Des écrivains et des chercheurs marocains et français, réunis jeudi à Tanger dans le cadre de la 14ème édition du Salon international de Tanger des Livres et des Arts (SIT), ont débattu de la place de l'éducation dans la sensibilisation des jeunes générations aux enjeux de l'environnement et du développement durable. Les participants à cette table ronde, présidée par l'écrivain française Christine Jordis, ont abordé différents aspects liés à l'éducation et son rôle dans l'émergence d'une conscience mondiale relative à l'environnement. A cet égard, le directeur de l'Académie régionale de l'Education et de la Formation de Tanger-Tétouan, M. Abdelwahab Benajiba, a estimé qu'il était nécessaire d'éduquer dès le bas âge à la diversité des milieux vivants et à leur interdépendance, afin de préparer les jeunes à appréhender les enjeux du défi environnemental. Il importe d'encadrer les enfants et de les former pour faire face à un avenir malheureusement déjà compromis par les agissements pollueurs des grands, a-t-il noté, soulignant l'intérêt grandissant dont fait preuve l'école marocaine concernant les questions de l'environnement. L'écrivain française Danièle Sallenave a, quant à elle, souligné que parler de l'éducation des enfants ne doit pas faire oublier que le rôle principal de l'école reste l'instruction, estimant que l'éducation, qui s'apparente souvent à la morale, est surtout du ressort de la famille. Pour elle, sensibiliser les plus jeunes est une chose, les culpabiliser quant à l'avenir de la planète ou, encore, les investir du rôle délicat de futurs sauveurs de la nature, en est une autre. L'école est d'abord faite pour inculquer les connaissances de base et développer la curiosité et l'esprit de recherche chez l'élève, a expliqué Mme Sallenave, affirmant que les enfants ne pourront pas sauver la planète si les adultes ne prennent pas la responsabilité de jeter les bases du changement et de bien les instruire. Dans le même ordre d'idées, l'écrivain marocain Fouad Laroui a mis l'accent sur la qualité de l'enseignement comme fondement de toute action de sauvegarde de l'environnement, relevant l'importance de l'étude des sciences tout en mettant en garde contre "le savoir parcellaire", qui consiste à faire le tri des sciences à étudier et à promouvoir en fonction des différentes sensibilités. Il a aussi appelé à "instruire en alarmant" sur l'état de l'environnement, mais tout en développant chez l'apprenant les compétences lui permettant de contribuer efficacement au changement des pratiques et des mentalités. Cette table ronde s'est tenue également en présence du président de l'Institut du monde arabe à Paris, M. Dominique Baudis, qui a porté la réflexion sur la dimension humaine et culturelle de la question de l'environnement, ainsi que sur le risque que fait peser la mondialisation sur la diversité culturelle et civilisationnelle, notamment dans la région de la Méditerranée.