Le président français Emmanuel Macron a accordé, ce vendredi 4 décembre, une interview au média français en ligne, Brut. Il a été interrogé par deux journalistes de la Rédaction dont Rémy Buisine ainsi qu'un historien, sur les violences policières. En pleine période de tensions sur la loi controversé de « sécurité globale » et sur les violences policières dénoncées lors des manifestations, Brut a reçu le président français pour échanger notamment sur les récents événements. Rémy Buisine a alors raconté ce qu'il a vécu, il y a une dizaine de jours, Place de République : « Ce que j'ai vu ce sont des migrants, pourchassés, molestés, sortis de leurs tentes parfois confisquées par la police... C'était violent, moi-même j'ai été frappé par un policier, et ça s'est poursuivi jusqu'à 1h du matin ». Des comportements qui ne sont pas « normaux », a reconnu le président français, qui pointe du doigt des policiers qui n'ont pas toujours été formés à faire face à certaines situations. « Il fallait faire enlever ces tentes car on ne peut pas accepter qu'ils dorment dans la rue, pour eux et pour les riverains. Cependant, est-ce qu'on doit le faire tant qu'on n'a pas de solution d'hébergement d'urgence, la réponse est non ». Le président a également dénoncé des violences qui vont dans les deux sens, en rappelant qu'une policière a été « attaquée par des fous », « des gens ensauvagés », lors de la manifestation, samedi dernier, à Paris, contre le texte de loi « sécurité globale ». Il est revenu également sur l'agression du producteur de musique, Michel Zecler. Un comportement « honteux », a-t-il déclaré, avant de reconnaître que les policiers n'ont pas eu le comportement exemplaire qu'ils devraient avoir. Macron a toutefois souligné que le terme de « violences policières » est devenu un slogan, politisé par une extrême gauche « qui a pour but d'affaiblir une institution républicaine (...) les policiers ne sont pas dans un camp mais ont pour rôle de protéger la population ». « Il y a du racisme, c'est un fait » La police est à l'image de la société selon le président français. S'il y a de la violence et du racisme dans la société, il y aura forcément des membres de la police aux comportements racistes, a-t-il expliqué. Après avoir constaté des années difficiles pour les policiers qui ont été soumis à trois années de manifestations, parfois violentes, il défend qu'une majorité écrasante des forces de l'ordre aient une déontologie et évitent au maximum les débordements. Par ailleurs, il a reconnu qu'il existe des discriminations notamment envers les Maghrébins, les noirs, les personnes de couleur, résidant dans des quartiers, ce qui amène à la violence et fait régner un climat de défiance dans les quartiers difficiles : « le policier est placé dans un tel niveau de stress, les comportements se conditionnent... ». Il rappelle ensuite que « quand on a une couleur de peau qui n'est pas blanche, on est plus souvent contrôlé » et davantage les hommes. Pour cela, une plateforme sera créée, à partir de janvier, pour dénoncer les discriminations, à l'instar de ce qui se fait en Grande-Bretagne et comme l'avait proposé SOS racisme, il y a quelques mois. Celle-ci inclura un grand sondage « dans lequel les personnes pourront dire en quoi elles ont été discriminées et où (contrôle au faciès, emploi, logement) ». S'y ajoutera une plateforme nationale avec un numéro d'appel et la possibilité de signaler tout acte discriminatoire. Cet outil sera géré par l'Etat, le défenseur des droits ainsi que des acteurs d'associations compétentes telles que la Licra (Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme). Enfin, concernant les violences policières, des formations supplémentaires seront effectuées, et les policiers et les brigades devraient être équipés de caméras, à partir du mois de juin. Les enregistrements de celles-ci pourront être utilisées par la justice et la hiérarchie car : « quand un policier sait qu'il est filmé en permanence, il ne se comporte pas de la même façon ».