Le département d'Etat américain a pointé les défaillances du système français en matière de lutte contre la traite d'êtres humains, relevant une « augmentation générale » des enfants français victimes de trafic sexuel. « Bien que le gouvernement respecte les normes minimales, il a poursuivi moins de suspects et ne dispose toujours pas d'un Mécanisme national d'orientation (MNO) pour assurer une identification proactive uniforme des victimes et leur orientation vers des soins« , lit-on dans l'édition 2023 du rapport sur la situation de la traite des êtres humains dans le monde, présenté, jeudi à Washington, par le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. Le MNO est un cadre qui permet d'identifier les victimes de la traite des êtres humains et de l'esclavage moderne. Il vise à s'assurer que les victimes reçoivent une assistance et que leurs expériences soient reconnues. La diplomatie américaine souligne que « le financement de l'aide aux victimes a diminué pour la deuxième année consécutive et était généralement insuffisant« . « L'indemnisation et la restitution en faveur des victimes sont restées extrêmement rares » en France, indique-t-on. Lire aussi : Lutte contre le trafic d'êtres humains: les Etats-Unis soulignent « les efforts considérables » du Maroc Par ailleurs, le rapport signale que les autorités françaises n'ont pas « suffisamment désagrégé les données entre la traite et d'autres formes d'exploitation ou entre le sexe et le trafic de main-d'œuvre, entravant les efforts pour évaluer la traite de main-d'œuvre et diagnostiquer et traiter les tendances de la traite« . Citant des statistiques officielles, la même source souligne que la majorité des 40.000 à 50.000 personnes impliquées dans le commerce du sexe en France, dont environ 90% sont des ressortissants étrangers, sont probablement des victimes de la traite. Le rapport souligne, par ailleurs, « une augmentation du nombre de filles françaises victimes de trafic sexuel, ainsi qu'une augmentation générale du nombre d'enfants victimes depuis 2016« , relevant que les ONG estiment qu'entre 10.000 et 15.000 adolescents français sont victimes de trafic sexuel – une augmentation significative par rapport aux estimations précédentes qui se situaient entre 6.000 et 8.000. « Les trafiquants ciblent les filles dans des refuges pour enfants financés par le gouvernement« , déplore le département d'Etat américain, qui note que les trafiquants sexuels ont accru l'utilisation des plateformes en ligne pour recruter et exploiter les victimes.