"Le rack fait des ravages au quartier Ain Chock à Casablanca. Des jeunes qui s'autodétruisent à force d'inhalations hautement toxiques et ce sont les parents et les familles qui en souffrent le plus. De jeunes filles à peine 16 ou 17 ans font désormais le trottoir sur Boulevard Al Qods pour financer leur addiction... », c'est en ces termes que la page Casaphobie aux 800.000 followers alerte par rapport à la nouvelle addiction de jeunes casablancais. Les administrateurs dénoncent même des dealers ayant pignon sur rue aux quartiers Hay Inara, Ain Chock et à Bouskoura. L'enfer s'appelle crack « Ce n'est pas tout à fait nouveau. A Rabat, ça fait plus de dix ans que les jeunes se droguaient avec du crack. On la surnomme « Bekbouka ». Le problème avec le crack c'est que l'addiction est rapide et l'effet de la dose très éphémère. Au bout d'une vingtaine de minutes seulement, le drogué doit en reprendre. En utilisant des mots de passe spécifiques via SMS, le dealer peut faire le déplacement et vous livrer la marchandise à domicile. Un véritable service de proximité », témoigne en ironisant Ilyass.E. Pour Soufiane.B, l'addiction au crack reste la pire entre toutes. « Par expérience, je peux vous dire que c'est un véritable enfer pour la personne qui s'y adonne mais aussi pour son entourage ; car il faut les moyens, beaucoup de moyens pour satisfaire cette forte addiction », regrette-t-il. C'est quoi le crack ? Substance dévastatrice, le crack provoque une dépendance foudroyante dès les premières doses. C'est une drogue proche de la cocaïne. Elle résulte de la dilution et du chauffage du chlorhydrate de cocaïne. Au lieu d'être purifié, le fruit de cette opération chimique est ensuite mélangé lors de sa cuisson avec des résidus de bicarbonate de soude et d'ammoniaque. Hautement nocif et addictif, le crack représente un réel danger pour la santé de ses consommateurs. Ces derniers en deviennent dépendants dès les premières doses et ont tendance à s'isoler et à rompre socialement avec leur entourage. « La semaine dernière à Hay Tissir à Berrechid, un jeune de 17 ans accro au crack a jeté sa copine du troisième étage. La drogue l'a transformé, comme bien d'autres jeunes de la ville en monstre. Nombreux parmi eux, qui pour financer leur addiction coutant jusqu'à 200 dhs « le caillou », se livrent à des vols sous la menace de l'arme blanche et parfois passent à l'acte en commettant d'horribles violences », raconte de son côté FatimZahra. B, en tirant la sonnette d'alarme. Consommation et effets Bien qu'il est le parent proche de la cocaïne, le crack se présente le plus souvent sous forme de cailloux aux différentes couleurs : blanc, gris, noir mat ou rose pâle. Son odeur s'apparente à celle de l'eau de javel. L'origine du mot « crack » provient du craquement sonore qu'il produit en chauffant. Il est soit inhalé via des pipes en verre bien spécifique, soit fumé. Plus rarement, il peut être injecté. A défaut de pipe, certains consommateurs vont utiliser de petites bouteilles en plastique vides avec une paille, un tube ou un stylo permettant l'aspiration de la fumée. Jouant sur l'humeur du consommateur, le crack entraîne une euphorie passagère suivie aussitôt par une phase de dépression ; pendant laquelle il peut être très irritable voire violent. Fortes fièvres, violents maux de tête, insomnies, convulsions, tachycardie, arythmie avec risque d'AVC, d'infarctus, de détresse pulmonaire... sont autant d'effets secondaires liés à la consommation de cette drogue. Ceci sans oublier l'agitation, les hallucinations et les épisodes de dépression et de paranoïa. « Epidémie du crack » La consommation du crack, entant que « nouvelle drogue » issue de la cocaïne, se développe aux Etats unis dans les années 80. A partir de 1986, on commence à s'alarmer par rapport à une « épidémie du crack ». La drogue fraichement « inventée » a séduit rapidement des millions de consommateurs encouragés par son coût peu onéreux, plus particulièrement dans les zones défavorisées et les ghettos afro-américains. En 1986, pour tenter de limiter les dégâts, une loi américaine sur les peines minimales de prison punit beaucoup plus sévèrement la détention de crack que la possession d'autres stupéfiants. Plus tard, dans les années 90, le crack fait son arrivée en Europe. Dernièrement, différents pays dont le Portugal, la Suisse, le Danemark ont réussi à fermer les « scènes ouvertes du crack » (zones de rassemblement de consommateurs). La France mène actuellement le même combat pour juguler le phénomène à Paris mais également en province.