La hausse des prix de l'essence et du diesel, qui ont atteint un pic historique, frôlant les 18 dirhams, a déclenché une vague de colère générale chez les consommateurs. Malgré plusieurs exercices de communication pour expliquer les raisons, notamment le contexte mondial dû à la guerre en Ukraine, la tension sociale reste vive, le gouvernement est sous forte pression. Et pour atténuer cette vague de contestation qui a conduit à une campagne contre le chef de gouvernement sur les réseaux sociaux, le gouvernement annonce la baisse du prix à la pompe de 80 centimes pour l'essence et de 1 dirham pour le diesel, après une première baisse de 1 dirham sur les prix il y a quelques semaines. En juin, le carburant a atteint des prix jamais connus dans le royaume et a mis une forte pression sur le secteur des transports. A cette période, les prix dans différentes stations-service de Rabat varient entre 15,63 et 15,65 dirhams par litre pour le diesel et entre 17,76 et 17,80 dirhams pour l'essence. Cette hausse s'est produite dans un contexte d'augmentation mondiale des carburants due à en Ukraine. Au Maroc, les prix ont commencé à augmenter début février, lorsque le diesel a dépassé la barre des 10 dirhams par litre et 12 dirhams pour l'essence, ce qui représente une augmentation de plus de 50% en quatre mois. Pour amortir l'impact de ces hausses sur le pouvoir d'achat des familles marocaines, le Gouvernement a lancé en avril dernier une subvention directe allant de 1 000 à 7 000 dirhams par mois pour 180 000 véhicules de transport professionnel. La subvention du gouvernement devrait venir en appui à un grand nombre d'entreprises de transport qui sont au bord de la faillite parce qu'elles ne peuvent pas supporter la hausse vertigineuse des prix du carburant et celle de certains produits essentiels, ont toujours déploré les professionnels du secteur des transport. De son côté, l'Union nationale du pétrole et du gaz a rappelé la nécessité de la remise en marche de la SAMIR. Car grâce à la raffinerie, le prix des carburants était dans le passé subventionné par l'Etat par le biais du « Fonds de compensation », qui empêchait la variation, au niveau national des prix du carburant s'il y avait des fluctuations à l'échelle internationale. Cette maîtrise a pris fin en 2015, lorsque le gouvernement Abdelilah Benkirane a décidé de libéraliser le secteur. Juillet, le gouvernement a été clair en refusant de refinancer le prix du carburant pour les particuliers : « Les budgets marocains ne permettent pas de subventionner les hydrocarbures », a déclaré la semaine dernière la ministre de l'Economie Nadia Fettah au Parlement. Nouvelle baisse attendue Avec la colère, qui désormais a pris des allures de boycott, le gouvernement veut calmer la tension. A partir de la mi-août, le prix à la pompe devrait baisser de 80 centimes pour l'essence et de 1 dirham pour le diesel. « C'est une bonne nouvelle pour le consommateur, qui s'attend à ce que cette tendance se poursuive et à ce que la production internationale se poursuive », a déclaré Mostafa Labrak, directeur général du cabinet de conseil « Energysium », cité par les médias. Expliquant l'évolution des prix internationaux, l'expert a indiqué que l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (OAPEC) est optimiste et s'attend, dans son dernier rapport, à ce que les prix du pétrole brut se stabilisent au cours du second semestre de l'année entre 90 et 100 dollars le baril. Au Maroc, la baisse des prix à la pompe est de la seule responsabilité des opérateurs, à mesure que le secteur est libéralisé, rappellent les mêmes sources, qui soulignent que l'exécutif a refusé à plusieurs reprises d'agir sur les prix à la pompe en raison des conséquences sur le budget national, optant plutôt pour des mesures sociales pour soutenir cette augmentation. Dans ce contexte, seule la concurrence entre opérateurs peut réguler les prix. « Au Maroc, le prix des produits pétroliers est basé sur 61% du prix des carburants qui dépend du marché international, tandis que 31% est composé de taxes et de redevances. Les coûts de distribution et les marges bénéficiaires constituent le reste (8%) », explique la même source.