Les prix des carburants ont atteint des sommets records au cours des dernières semaines en raison de la hausse des prix de l'énergie. Pour un litre d'essence Super sans plomb, les automobilistes déboursent près de 18 dirhams, quant au diesel, ça frôle les 15 dirhams. Dans ce contexte marqué par la crise ukrainienne où l'approvisionnement mondial du carburant pose un sérieux problème, le prix du carburant au Maroc pourrait atteindre un pic de 25 dirhams selon le HCP. Le prix du carburant ne devrait pas rendre les jours heureux les prochaines semaines, tant est que la crise ukrainienne continue de plus en plus d'influer sur l'économie mondiale. Si le blé reste bloqué dans la mer noire, le pétrole et le gaz dont la Russie est l'une des grands producteurs, restent difficilement trouvables sur le marché international. Malgré tous les gouvernements rassurent les populations sur le maintien des prix, malgré quelques hausses, mais surtout de la disponibilité de l'or noir. Au Maroc, les hausses sont certes là, mais encore modérées, c'est selon. Pire, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP) les prix du carburant vont encore augmenter dans les semaines à venir. D'ailleurs, un pic de 25 dirhams serait attendu. Avec les tensions géopolitiques, les prix du carburant varient considérablement selon les fluctuations du Brent, qui sont assujetties aux conclusions des accords convenus par les membres de l'OPEP+, qui ont encore annoncé une hausse de la production Le prix élevé à la pompe provoque de plus en plus de colère, malgré les garanties du gouvernement qui tente par tous les moyens à maintenir les prix bas. Des manifestations à petite échelle ont lieu dans diverses régions du Royaume amplifiées par les réseaux sociaux où on appelle à laisser la voiture dimanche. De leur côté, les syndicats appellent les différents secteurs à des débrayages. L'association professionnelle marocaine des grossistes en bouteilles de gaz butane a annoncé une grève pour la fin de ce mois. Très impactés par la hausse des prix du carburant, les chauffeurs professionnels ont très tôt commencé les protestations qui ont abouti à un accord avec le ministère des Transports avec à la clé une subvention sur les coûts du carburant pour les entreprises de transport. Cependant, la ministre de l'Economie et des finances avertit que la réduction générale des coûts n'est pas possible. La Samir, le gâchis La hausse des prix du carburant, la plus importante des pays arabes, est en partie due par la fermeture de la raffinerie Samir, qui autrefois, avait la capacité de produire plus de 150 000 barils par jour et fournissait au pays 64% de la demande de carburants. Mais en raison de dettes élevées, de plus de 44 milliards de dirhams, les travaux à l'usine ont été interrompus en 2015 et le Maroc a été contraint d'importer la majeure partie de la demande intérieure de pétrole raffiné de l'étranger. En 2016, la Samir a été déclarée en faillite. Dans un rapport publié en 2019, le Conseil de la concurrence a estimé que la raffinerie était essentielle à la sécurité énergétique du pays et que Samir jouait un rôle fondamental dans le stockage et l'approvisionnement en pétrole brut. Le rapport conseillait au gouvernement d'utiliser la capacité de stockage de la raffinerie pour acheter du pétrole à grande échelle. En mars 2020, le prix du pétrole a chuté en raison de l'épidémie de coronavirus. Le gouvernement avait demandé aux actionnaires de Samir en mai 2020 d'utiliser les réservoirs de stockage de la société pour stocker des matières pétrolières pures afin d'augmenter le stock de matières premières. Les actionnaires ont refusé et ont soumis une demande au tribunal de commerce de Casablanca pour qu'il s'abstienne de conclure un accord avec le gouvernement. Le Maroc a perdu l'occasion de profiter de l'effondrement des prix internationaux du pétrole après qu'ils aient atteint en moyenne environ 20 dollars le baril en raison de la pandémie de coronavirus. Le prix du baril de pétrole est aujourd'hui d'environ 113 dollars.