Lors de la session parlementaire de ce lundi, un groupe de députés a vivement interpellé Nizar Baraka, ministre de l'Équipement et de l'Eau, au sujet des inondations dévastatrices qui ont frappé le sud-est du Maroc, causant de lourds dégâts. Les parlementaires ont exprimé leur indignation face aux mesures jugées insuffisantes pour protéger les zones vulnérables et désenclaver les régions touchées, avec un accent particulier sur la province de Tata. Les critiques des députés ont fusé, mettant en lumière le manque de réactivité du ministère, l'insuffisance des infrastructures, ainsi que les ambiguïtés concernant le budget alloué à la réhabilitation des zones sinistrées. Ils ont aussi dénoncé les retards dans la construction des barrages, jugés essentiels pour prévenir de futures catastrophes. Ces accusations ont été portées par plusieurs élus, dont El Mehdi El Aloui, député du groupe socialiste de l'opposition, qui n'a pas mâché ses mots : « Cela fait plus d'un mois que nous attendons qu'une délégation ministérielle, habillée en jeans et baskets, se rende dans ces zones reculées et marginalisées. Mais, vous ne les visitez que lors des campagnes électorales, jamais pendant les crues qui ont mis à nu la faiblesse des infrastructures. L'eau a envahi les maisons, provoquant morts et destructions, et pourtant, vous restez silencieux ». Dans un geste symbolique, Aloui a évoqué les paroles poignantes d'un vieil homme lors de l'effondrement d'un pont, qui scandait : « Le fer est fragile ... ». Une phrase devenue le cri du cœur de nombreuses communautés touchées par la vétusté des infrastructures locales. Dans ce sens, Aloui a appelé à des actions concrètes, en exigeant l'utilisation de « fer solide et non de fer fragile » dans les nouvelles constructions, afin de prévenir de futures tragédies. Visiblement irrité par ces critiques, Nizar Baraka a pris la parole pour défendre son ministère : « Contrairement à ce que vous affirmez, nous étions sur le terrain dès le début, et en force ». Il a ensuite détaillé les actions entreprises par son département, mentionnant l'ouverture de 141 tronçons routiers et ouvrages d'art dans les provinces de Tata, Guelmim, Assa-Zag, ainsi que la route reliant Assa-Zag à Mahbes. Ces efforts, a-t-il ajouté, s'étendent également aux provinces de Zagora, Tinghir, Ouarzazate, et Tata, où plusieurs infrastructures ont été réhabilitées. Baraka a poursuivi en affirmant que les travaux avaient démarré sans attendre l'aval du Parlement : « Nous avons déjà agi sur le terrain. Les hautes orientations royales nous ont permis de redoubler d'efforts, et c'est cela qui est essentiel pour nous ». Le ministre a également insisté sur la présence continue des cadres du ministère aux côtés des citoyens lors de ces crises, tout en soulignant l'importance du grand programme de développement en cours pour ces régions. Le ministre a par ailleurs évoqué la construction d'un nouveau pont à Tata, insistant sur la nécessité de renforcer les infrastructures pour leur garantir une meilleure durabilité face aux phénomènes climatiques extrêmes. Les précipitations qui ont touché ces zones, a-t-il rappelé, étaient exceptionnelles, atteignant entre 50 et 250 mm, soit parfois l'équivalent de précipitations annuelles concentrées en une seule journée. « À Zagora, les crues ont atteint des niveaux records, avec un débit de 3.238 m3/s. Ce sont des crues millénaires, qui surviennent tous les mille ans, bien au-delà des prévisions centennales qui ont guidé la construction des ponts désormais effondrés ». Face à ces nouveaux défis, Baraka a exhorté à une adaptation urgente aux impacts du changement climatique : « Nous devons maintenant nous préparer à des crues millénaires, qui pourraient se produire tous les 500 ans. Le changement climatique nous confronte à des sécheresses et des inondations extrêmes, et il faut que nous soyons prêts à y faire face ». Pour conclure, le ministre a annoncé la mise en place d'un inventaire réalisé avec les autorités locales et les autres ministères concernés, visant à reconstruire les infrastructures nécessaires. « Nous voulons garantir que les citoyens reçoivent toute l'attention requise, conformément aux instructions du roi », a-t-il affirmé, soulignant l'importance de la mobilisation des fonds, notamment les 2,5 milliards de dirhams du programme royal, pour assurer la réhabilitation des zones sinistrées. Malgré les conséquences dramatiques de ces inondations, Baraka a tenu à souligner un aspect positif : « Ces pluies bénies ont permis de remplir nos barrages de 780 millions de mètres cubes d'eau. Sans ces barrages, la situation aurait été bien plus catastrophique, avec un nombre de victimes bien plus élevé ». Enfin, il a appelé les députés à accorder une attention particulière à la sécurité hydrique dans un contexte de sécheresse prolongée. Le ministre a assuré que les nouveaux programmes de barrages collinaires tiendraient compte des erreurs passées pour éviter de répéter les mêmes défaillances.