Le secteur de la santé traverse une crise profonde. La coalition syndicale de la santé a lancé une grève illimitée jusqu'au 26 juillet pour dénoncer les mauvais traitements infligés aux professionnels de la santé par les autorités compétentes. Cette décision fait à la suite du refus du chef du gouvernement de répondre aux demandes de revalorisation salariale formulées par les professionnels de la santé. Après plusieurs jours de grève, la coalition syndicale de la santé a organisé le mercredi 10 juillet une manifestation pour protester contre un accord relatif à la hausse des salaires jusque là suspendue. Ainsi en janvier 2024, les syndicats du secteur de la santé ont signé un accord avec le ministère de la santé octroyant une hausse de salaire de 1500 dhs net pour les infirmiers et 1200 dhs net pour le corps des techniciens et des administratifs de santé, comptant plus de 10.000 personnes. Cet accord encourageant n'attendait que l'aval du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, mais son feu vert n'a toujours pas été donné, créant des fortes tensions dans le secteur de la santé depuis des mois, poussant ainsi les professionnels à paralyser les hôpitaux publics et les dispensaires trois jours par semaine, depuis des mois. Lire aussi : Réunion à la Chambre des représentants sur la situation dans les facultés de médecine et de pharmacie Mercredi 10 juillet était programmé une manifestation organisée à Rabat figurant sur le programme de contestation de la coalition, mais elle a mal tourné. Les forces de l'ordre ont fait usage de canons à eau et de matraques. En réponse à cette réaction des autorités compétentes, la coalition syndicale de la santé, a institué une grève ouverte jusqu'au 26 juillet prochain, excepté les urgences. Cette grève sera accompagnée de sit-in et de marches provinciales et régionales. Cette grève générale du secteur de la santé n'entraine pas de réaction de la part du chef du gouvernement qui reste évasif quant à la question épineuse de répondre aux doléances des grévistes. Depuis 2011, la constitution reconnait le droit à la santé. Le système de santé au Maroc est composé d'un secteur public et d'un secteur privé incluant des prestataires à but lucratif et non lucratif. Le secteur public englobe 2.689 centres de soins de santé primaires et 144 hôpitaux à différents niveaux : local, provincial, régional et tertiaire. Le nombre total de lits hospitalier est de 22.146. Le secteur privé est composé de 6.763 cabinets privés et de 439 cliniques, concentrées dans les zones urbaines et dans le nord de la côte atlantique. Par ailleurs, le secteur de la santé connait une importante pénurie de ressources, en particulier de ressources humaines : la densité est de 0,68 médecins et 0,84 infirmiers et sage-femmes pour 1000 habitants. Par ailleurs, malgré une augmentation du budget de la santé, l'investissement dans le secteur de la santé reste faible (moins de 6% du PIB) et les dépenses directes des ménages élevées (autour de 54%). Le système de santé marocain en pleine réforme de régionalisation avancée, avec l'institutionnalisation de 12 nouvelles régions. Avec la généralisation de l'assurance maladie pour les populations pauvres et vulnérables (RAMED) en 2012, 8,5 millions de personnes supplémentaires ont maintenant accès à des services de santé gratuits dans le secteur public. Les employés des secteurs public et privé sont couverts par l'assurance maladie obligatoire (AMO). Le gouvernement travaille à l'assurance maladie des indépendants, qui représente le tiers de la population. Cependant, les citoyens ont exprimé un manque de satisfaction envers le système de santé, en particulier la qualité des soins et l'iniquité d'accès aux services, avec une forte différence entre les zones urbaines et rurales Par ailleurs, le projet phare du secteur de ma santé est la généralisation de la protection sociale avec une extension de l'assurance maladie obligatoire (AMO), impulsée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, visant à couvrir les dépenses en soins médicales des citoyens, et touchant le plus large spectre possible au sein de la population.