Nous vivons des moments troubles, assez graves même pour ne pas nous acculer au nécessaire et rude exercice d'une interrogation non moins grave ! De quelle perfidie le « règne » d'Emmanuel Macron en France est-il le nom ? Parallèlement, cela va de soi aujourd'hui, qu'elle est la réelle nature de la relation « exceptionnelle » tant vantée depuis quelques mois entre ce dernier et Abdelmajid Tebboune et qui semble se consumer vite depuis quelques jours sur un bûcher de vanités, algériennes notamment ? Au mois d'août dernier, les flonflons et toute une prose lénifiante avaient accompagné le « voyage historique de réconciliation » du président français à Alger, suivi ensuite par celui d'Elizabeth Borne, la première ministre en chef à la tête d'une impressionnante délégation gouvernementale française, sur les traces du chef de l'Etat...et un serment serré à son buste : recréer l'illusion néocoloniale d'une interpénétration tous azimuts entre les deux pays. Elle participe de cet incandescent et fantasmatique rêve du président français que sa seule parole, lancée du haut de ses quarante ans comme un miraculeux mirage est le remède aux maux de la terre. Aussi vite formulée la « réconciliation franco-algérienne » en août dernier, semble subir une cruelle rupture en ce mois de février , elle est porteuse d'une leçon : l'orgueil des dirigeants algériens constituera toujours le ressort de leur diplomatie, si tant est que l'on puisse croire qu'il en existe vraiment une, fondée sur des principes, une éthique, le respect du bon voisinage, un idéal de paix et de prospérité partagée. On constate néanmoins que ces principes, non seulement sont inexistants dans l'esprit de nos voisins, mais sont violés et jetés sur la figure de ceux qui ne désespèrent pas de voir s'instaurer un climat apaisé. La pénitence de « Canossa » de Macron à Alger Que Macron, dans son consubstantiel amateurisme choisisse de « sacrifier » le Royaume du Maroc au profit de l'Algérie qu'il s'efforce peu ou prou de réhabiliter à tout va, ne changera jamais une réalité historique, je dirais humaine. Il y a peu, rappelons-le, il était sorti de ses gonds pour critiquer les dirigeants algériens qu'il vouait tant aux gémonies avec un agacement si prononcé que son propre entourage ne comprenait guère. L'exigence des dirigeants algériens à revendiquer un « repentir » de la France – éternelle tarte à la crème – que jamais Mitterrand ou Chirac n'ont tolérée, constituait jusque-là le ressort essentiel d'une normalisation franco-algérienne. Macron, après le procès fait aux « caprices » des dirigeants algériens a fini, en revanche, par y céder et s'est ainsi soumis à l'exercice du mea culpa, une sorte de pénitence de Canossa pour ainsi dire, demandant à Benjamin Stora, historien officiel de cette relation, de produire le travail mémoriel de réhabilitation. La visite de Macron en Algérie s'inscrit donc dans cette reconsidération théâtrale, suivie par celle de la première ministre française qui a été marquée par la promesse de signature de contrats faramineux. Significative aussi est celle que Saïd Chengriha, chef d'état-major des armées algériennes a effectuée à Paris, où il a été reçu comme un chef d'Etat et, nous a-t-on dit destinée à préparer la rencontre au Sommet Tebboune-Macron initialement prévue au mois de mai prochain. Le président français, non content d'exprimer son enchantement s'est prêté au jeu sacrificiel de recevoir à l'Elysée même le soudard de sous-préfecture qu'incarne Chengriha dont le rôle de meurtrier de la décennie noire des années quatre-vingt-dix n'a jamais échappé à l'Etat profond de France... Dans l'entrelacs de la présence de Chengriha à Paris, il y a eu l'enchère stupéfiante d'acquisition d'armes françaises sophistiquées qu'Alger réclame, notamment des avions Rafales. Ce qui a fait dire aux commentateurs zélés que la junte militaire changeait de braquet et de fusil d'épaule pour abandonner les vieilles armes russes, datant de l'époque soviétique... Chengriha a trimballé