Un homme de 24 ans soupçonné d'être l'auteur de l'attentat au colis piégé qui a fait 13 blessés légers vendredi à Lyon, à deux jours du scrutin européen, a été interpellé lundi dans cette même ville et placé en garde à vue. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a annoncé son interpellation très rapidement sur Twitter, en félicitant les forces de police qui traquaient le suspect en fuite depuis trois jours. Je me félicite que l'auteur présumé de l'attaque rue Victor Hugo ait été arrêté. Je veux remercier tous les services qui ont permis d'aboutir à ce résultat dans des délais aussi rapides. — Gérard Collomb (@gerardcollomb) May 27, 2019 Peu après, le maire de Lyon Gérard Collomb indiquait sur BFMTV qu'un second suspect avait été arrêté. Confirmant l'information de l'ancien ministre de l'Intérieur, le parquet de Paris, chargé de l'affaire, a indiqué qu'il s'agissait d'un "lycéen majeur", membre de l'entourage familial" du premier homme arrêté. L'un et l'autre sont de nationalité algérienne. Une enquête avait été ouverte dès vendredi pour "tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle". Le premier suspect arrêté était inconnu des services de police, selon une source proche du dossier. Il a été arrêté sur la voie publique à 09H55 dans le 7e arrondissement par la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de la police judiciaire lyonnaise, dans le cadre d'une filature depuis son domicile, où les enquêteurs redoutaient la présence d'explosif. Selon M. Collomb, il s'agit d'un étudiant en informatique qui a été arrêté dans le calme à la descente d'un bus, en levant les bras à l'approche des policiers. Des images d'un suspect, captées par des caméras de vidéosurveillance municipale, avaient été rapidement diffusées par les autorités, et un ADN, non identifié, avait également été retrouvé sur le sac qui a explosé vendredi vers 17H30 devant une boulangerie dans une rue commerçante du centre de Lyon. Selon une source proche du dossier, il y a de fortes suspicions que l'explosif utilisé ait été du TATP (tripéroxyde de triacétone), en faible quantité. Cet explosif artisanal très instable avait été utilisé dans les attentats jihadistes commis à Paris le 13 novembre 2015. L'explosion a fait 13 blessés légers, neuf femmes dont une enfant de 10 ans et quatre hommes. Onze d'entre eux ont été hospitalisés, certains devant être opérés afin d'extraire des éclats. Le colis piégé, un sac en papier kraft déposé sur le bloc de béton où le suspect s'était arrêté en vélo à proximité de la boulangerie, contenait des vis, des billes de métal et des piles, ainsi qu'un circuit imprimé un dispositif de déclenchement à distance. La police avait lancé un appel à témoins dès vendredi soir en diffusant des photos du suspect, portant un sac à dos, une casquette et des lunettes dissimulant son visage. Selon une source judiciaire, plus de 250 appels avaient été reçus 24 heures plus tard au 197, le numéro ouvert par les autorités. Le procureur de Paris Rémy Heitz s'était rendu sur les lieux vendredi soir avec le ministre de l'Intérieur. Il avait assuré que "tous les moyens" étaient "mis en oeuvre pour parvenir rapidement à l'identification et à l'interpellation de l'auteur des faits", samedi devant la presse à Lyon. Aucun élément n'a filtré à ce stade sur le profil ou les motivations du suspect et l'acte n'a pas été revendiqué. Dans une première réaction vendredi, le président Emmanuel Macron avait évoqué "une attaque" mais un tweet envoyé plus tard était plus prudent, déplorant simplement "la violence qui s'est abattue" sur les Lyonnais. La ministre de la Justice Nicole Belloubet avait elle souligné vendredi soir qu'il était "trop tôt" pour évoquer "un acte terroriste". La France a connu depuis 2015 une vague d'attentats jihadistes sans précédent qui a fait au total 251 morts. Le dernier en date a fait cinq morts et dix blessés le 11 décembre 2018 à Strasbourg (nord-est).