Après la hausse d'environ 1 DH du litre d'essence au début de juin, le litre du gasoil, tout comme celui de l'essence, grimpent d'environ 2 DH à compter du 16 juin 2022. Encore une augmentation des carburants à compter du 16 juin aux stations-services ! Contacté par Les Inspirations ECO, Mostafa Labrak, directeur général d'Energysium consulting et expert en énergie et carburants, table sur le gasoil à 16,20 DH/litre et l'essence super à 18,27 DH/l. Et pour cause, le creusement du déséquilibre important entre l'offre qui a du mal à suivre une demande qui explose. Dans Les Inspirations ECO n°3110 du mardi 31 mai 2022, nous avions établi une corrélation entre la venue du beau temps, la forte demande enregistrée dans des pays comme les Etats-Unis, les pays du Golfe et les pays asiatiques, grands consommateurs de super, du fait de la saison estivale qui pointait son nez, et la dernière augmentation du prix à la pompe du super essence autour de 16,80 DH/l (1er juin 2022), lorsqu'il était annoncé une diminution du prix du litre de gasoil d'une cinquantaine de centimes pour un prix moyen de 14,15 DH/litre. Eh bien, du fait que nous ne sommes qu'au début de la saison estivale, connue pour enregistrer une très forte demande sur les carburants due à la haute saison de consommation, il n'est pas surprenant d'assister à une autre augmentation du prix à la pompe, comme annoncé par notre source, surtout que les ajustements de prix se font par quinzaine. «En plus des mouvements touristiques que l'on peut observer un peu partout dans le monde, s'ajoute le retour de la Chine à la consommation après une relative somnolence due au Covid, conjugué à une incapacité des raffineries en opération à faire face à la demande. Tout ceci crée un déséquilibre important entre l'offre, qui a du mal à s'étoffer, et la demande galopante», explique Labrak. Résultat : nous verrons dès demain, 16 juin, le litre de gasoil, tout comme l'essence, 2 DH plus cher. Le peu de raffineries en service s'offrent des marges de plus en plus confortables Il faut remarquer que lors de la dernière décennie beaucoup de raffineries dans le monde avaient été fermées par les majors pour une meilleure optimisation de marge qui ne dépassait guère les 30-40 $/t de brut traité. La crise Covid avait obligé d'autres raffineurs à cesser momentanément leur production pour maintenance ou rénovation mais qui peinent à reprendre leur activité faute de pièces de rechange ou de main-d'œuvre. La marge des raffineurs en ce moment a pris de la couleur et tourne autour de 140 $/t et contribue en partie à l'augmentation des prix des raffinés. Pour compliquer davantage la donne, «les investisseurs dans ce secteur rechignent à mettre leurs fonds dans de nouvelles raffineries, car ceux-ci estiment que passée la crise, ils se retrouveront dans des marges faibles et auraient parié sur un mauvais cheval et préfèrent se retourner vers les énergies renouvelables telles que le solaire ou l'éolien», explique Labrak. Et d'ajouter: «Cette spirale inflationniste ne peut être arrêtée que par un autre phénomène plus grave : la récession». Modeste Kouamé / Les Inspirations ECO