dans ses bagages à Paris l'obsession du Maroc qui est à sa vision personnelle ce qu'une incurable blessure est au chacal blessé à Amgalla en février 1976. Outre l'amertume nourrie, le Sahara marocain a constitué l'incontournable sujet abordé à tout bout de champ avec les dirigeants français, la lutte contre le Maroc, son Roi, son peuple et ses institutions servant de décor. La visite de Chengriha à Paris est survenue quelques jours seulement après que le Parlement de l'Union européenne eût adopté le 19 janvier la sinistre résolution non contraignante contre la Maroc. Les 356 eurodéputés, se mélangeant les pinceaux, ont attaqué ni plus ni moins notre pays au motif fallacieux qu'il viole la liberté de la presse, les droits de l'Homme, corrompt des élus européens et utilise le système d'écoute Pegasus à l'insu de personnalités et de citoyens européens notamment et français en particulier. L'enchaînement des griefs porte en lui-même sa propre incohérence et illustre le parti-pris le plus dérisoire et le grave pari mensonger. Dès Potron-Minet du vote de cette résolution sentant à la fois le soufre et le scandaleux parfum de gaz et de pétrole, nous avons repéré le jeu perfide et lamentable d'influenceurs et de lobbyistes à la solde du gouvernement algérien, avec à leur tête un très proche de Macron, Stéphane Séjourné, qui préside le groupe parlementaire Renew d'Emmanuel Macron, l'activisme de députées d'origine algérienne et un lâche comportement de certains médias prompts à s'en prendre au Royaume du Maroc. Faire du Maroc un Etat voyou Une véritable curée lancée contre ce dernier, conjuguant campagne de presse télécommandée et hostile, commissions de travail au parlement de Strasbourg, harcèlement médiatique acharnée, procès en sorcellerie montés de toutes pièces, tout y passe dès lors qu'une certaine France, d'en haut et des officines, voit s'agréger un puzzle à tout le moins incohérent et inopportun. Tout y est, disons-nous, mais sur fond d'un tropisme haineux, revanchard et à terme appelé à se dégonfler comme tout complot, toute cabale. Tout compte fait, les effets désastreux de la conjoncture conflictuelle que la région du Maghreb et du Sahel connaissent ne manquent d'ores et déjà pas de « pourrir » une géopolitique où la France s'enlise inexorablement. Le départ forcé de ses troupes du Mali, la présence contestée au Burkina Faso et en Centrafrique voire dans les pays voisins laissent un vide cruel que le groupe russe Wagner s'empresse de combler aussitôt. Or, si nos informations concordent, la visite fin janvier dernier de Saïd Chengriha à Paris avait entre autres comme objectifs une relève par l'Algérie des troupes françaises désengagées au Sahel. Autrement dit, la France a demandé à Alger le remplacement de ses troupes par l'armée algérienne au Mali sur la base d'un deal aussi foireux que ce douteux partenariat sur le gaz que Macron, tout à son empressement et démagogie aidant ne cesse de réclamer. Dans ce contexte, on assiste à l'ébauche d'une coopération militaire franco-algérienne, de substitution d'un Etat à l'autre accompagnée apparemment d'un possible accord sur l'acquisition par l'Algérie d'armes françaises. Ni l'affaire de l'exfiltration en Tunisie et en France de la militante des droits de l'Homme, Amira Bouraoui par des agents français, ni la présence d'opposants algériens sur le sol français réclamés par Alger, ne brouilleront le pacte faustien franco-algérien sur les armements que Chengriha réclame à cors et à cris pour les utiliser, de toute évidence, contre le Maroc. Le fol expansionnisme algérien entraîne la France de Macron dans son sillage, et subvertit un contexte régional mis à mal de plus en plus. Dans cette macabre dégradation, au profil armé bien tracé, se profile la guerre que les uns et les autres redoutent mais ne savent point arrêter. La volonté des Eurodéputés, transformés en godillots de Macron et des dirigeants algériens, est bien entendu de faire du Maroc l'Etat voyou du moment...Nous en sommes là...