Le journaliste journaliste algérien Khaled Drareni, condamné à deux ans de prison ferme pour avoir couvert les manifestations du Hirak, s'est exprimé publiquement depuis sa cellule pour adresser un message aux personnes qui le soutiennent et parler de ses conditions de détention à la prison de Koléa. « Je salue et remercie tous ceux qui sont solidaires avec moi, que ce soit ici en Algérie, ou ailleurs dans le monde, j'ai un moral solide, et ce depuis ma naissance. Ce ne sont ni la prison d'El Harrach dans laquelle j'ai passé une seule nuit, ni celle de Koléa où je me trouve depuis neuf mois, qui vont me démoraliser », a-t-il soutenu lançant au passage un message au pouvoir algérien qui le maintient en prison pour l'empêcher de s'exprimer. Khaled Drareni a été arrêté en mars en marge d'une manifestation du Hirak dont il assurait la couverture médiatique. Il a été condamné le 15 septembre, en appel, à deux ans de prison pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l'unité nationale ». Près de 300 détenus politique et d'opinion se trouvent derrière les barreaux en Algérie depuis 2019, début de la contestation populaire. « Votre empathie et votre soutien, qu'il s'agisse de moi, ou du reste des détenus d'opinion qui se trouvent dans les quatre coins du pays, votre attachement à ce combat qui est celui de la liberté de la presse, représentent pour moi une médaille d'honneur, une distinction qui restera gravée dans ma mémoire et mon cœur », a-t-il dit au moment où son état de santé inquiète et plusieurs appels à sa libération ont été lancés même à l'international par le Parlement européen notamment et des ONG de défense des droits de l'Homme. Selon les avocats du journaliste, correspondant pour la chaine de télévision française TV5 Monde, son état de santé se détériore et est préoccupant. Son avocate, Nabila Smail, a déclaré à TSA, que Khaled Drareni « juge que la nourriture est infecte. Il se plaint aussi du froid. Depuis trois mois, il est privé de journaux. Des livres relatifs au Code pénal, à la Constitution, pourtant disponibles au sein de la bibliothèque de la prison, lui sont refusés ». Egalement détenu à la prison de Koléa, l'homme d'affaires Rachid Nekkaz, qui était rentré en Algérie depuis la France, pour se présenter à la présidentielle contre Abdelaziz Bouteflika (son dossier de candidature n'a pas été validé par les autorités) s'est plaint des conditions de détention, notamment de la nourriture servie. « Depuis trois mois, nous ne mangeons plus de viande, ni de poulet, ni de dessert, ni de fruits de saison, ni de yaourt à la prison de Koléa », a écrit Rachid Nekkaz dans une lettre ouverte au ministre algérien de la Justice Belkacem Zeghmati, publiée sur son profil Facebook. Il explique à « titre d'exemple, lors de ces neuf derniers jours, nous avons « savouré » quatre fois des lentilles et à quatre reprises des haricots comme en temps de guerre », et a indiqué que les 4.000 prisonniers de Koléa se plaignaient de ne plus pouvoir recevoir de paniers alimentaires de la part de leur famille à cause des restrictions dues au coronavirus.