Les Cinéphiles et les cinéastes sont unanimes à admettre que le film d'auteur est un genre difficile et complexe qui n'est compris et apprécié que par une certaine catégorie du public. - Envoyé Spécial : Ali Hassan Eddehbi- Cet aspect élitaire du cinéma d'auteur, fait qu'il est parfois "boudé" par le grand public qui se pose des questions quant à l'intérêt de faire des films qui ne seront pas regardés. Des interrogations, a priori, légitimes auxquelles réalisateurs et critiques, rencontrés au festival de Tétouan, tentent de répondre. Nombreux sont les réalisateurs qui défendent, à coeur, leur choix de se jeter dans l'aventure, périlleuse, d'un film d'auteur. Bien qu'ils sachent pertinemment que faire un film pour soi-même ou pour son propre plaisir, n'est pas toujours si facile à admettre pour le spectateur lambda qui y voit parfois, un acte de création plus ou moins égoïste. "Il existe de grands chefs d'oeuvres cinématographiques qui n'ont pas été vus par le grand public", explique la réalisatrice Narjiss Nejjar, et membre du jury du 16ème festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan, ajoutant que la "valeur d'un film ne se juge pas uniquement à l'aune du nombre des spectateurs". "L'acte de création est quelque part égoïste par nature, et un cinéaste doit d'abord accomplir son oeuvre pour partager son point de vue avec le public et non seulement pour essayer de lui plaire et de le convaincre", a-t-elle dit. A l'opposé de cette vision, le réalisateur Ahmed Boulane préfère parler d'un cinéma qui soit égalitaire. Un "cinéma populaire" qui fait que le cinéaste et ses spectateurs "puissent se partager des blagues et la joie du spectacle car un film ça doit bien être compris !", insiste-t-il. Dire qu'entre cinéastes, chacun y va de son côté en expliquant ce qu'il pense des films d'auteur. Cependant c'est au sein des milieux de la critique du 7è art que ce genre retrouve ses lettres de noblesses. + LE CINEMA D'AUTEUR, VITRINE DU MAROC A L'ETRANGER+ "Un film d'auteur même s'il n'est pas regardé par le grand public, n'est un navet pour autant", souligne d'emblée le critique Omar Belkhammar. "Il faut savoir que les réalisateurs font un grand effort pour réaliser un film d'auteur", a-t-il dit, ajoutant que le cinéma d'auteur revêt une importance primordiale en tant que vitrine du 7è art national à l'étranger. "Ces films ne marchent peut être pas dans les salles nationales. Mais ils ont la particularité de pouvoir concourir à l'étranger et représenter le Maroc dans les différents rendez-vous cinéphiles". Dans un festival étranger, le public d'un film d'auteur est fait d'un jury connaisseur qui apprécie à sa juste valeur cet effort, d'où l'intérêt de s'intéresser davantage à cette "vitrine du Maroc à l'étranger". En outre, les films d'auteur ont également le mérite d'avoir généralement un caractère universel qui fait que la problématique traitée peut être perçue et assimilée par plusieurs spectateurs issus de cultures et de pays différents. "Le cinéma marocain devrait jouer davantage sur cette universalité pour mieux s'exporter", a-t-il fait remarquer. "Sur 72 participations à des festivals étrangers en 2009, le Maroc a récolter 22 distinctions ce qui n'est pas rien", a rappelé M. Belkhammar, nuançant" que l'heure n'est pas encore venue pour parler d'un film marocain tout à fait capable de concurrencer à l'international", a-t-il dit.