par les artisans, il y a différentes manières d'aborder la protection du caftan sans basculer pour autant dans un processus très rigoureux qui puisse bloquer l'économie. Ça peut se faire juste avec un petit cachet qui assure la traçabilité du caftan exporté.
Il faut dire que la mondialisation a un effet positif pour le Maroc que l'on voit partout dans le monde à travers son artisanat mais à travers sa musique, sa gastronomie, ses produits de terroir, ses caftans, ses tapis... J'ai eu la chance de voyager un peu partout et je suis à chaque fois agréablement surprise par la présence marocaine qui se fait remarquer : Une fois, c'est un luminaire ou une poterie, une autre c'est un bijou ou un objet décoratif.
Je pense que le Maroc a déjà énormément gagné à ce niveau là : Il a gagné une belle notoriété grâce au travail extraordinaire des artisans mais aussi grâce aux Marocains qui sont devenus des ambassadeurs de leur pays dans le monde entier. Ces derniers n'oublient jamais d'où ils viennent et ils portent leur patrimoine dans leurs cœurs et dans leurs bagages. La diaspora marocaine véhicule aussi les valeurs du Maroc, les valeurs patrimoniales, matérielles et immatérielles. Toutes les familles marocaines ont au moins une théière, des verres, un salon marocain, les femmes portent des caftans lors des fêtes... Le Maroc est ainsi partout et c'est très important.
Comment le caftan peut-il devenir un élément clé du soft-power marocain ?
Je pense qu'il est déjà. Le Caftan a toujours été un « présent d'honneur ». Déjà dans les cours des sultans marocains, on l'offrait comme présent d'honneur aux ambassadeurs et aux invités de marque quand ils venaient en visite au Maroc. Depuis quelques années, on le voit un peu partout dans le monde grâce aux événements. Pour ma part, j'avais commencé il y a 20 ans à promouvoir le caftan en tant qu'élément de mode digne de la haute couture. Ceci même à Paris le temple de la mode, car le caftan respecte parfaitement tous les critères de la haute couture et il a par ailleurs pu se faire une place importante dans le monde de la mode. Voir le caftan marocain briller à Paris, était pour moi une grande fierté. J'avais en fait raison puisque tout de suite après notre caftan national a eu beaucoup de succès et à chaque fois, on avait des demandes.
Après, nous sommes passés à d'autres villes et à d'autres pays. En Europe, Au Moyen-Orient, en Asie... à chaque fois, c'était la même fascination devant la beauté et les mystères du caftan. Pour conclure, le caftan peut être un véritable élément de soft power, une valeur économique très importante et surtout un moyen de préserver tout un patrimoine et un savoir faire séculaire. Le caftan a traversé plusieurs siècles et on espère qu'il subsistera pour longtemps. Si tout le travail manuel, les techniques et le savoir-faire derrière le caftan nous ont parvenu aujourd'hui c'est parce qu'il y avait des gens qui l'ont préservé. Nous espérons que nous aussi, à travers notre travail et notre engagement, on arrivera à le transmettre aux générations futures. Pour ceci, les Marocaines doivent le porter, le garder vivant ce qui est d'ailleurs le cas car c'est une œuvre d'art, une œuvre esthétique et artisanale qui ne se démode jamais, qui ne cesse de se réinventer tout en conservant son esprit et c'est justement là toute sa magie. Et qui dit soft power dit échange et interaction avec les autres dans le respect mutuel avec un attachement profond à son identité culturelle et civilisationnelle.
A votre avis, quelle est la plus grande menace actuelle pour le caftan et pour le patrimoine marocain d'une manière générale ?
Personnellement, je crois que la plus grande menace serait que les Marocains se désintéressent de leur patrimoine ou l'oublient. Tant qu'ils y tiennent, le valorisent, qu'ils l'utilisent, qu'ils s'habillent en caftan et qu'ils décorent leurs maisons avec l'artisanat marocain, puisent leur cuisine dans la gastronomie marocaine, ils maintiendront leur patrimoine vivante et ils le protégeront contre tout assaut ou appropriation. C'est la responsabilité de tous les Marocains à l'intérieur du Royaume et ailleurs. Je pense qu'il y a une forte prise de conscience actuellement et c'est une excellente chose pour une meilleure conservation et protection de notre héritage.
Ceci dit je crois qu'on aura beaucoup plus à gagner à ignorer les « disputes virtuelles » et « la guerre des commentaires » sur les réseaux sociaux. A mon avis, l'échange d'insultes avec les voisins ou toute personne tentant de s'approprier notre patrimoine ne donne pas une image valorisante du Maroc. Il faut valoriser le patrimoine, insister sur sa marocanité certes mais dans le respect car on est au-dessus de ce type d'échange. En tant que Marocains, des ayant-droit, nous n'avons pas besoin de s'écrier et de démontrer une vérité : la valeur du patrimoine marocain est connue au niveau international. C'est un superbe élément de soft power et il sera encore plus puissant et valeureux si les Marocains le mettent en valeur d'une manière positive.


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