Le journaliste algérien, Khaled Drareni, et l'opposant Rachid Nekkaz, ont été libérés ce vendredi, l'un après avoir été condamné à deux ans de prison ferme pour avoir fait son travail et l'autre sans raison, et sans avoir droit à un quelconque procès. Leur libération intervient dans le contexte d'une geste d'apaisement du président Abdelmadjid Tebboune envers le mouvement du Hirak qui doit fêter un anniversaire important. Khaled Drareni, 40 ans, était devenu le visage de l'acharnement du pouvoir algérien contre les journalistes, les activistes et tous les manifestants du Hirak qui réclamaient un changement dans le pays. Au lendemain d'un discours du président algérien Abdelmadjid Tebboune dans lequel il annoncé une grâce présidentielle, des familles et des sympathisants de détenus d'opinion, se sont déplacés et ont manifesté devant la prison de Koléa, où est retenu le journaliste, pour réclamer sa libération ainsi que celle d'autres journalistes et activistes. La mobilisation des familles et autres activistes des droits de l'Homme se sont poursuivies durant la journée, et les médias ont une fois de plus fait pression pour rappeler l'affaire du journaliste, correspondant de TV5 Monde et de RSF, condamné à deux ans de prison ferme pour « incitation à attroupement » et « atteinte à l'unité nationale ». Jusqu'à vendredi soir, aucune information sur sa libération n'avait pu être confirmée. Il reste toutefois poursuivi, en l'attente d'une décision de la Cour suprême le 25 février sur son pourvoi en cassation. Ne voulant pas s'attirer les foudres d'une nouvelle manifestation qui s'annonce d'envergure pour l'anniversaire des deux ans du Hirak, le chef d'Etat algérien a fait passer une triple nouvelle (dissolution du Parlement, remaniement gouvernemental, élections législatives anticipées) en annonçant une grâce présidentielle visant entre 55 et 60 personnes, des détenus d'opinion, tranchant avec les déclarations du ministre de l'Information, Amar Belhimer, qui avait nié la présence de détenus d'opinion en Algérie. « Au total, 33 personnes ont été libérées jusqu'ici. Les procédures sont en cours pour le reste », a indiqué un communiqué du ministère de la Justice sans préciser les noms des personnes libérées. Parmi les autres détenus libérés, l'homme d'affaires et opposant Rachid Nekkaz, qui avait fait campagne pour la présidentielle mais dont le dossier n'a pas été accepté par la commission, notamment à cause de sa double nationalité française. Début février, l'épouse de l'opposant qui effraie le régime, avait posté une vidéo après voir gardé le silence pendant de nombreux mois. « L'état de santé de mon mari se dégrade. Je viens d'apprendre, comme vous tous, qu'il a un début de cancer à la prostate», a déclaré Cécile Leroux, au moment où son mari souffre également d'un kyste de 19 cm au foie, selon les examens médicaux pratiqués. Cécile Leroux s'est indignée du transfert de Rachid Nekkaz alors que ce dernier n'a toujours pas eu droit à un procès en plus d'un an de détention. « Récemment, il a été transféré d'Alger vers une prison dans le désert. Il est très loin d'Alger, il est très loin de sa famille et de ses avocats, mais aussi les hôpitaux », a-t-elle affirmé faisant référence à la prison de Labiodh Sidi Cheikh dans la wilaya d'El Bayadh, et où «l'hôpital le plus proche est situé à 120-150 km ». Rachid Nekkaz qui a entamé une grève de la fin vendredi, était également emprisonné à Koléa avant qu'il ne soit transféré sans raison officielle logique dans cette prison complètement isolée dans le sud algérien, à 700 km au sud-ouest d'Alger.