Le livre "le conflit du Sahara: dimensions historique, régionale et internationale" du journaliste-écrivain, Ali Bahaijoub, présenté mercredi à Londres, met en exergue la pertinence de la proposition d'autonomie présentée par le Maroc, en tant que seule solution viable. Par Abdelghani Aouifia Cet ouvrage, présenté lors d'une rencontre au siège de la School of Oriental and African Studies (SOAS) en présence de diplomates, de politiciens et d'universitaires, consacre sans équivoque la marocanité des provinces du sud et les liens qui ont toujours existé entre les habitants de ces provinces et la mère patrie. L'initiative d'autonomie, présentée par le Maroc pour régler ce conflit artificiel dans le cadre de la souveraineté marocaine, bénéficie d'une attention particulière dans ce livre de 488 pages, fruit d'un long travail de recherche portant sur une période s'étalant de 1878 jusqu'à 2010. L'auteur souligne, dans ce contexte, que la large autonomie proposée par le Royaume permet de "concilier les exigences du droit international et de la realpolitik tout en écartant toute interprétation tendancieuse des principes de ce droit". Il souligne que les actuelles discussions informelles et les négociations projetées sur la question du Sahara "n'auraient pas eu lieu sans cette proposition de compromis présentée par le Maroc". L'option référendaire est aussi obsolète qu'inapplicable Si le Maroc a pris ce pas qualifié de sérieux et crédible par le Conseil de sécurité des Nations unies ainsi que par les grandes puissances mondiales, les séparatistes du Polisario et leurs mentors s'entêtent dans leur attachement à une option référendaire aussi obsolète qu'inapplicable, ajoute M. Bahaijoub. Dans un argumentaire obéissant au détail près à la rigueur scientifique, le chercheur relève que le plan d'autonomie, fruit d'une large consultation nationale, répond parfaitement aux standards internationaux en matière d'autodétermination. Il cite dans ce cadre des recherches réalisées par des instances internationales dont l'impartialité est irréprochable, y compris le groupe de travail sur les minorités des Nations unies, qui a conclu au terme d'études menées depuis 1995, qu'"il était approprié d'adopter une approche différente à l'exercice du droit à l'autodétermination qui ne mènerait nécessairement pas à la division des Etats". "L'autonomie territoriale est devenue l'expression démocratique du droit à l'autodétermination", relève l'auteur, rappelant que l'Assemblée générale de l'Onu avait souligné la validité de l'autonomie en tant qu'option d'autodétermination au terme d'un débat initié en 1993 par le Liechtenstein. Et l'auteur de relever que le plan d'autonomie présenté par le Maroc vient satisfaire le principe de la libre association au sein de l'intégrité territoriale marocaine, tout en garantissant aux sahraouis le droit de jouir des règles démocratiques. L'autonomie devra également contribuer à la stabilité au Maghreb, indique-t-il, soulignant que "la création d'une entité indépendante dont le statut juridique et l'idéologie sont douteux et ayant des ressources politiques et économiques limitées, ne ferait que nourrir l'instabilité dans une région qui se trouve déjà sous la menace persistante du terrorisme, du trafic de drogue et de l'immigration clandestine". Se fondant sur des faits historiques et des preuves puisées du droit international, le chercheur se livre à une lecture novatrice de ce problème qui n'a que trop duré, constatant qu'il s'agit au demeurant d'une question de géopolitique entre le Maroc et l'Algérie. L'Algérie et le polisario tirent un interêt du statu quo L'Algérie et le Polisario "tirent un intérêt du statu quo", note-t-il, soulignant que "si l'Algérie persiste dans son refus de jouer un rôle positif en vue d'avancer vers un règlement politique, la question risque de durer pendant encore des décennies au détriment des peuples de la région (du Maghreb) et de leur développement économique et social". Revenant en détail sur l'implication directe de l'Algérie, le chercheur souligne que la question du Sahara est instrumentalisée par le régime algérien et son appareil militaire pour éviter toute pression ou revendication interne de démocratisation ou de développement économique ou social dans ce pays. L'auteur, qui passe au crible les relations entre le Maroc et l'Algérie depuis le début des années 60, dénonce par ailleurs le calvaire des ressortissants sahraouis marocains parqués dans les camps de Tindouf, sur le territoire algérien. Il souligne, dans ce contexte, que ces populations retenues contre leur gré sont utilisées comme otages par les séparatistes du Polisario avec la bénédiction des autorités algériennes. Ces dernières imposent un contrôle des plus stricts sur les camps, privant les personnes séquestrées de leurs droits les plus élémentaires dont le droit à la liberté de mouvement, observe-t-il. L'Algérie refuse tout recensement des populations sequestrées à Tindouf Citant plusieurs rapports internationaux, l'auteur souligne le refus des autorités algériennes d'effectuer un recensement des populations des camps dans le but de déterminer leur nombre exact et leurs origines. D'autres rapports, cités également dans l'ouvrage, dévoilent le détournement par le Polisario des aides humanitaires octroyées par des associations internationales au profit des populations séquestrées et montrent comment la junte séparatiste utilise les aides pour renflouer ses comptes bancaires personnelles. "Les populations séquestrées en Algérie sont oubliées et leurs droits et libertés sont systématiquement violés", martèle l'auteur en se référant à une étude du centre américain des réfugiés et des migrants (USCRI), qui pointe du doigt la responsabilité directe de l'Algérie dans le calvaire des séquestrés de Tindouf. "Les camps de Tindouf se sont transformés en un véritable mini-Etat au sein de l'Algérie, géré selon un style communiste, bafouant tout droit à la liberté de mouvement", lit-on dans l'ouvrage, qui relève les pratiques d'intimidation et d'endoctrinement, devenues le mot d'ordre dans les camps. Le chercheur rappelle que l'organisation internationale de défense des droits humains, Amnesty international (AI), a souligné, dans son rapport de 2009 sur la situation des droits de l'homme dans le monde, que peu d'informations sont disponibles sur les conditions des personnes séquestrées dans les camps, dirigés par le Polisario en Algérie. Mettant en exergue le constat établi par AI au sujet de l'absence de toute action sur l'impunité dont jouissent les personnes impliquées dans les violations des droits de l'homme dans ces camps, l'auteur met l'accent sur le refus des séparatistes du Polisario de tout accès des organisations internationales aux camps sans l'autorisation de l'armée algérienne, ce qui en dit long sur le siège imposé aux populations parquées sur le territoire algérien, loin du regard de la communauté internationale.