Donald Trump, visiblement jamais à court d'idées novatrices pour sa campagne, a cette fois décidé d'ajouter à ses talents politiques celui de curateur musical. Malheureusement pour lui, sa passion pour la soul music n'est pas partagée par les héritiers d'Isaac Hayes, co-auteur du célèbre tube « Hold On, I'm Coming ». Le tribunal a dû intervenir pour rappeler que même en politique, l'enthousiasme ne justifie pas tout, et certainement pas l'appropriation d'œuvres musicales sans autorisation préalable. C'est donc un Donald Trump visiblement peu affecté qui a vu la justice statuer en faveur des plaignants, interdisant l'utilisation de la chanson lors de ses meetings. Toutefois, dans un élan de clémence inattendu, le juge a permis que les vidéos et photos immortalisant l'ancien président, dansant sur la musique d'Isaac Hayes, restent en circulation. Ainsi, l'image de Trump, oscillant avec une grâce toute relative sur des accords soul, continuera à orner les écrans, comme un rappel involontaire de la subtile frontière entre hommage et piratage. L'avocat de l'ex-président, Ronald Coleman, n'a pas manqué de se réjouir de cette demi-victoire. On l'imagine déjà déclarant avec fierté : « Ils ont peut-être la chanson, mais nous avons la danse ! ». De son côté, Isaac Hayes III a sobrement salué la décision du tribunal, rappelant que, tout respecté qu'il soit, Donald Trump ne saurait s'arroger un quelconque droit sur l'héritage artistique de son père. Mais peut-on vraiment blâmer un homme qui, à défaut d'avoir obtenu une seconde présidence, cherche peut-être une nouvelle carrière sur la piste de danse ? LIRE AUSSI : M. Akhannouch prend part à une réception offerte par le président chinois aux participants au Sommet du FOCAC Le procès a également souligné une crainte partagée par la famille Hayes : que l'utilisation de cette chanson donne l'impression que l'artiste aurait, dans un improbable élan posthume, décidé d'apporter son soutien à la campagne de Donald Trump. Une hypothèse aussi réaliste que de supposer que Mozart aurait choisi de composer pour des publicités électorales. Cependant, Trump n'est pas seul dans ce tourbillon juridique. Depuis des années, la musique semble lui jouer des tours. De Rihanna à Queen, en passant par ABBA, plus de 15 artistes ont exprimé leur désapprobation face à l'utilisation non autorisée de leurs œuvres. On pourrait presque croire que l'ancien président est en mission secrète pour créer un album de compilation involontaire, regroupant les plus grands succès de la protestation musicale contre sa personne. La morale de cette histoire ? Si Donald Trump excelle dans l'art de se frayer un chemin dans les arcanes du pouvoir, il semblerait que les partitions de la musique soul lui échappent quelque peu. Et s'il est une leçon à retenir, c'est qu'en politique comme en musique, tout est affaire de rythme – mais aussi de consentement.