Le Parti des Travailleurs (PT), l'une des principales formations de l'opposition en Algérie, a qualifié d' »intenables » les conditions de détention du journaliste Khaled Drareni à la prison de Koléa (90 km à l'Ouest d'Alger). « Affaibli par plus de 300 jours d'incarcération absolument arbitraire, Khaled Drareni a énormément perdu du poids. Sa santé est pour le moins fragilisée. Il n'a pas reçu des vêtements chauds en temps réglementaire comme tous les détenus », a affirmé Ramdane Youcef Taazibt, cadre du PT dans une publication sur sa page « Facebook ». Pour cet ex-député, Khaled Drareni est une « victime d'une politique répressive aveugle ». Il a souligné que « rien ne justifie » son maintien en prison et « rien ne justifie un quelconque durcissement de ses conditions d'emprisonnement ». « Rien ne peut justifier un tel traitement et acharnement sur un détenu », a-t-il ajouté. Il a expliqué que des « détenus comme Mohamed Tadjadit qui a été libéré récemment après avoir purgé sa peine a fait un témoignage poignant sur ses conditions de détention et sur ce qu'il a subi et sur ce que subissent les détenus politiques de la révolution du 22 février dans les prisons algériennes. « C'est révoltant et inacceptable », a-t-il dénoncé, réitérant position de son parti à savoir l'exigence démocratique de libération de tous les détenus politiques et d'opinion, dont Drareni, condamné en septembre dernier à deux ans de prison ferme pour « atteinte à l'unité nationale » et « incitation à attroupement ». Il a expliqué avoir « appris par des avocats et des proches du dossier du journaliste, que Khaled Drareni est privé de courriers depuis 5 mois et que depuis quelques jours il a un sommeil perturbé par l'énigmatique présence de voisins de sa cellule, où il est en isolement, par des détenus terroristes ». Cette situation avait été également dénoncée par l'ancien candidat à la présidentielle algérienne et activiste Rachid Nekkaz qui avait fait en décembre des révélations sur leur conditions d'incarcération, lui et le journaliste Khaled Drareni, à la prison de Kolea, qu'il a qualifié de « Guantanamo algérien ». Dans une récente déclaration sur sa page facebook, il a expliqué que « la prison de Koléa est devenue le Guantanamo Algérien, une zone de non-droit et arbitraire ». Rachid Nekkaz a fait savoir que « pour leur faire peur et pour les intimider », des ordres ont été donnés à la direction de la prison de Koléa « d'installer un groupe de huit émirs et de sympathisants de Daech dans le quartier 18B à côté des cellules des hommes de paix ». « Ces cachots sont ceux du journaliste, Khaled Drareni et de l'ancien candidat à la présidentielle algérienne Rachid Nekkaz qui a fait partie des candidats au prix Nobel de la paix en 2018, 2019 », a-t-il fait savoir, précisant que « dans le quartier 18A qui se trouve à proximité, il y a 196 djihadistes de Daech ». « Khaled Drareni est en prison depuis le 29 mars 2020. Rachid Nekkaz depuis le 4 décembre 2019, dont les huit premiers mois, jusqu'au 04 août 2020, ont été effectués en isolement total dans une cellule située au milieu de huit cellules vides avec l'interdiction absolue de communiquer avec les autres prisonniers, ce qui est totalement illégal », lit-on dans la même déclaration. Elle estime que « cette stratégie perverse » a pour objectif « d'insuffler la peur à un double niveau aux prisonniers du Hirak qui sont tous des prisonniers d'opinion pacifiques : La peur du criminel dangereux et la peur de la prison ». Selon un dernier décompte du Comité National pour la Libération des Détenus, une centaine d'Algériens croupissent dans les prisons pour leurs opinions. Ces Algériens sont détenus pour des motifs liés généralement à des publications sur les réseaux sociaux ou en relation avec les manifestations, a précisé le Comité. D'après la même source, certains d'entre ces détenus, répartis sur 32 wilayas, sont sans procès depuis plusieurs mois. Dernièrement, le Pacte pour l'Alternative Démocratique (PAD), un rassemblement de différents partis politiques, associations et membres de la société civile en Algérie, avait dénoncé « une répression féroce » des droits de l'Homme dans le pays. Il s'agit d' »une répression féroce qui n'épargne désormais aucune catégorie de la société : avocats, journalistes, partis politiques, chômeurs et femmes », a déploré ce collectif, constitué dans la foulée du mouvement populaire et regroupant notamment le Parti du Travail, le Parti socialiste des travailleurs, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie, l'Union pour le Changement et le Progrès, le Mouvement Démocratique et Social et le Front des Forces Socialistes, ainsi que la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l'Homme.