La revue britannique "North-South" a pointé du doigt l'Algérie pour sa responsabilité avérée dans le calvaire des populations sahraouies séquestrées dans les camps de Tindouf sur son territoire. Se basant sur des rapports internationaux, le magazine édité à Londres souligne, dans sa dernière livraison, que l'Algérie "n'a pas honoré ses engagements" envers ces séquestrés en vertu des conventions internationales. "Pire encore, l'Algérie a manqué de reconnaitre sa responsabilité du traitement" réservé à ces séquestrés sur son propre territoire, en prétendant qu'ils sont "sous la juridiction d'un Etat fantomatique". Citant un rapport du Comité américain pour les réfugiés et les immigrants (USCRI), la publication souligne les restrictions imposées à la liberté de mouvement des personnes séquestrées, relevant que ces dernières doivent disposer de permissions écrites du gouvernement algérien et des séparatistes du polisario pour se déplacer. "Les critères et les procédures pour l'octroi de telles permissions ne sont pas disponibles", indique la revue, soulignant le refus des autorités algériennes de rendre publics ces critères et procédures. Des interviews réalisées avec des séquestrés à l'intérieur et à l'extérieur des camps montrent qu'il s'agit de critères aussi arbitraires que restrictifs. Citant le Comité américain, le magazine note que l'Algérie impose des restrictions aux visites familiales organisées par le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR). Il est virtuellement impossible, en vertu des lois algériennes, pour les séquestrés d'obtenir des permis de travail dans ce pays même s'ils obtiennent la permission de quitter les camps de Tindouf, indique la même source. Le magazine rappelle, par ailleurs, que le Maroc a depuis toujours attiré l'attention que le nombre des séquestrés a été sciemment gonflé, tout en appelant à un recensement international des populations des camps de Tindouf pour en déterminer le nombre et les origines. Or, les autorités algériennes ont constamment refusé de répondre favorablement aux mêmes appels lancés par le HCR et le Comité international de la croix rouge (CICR), rappelle le magazine britannique, qui met en exergue les accusations de détournement de fonds pesant sur la junte séparatiste qui dirige les camps sur le territoire algérien. Le polisario, soutenu par l'Algérie, est accusé de détournement systématique des aides octroyées par les donateurs internationaux, indique la même source, citant des rapports indépendants du HCR et du Programme Alimentaire Mondial (PAM). Un autre rapport international a clairement accusé le polisario de "détourner l'aide humanitaire pour soutenir ses factions armées et renflouer les comptes privés des membres de la famille du chef" des séparatistes, poursuit "North-South". La revue rappelle qu'en mars 2008, l'organisation "Interfaith International" a souligné dans un témoignage devant le Conseil des droits de l'Homme (CDH) de l'ONU que "le polisario a détourné et vendu l'aide à d'autres pays et a utilisé les revenus pour financer des parades militaires et des festivals", qui contribuent à renforcer son contrôle sur les séquestrés. "Le polisario a utilisé la distribution de l'aide comme moyen de control social et politique dans les camps de Tindouf", indique la revue, avant de s'interroger si l'aide humanitaire est destinée à soutenir l'agenda politique du polisario ou à aider les séquestrés. Le magazine ajoute que les tentatives des séquestrés de se prendre en charge eux-mêmes sont entravées par le contrôle imposé à leur liberté de mouvement et par le manque d'emploi et d'accès aux marchés. "Toute la responsabilité incombe aux autorités algériennes" qui ont failli de protéger les droits des populations séquestrées, affirme "North-South", relevant que ces droits sont violés ou au moins ignorés de manière systématique par l'Algérie et le polisario. La publication londonienne rappelle, dans ce cadre, la version actualisée de l'appel global 2009 du HCR qui met en évidence la responsabilité de l'Algérie s'agissant de la violation des droits des séquestrés de Tindouf.