Plusieurs sit-in ont lieu dimanche dans plusieurs villes du Maroc pour protester contre la baisse du pouvoir d'achat. Organisées par plusieurs mouvements, les manifestants ont interpellé les pouvoirs publics à veiller à ce que la hausse des prix soit vite maîtrisée. Mais cette tendance haussière des prix avait été annoncée depuis longtemps, mais éludée presque par tout le monde y compris le gouvernement. À 1,7 %, l'inflation au Maroc est nettement inférieure à la moyenne mondiale (3,9 %). Pourtant, plusieurs associations de consommateurs, dont la Fédération nationale des associations de consommateurs (FNAC) et la Fédération marocaine des droits des consommateurs (FMDC), ont appelé le gouvernement à prendre des mesures pour protéger le pouvoir d'achat des consommateurs. Durant la manifestation, des organisations déclarent vouloir « renverser la corruption et créer une société de dignité, de justice sociale et d'égalité pour tous ». Toutefois, le gouvernement a voulu calmer la clameur sociale qui commençait à s'élever. La semaine dernière, le ministre délégué chargé du budget Fouzi Lekjaa avait annoncé que le gouvernement se prépare à une hausse des subventions pour maintenir les prix du pain stables de 1,3 milliard de dirhams en année normale à 3,844 milliards de dirhams attendus cette année. De son côté, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) estime que les dépenses en subventions représentent 1,6% du PIB cette année. A l'issue du conseil gouvernemental, Lekjaa a déploré les conditions difficiles du marché international où les prix des céréales, notamment du blé tendre, n'ont cessé d'augmenter depuis la pandémie, ce qui nécessiterait des fonds supplémentaires de la part du gouvernement pour maintenir le prix de référence du blé tendre plafonné à 260 dirhams le quintal. → Lire aussi : La hausse des prix est due à la conjoncture internationale Les prix internationaux ont bondi à 315 dollars la tonne cette année, contre 290 dollars l'an dernier, qui a également été une année de prix élevés du blé, a-t-il déclaré. Les tensions géopolitiques entre la Russie et l'Ukraine aggravent encore la situation en semant l'incertitude sur le marché, a ajouté Lekjaa. La hausse de la demande qui marque le marché international après une période de faible demande due à la pandémie a en partie contribué à la flambée des prix des matières premières dans le monde. Selon l'économiste Rachid Aourraz, « la stabilité au Maroc c'est la stabilité des prix ». Pour Aourraz, « la question de la stabilité est devenue en jeu, à cause de politiques et de décisions qui n'ont rien à voir avec la réalité et des enjeux », y compris la manipulation des règles institutionnelles, de lois de concurrence et de liberté économique. Il soutient qu'il y a « négligence des politiques et les réformes économiques. » Au cours des dernières décennies, le Maroc a connu des protestations massives (20 février, campagne de boycott...), et toutes liées à l'inflation. Bien que chacun dans son propre contexte, ces manifestations sont toutes liées à une demande sociale très forte. Ce qui exaspère le plus les citoyens, c'est que la baisse du pouvoir d'achat agit sur les bases de la vie : logement, nourriture, habillement santé... La flambée a pris rendez-vous depuis 2021 En 2020, le taux d'inflation moyen au Maroc était estimé à environ 0,6% par rapport à l'année précédente. Pour 2021, le taux d'inflation du Maroc devrait être d'environ 1,4 % par rapport à l'année précédente. La statistique montre le taux d'inflation moyen au Maroc de 1980 à 2020, avec des projections jusqu'en 2026. Selon Statista, le taux d'inflation reflète les variations du coût d'un panier spécifié de biens et de services. Il est dérivé de l'indice des prix à la consommation (IPC). En décembre 2021, le HCP a publié les relevés de l'indice des prix à la consommation de novembre 2021. A cette date, l'indice des prix à la consommation a augmenté de +0,2 % en novembre 2021 par rapport au mois précédent. Cette évolution résulte d'une hausse de +0,3% de l'indice non alimentaire et d'une baisse de -0,1% de l'indice alimentaire. Selon le HCP, les baisses de l'alimentation observées entre octobre et novembre 2021 ont principalement touché les fruits à -7,2 %, les poissons et fruits de mer à -1,9 % et la viande à -0,1 %. En revanche, les prix des légumes ont augmenté de +2,0%, des huiles et matières grasses de +1,7% et du lait, du fromage et des œufs de +0,8%. S'agissant des produits non alimentaires, les prix des carburants ont notamment augmenté de +3,1 %. Par rapport au même mois de l'année dernière, selon le rapport du HCP, l'indice des prix à la consommation a augmenté de +2,6% en novembre 2021, l'indice alimentaire progressant de +2,8% et l'indice non alimentaire de +2,4%. Pour les produits non alimentaires, les évolutions vont d'une baisse de -0,3% dans les communications à une hausse de +7,1% dans les transports. Dans ces conditions, l'indicateur d'inflation sous-jacente, qui exclut les produits à prix volatils et les produits à tarifs publics, aurait augmenté de +0,3% en novembre 2021 par rapport à octobre 2021 et de +2,9% par rapport à novembre 2020.