Les manifestants réclament l'abandon de toutes les charges pesant contre le correspondant algérien, arrêté après avoir couvert une manifestation du Hirak. Une centaine de journalistes, d'avocats, de militants, d'étudiants, d'ex-détenus et de proches du journaliste algérien indépendant Khaled Drareni manifestent devant la Maison de la Presse à Alger pour réclamer sa libération, pour le 5e lundi consécutif. Devenu le symbole du combat pour la liberté de la presse en Algérie, M. Drareni, 40 ans, a été condamné en appel le 15 septembre à deux ans de prison ferme pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l'unité nationale ». Ce verdict a soulevé l'indignation en Algérie et au-delà. Âgé de 40 ans, Khalid Drareni dirige le site d'information en ligne Casbah Tribune et travaille comme correspondant en Algérie de la chaîne de télévision française TV5 Monde et de RSF. Il est poursuivi après avoir couvert une manifestation du Hirak, le soulèvement populaire qui a secoué l'Algérie pendant plus d'un an jusqu'à sa suspension il y a quelques mois en raison de l'épidémie de Covid-19. Le journaliste a été jugé par visioconférence depuis le centre pénitentiaire de Kolea, près d'Alger, où il a été placé en détention préventive le 29 mars. Au cours des différentes audiences, il a rejeté les accusations, assurant n'avoir fait que son travail «en tant que journaliste indépendant». M. Drareni est jugé en compagnie de deux figures du Hirak, Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, également arrêtés le 7 mars à Alger. Eux étaient présents dans la salle du tribunal. Sous le coup des mêmes charges, ils ont bénéficié le 2 juillet d'une remise en liberté provisoire, alors que M. Drareni avait été maintenu en prison. Plusieurs ONG de défense des droits humains et de la liberté de la presse, algériennes et internationales, ont exhorté ces derniers mois les autorités à libérer Khaled Drareni et à mettre fin au «harcèlement ciblé des médias indépendants». La justice algérienne multiplie les poursuites judiciaires et les condamnations de militants du Hirak, d'opposants politiques, de journalistes et de blogueurs. Plusieurs journalistes algériens sont en prison et des procès sont en cours. Abdelkrim Zeghileche, militant pro-Hirak, Ali Djamel Toubal, correspondant du groupe de médias privé Ennahar, Belkacem Djir, journaliste de la chaîne privée Echourouk News, restent tous derrière les barreaux. L'Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF. Elle a dégringolé de 27 places par rapport à 2015.