Le parquet de Paris a requis dimanche l'inculpation des quatre policiers mis en cause dans le passage à tabac d'un producteur de musique noir et la détention provisoire de trois d'entre eux, en confiant la suite des investigations à un juge d'instruction. Les images de ces violences captées notamment par une caméra de vidéosurveillance, « qui font honte » selon le président Emmanuel Macron, ont provoqué un scandale dans le pays. Le parquet de Paris a notamment requis la mise en examen des trois premiers policiers pour « violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique », a expliqué le procureur de Paris Rémy Heitz lors d'une conférence de presse Plusieurs circonstances aggravantes ont été retenues dont « des propos à caractère raciste » ainsi que « faux en écriture publique par personne dépositaire de l'autorité publique », un crime passible des assises. Le parquet a demandé pour le quatrième policier, soupçonné d'un tir de grenade lacrymogène dans le studio du producteur à Paris, une inculpation pour « violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ». Selon Rémy Heitz, le parquet a demandé « le placement en détention provisoire des trois premiers policiers en considération du trouble exceptionnel et persistant, de la gravité de l'infraction, de l'importance du préjudice causé, et pour éviter tout risque de concertation entre les auteurs », ainsi qu'un contrôle judiciaire pour le quatrième. Les quatre policiers « présentent de bons voire très bons état de service, aucun incident particulier n'a émaillé à ce jour leurs carrières respectives », selon le procureur. « Entendus à plusieurs reprises » lors de leur garde à vue à l'IGPN, la police des polices, entre vendredi après-midi et dimanche matin, les trois principaux mis en cause ont d'abord « reconnu avoir porté des coups, expliquant ceci par l'attitude de (Michel Zecler) et les circonstances de l'interpellation » dans un local exigü. Les policiers ont aussi évoqué une « incapacité à maîtriser Michel Zecler qui se débattait » et ont expliqué « les coups par la panique qui les avait saisis », selon Rémy Heitz. Accusés par Michel Zecler de l'avoir qualifié de « sale nègre » à plusieurs reprises, ils contestent « avoir tenu les propos racistes » pourtant « corroborés par l'un des jeunes derrière la porte du sas » et réfutent « le caractère mensonger du procès-verbal ». Selon le procureur de Paris, les trois policiers ont toutefois fini « par admettre que les coups portés n'étaient pas justifiés et qu'ils avaient agi principalement sous l'effet de la peur ». D'après le procureur, quatre des neufs personnes présentes dans le studio, outre Michel Zecler, ont déposé plainte pour « violences » contre les forces de l'ordre. Le procureur a rappelé que les policiers avaient dans un premier temps indiqué avoir contrôlé Michel Zecler pour « absence de port du masque » et en raison d'une « forte odeur de cannabis ». Mais les enquêteurs n'ont saisi que « 0,5 g d'herbe de cannabis » dans des effets appartenant à Michel Zecler, selon Rémy Heitz. Alors que Michel Zecler a rapidement dénoncé auprès d'un médecin les violences dont il a fait l'objet, l'enquête a, selon Rémy Heitz, basculé le lundi, avec une perquisition dans le studio qui a permis d'obtenir les images de vidéosurveillance du studio. Le parquet de Paris a classé sa première enquête, visant Michel Zecler, pour ouvrir l'enquête visant les policiers.