Connue pour sa belle palmeraie, ses remparts ocres et l'hospitalité de ses habitants, Marrakech a également pu, grâce à son superbe festival du film, se forger une réputation de cité cinéphile où le 7è art, le vrai, sera toujours le bienvenu. -Par Ali Hassan Eddehbi, envoyé spécial- A chaque projection, le Palais des Congrès est pris d'assaut par une nuée de journalistes, photographes et autres spectateurs désireux de voir de nouvelles histoires. Un engouement qui n'est pas propre à ce quartier huppé de l'Hivernage puisque, chaque jour, c'est toute une série de projections qui ont lieu dans différents autres endroits de la ville, dont la légendaire place Jamaâ Lafna où le spectacle est tout simplement féerique. Cette place, classée patrimoine immatériel de l'humanité, a cette magie de réunir un public hétéroclite venu suivre avec ferveur les projections sur un écran géant. -HOMMAGES POPULAIRES- Quand c'était Said Taghmaoui ou Sir Ben Kingsley qui, entre autres, se rendaient à Jamaâ Lafna pour la projection de film, la scène est à l'euphorie. Pas d'Etoile d'or, cette fois, tout juste celles qui illuminent le ciel de Marrakech et l'excitation de la foule qui peine parfois à croire que leur star préférée est venue spécialement pour eux. "Said Taghmaoui ? je le connais très bien et j'aime tous ses films alors que, pour Ben Kingsley, je n'arrivais pas à mettre le nom sur le visage, mais dès que je l'ai vu j'ai tout de suite réalisé que c'était Gandhià c'est vraiment magnifique", déclare Imane, étudiante, venue spécialement de Rabat pour être de la partie. En fait, nombreux sont ceux qui, comme Imane, n'ont pas hésité à faire leurs malles pour Marrakech le temps du festival. Néanmoins, ces férus du 7e Art cohabitent paisiblement avec d'autres spectateurs qui n'ont pas forcément un background cinématographique mais qui prennent la peine de patienter dans d'interminables files devant le Palais des Congrès, le Colisée ou encore au Megarama. "A vrai dire, je suis plutôt branché films égyptiens, mais j'adore participer à cette ambiance et partager cet engouement", affirme Mohamed, jeune adolescent qui lui arrive parfois de sécher un cours afin de venir suivre un film. Après tout, ça se comprend !
-FASHION, MAIS SURTOUT ENGAGE- Neuf ans après sa naissance, le Festival International du Film de Marrakech a aujourd'hui atteint l'âge de raison". Fidèle à son image de manifestation internationale, le FIFM a déroulé son tapis rouge aux plus grands noms du 7e art, mais cette fois avec une douce particularité : l'intérêt accordé aux cinéastes nationaux. Juste avant les cérémonies d'hommages, le rituel du Red Carpet était un baromètre de popularité pour les "stars made in Morocco". Leur cote se mesurait à l'aune des applaudissements et du crépitement des flashes des photographes qui ont prouvé que les Marocains, tout en étant ouverts sur les cinémas du monde, ont une affection particulière pour les productions nationales. Un constat d'ailleurs corroboré par la forte affluence des spectateurs à la projection "The Man Who Sold The World" de Swel et Imad Noury. L'autre point fort de cette édition, c'est qu'elle a tapé encore plus fort en faisant appel à une "intelligentsia du cinéma", faite de grands noms du calibre du célébrissime Jim Jarmush ou d'Emir Kusturica. Rien qu'à travers son point de presse et ses interviews, ce cinéaste serbe dont la franchise et la sincérité ne sont plus à démontrer, a contribué par sa présence à refléter l'identité, définitivement acquise par cette manifestation, celle d'être un haut lieu de débat cinéphile où l'amour du 7e art fait l'ombre à tous les strass.