Alors que chacune des déclinaisons locales du plan "Maroc vert" est mise en oeuvre dans le cadre d'un processus tous azimuts de modernisation d'un secteur aussi vital que celui de l'agriculture, la province de Nador ne compte pas, elle aussi, rater le train de cette ambitieuse vision agricole. (Par Mourad El Khanchouli)
En s'appuyant, pour cela, sur des outils infaillibles comme l'agrégation et la reconversion, le secteur agricole de la province semble repartir sur les bons rails. Il s'agit, en gros, d'alterner harmonieusement ces deux stratégies : contourner les problématiques de l'exiguïté des exploitations agricoles et du manque d'organisation dans le secteur agricole de la province, à travers de nouveaux modèles d'agrégation, d'une part, et de faire passer les exploitations fragiles de la céréaliculture à des productions à plus forte valeur ajoutée et moins sensibles à la volatilité de la pluie, de l'autre. Pour y parvenir, la province de Nador s'est bien donnée les moyens de ses ambitions. Un budget conséquent de 1,588 milliard de DH, réparti sur onze projets-Pilier I (agriculture moderne et à haute valeur ajoutée), dix projets Pilier-II (agriculture solidaire) et cinq projets transversaux, y est prévu.
+PILIER I : LE PARI DE LA FORTE PRODUCTIVITE+ Dans cette première approche de forte productivité, dite "pilier I", la province mise sur huit filières productives, susceptibles de tirer vers le haut son économie agricole, à savoir les filières oléicole, agrumicole, maraîchère, viticole, sucrière, céréalière, laitière et avicole. Onze projets au total devront, à cet effet, voir le jour, pour la somme de 1,375 milliard de DH. Il s'agit de deux projets d'intensification et de reconversion des systèmes d'irrigation dans les zones de grande hydraulique, où il est prévu des reconversions en goutte à goutte sur une superficie de 3.560 Ha, la plantation de 1.430 ha d'olivier et la valorisation de la production, par la mise en place de deux unités de trituration pour un investissement global de 310 millions DH. La filière agrumicole verra le lancement d'un projet d'intensification des agrumes sur 2.150 ha par la reconversion du système d'irrigation, l'extension des plantations et l'introduction des variétés précoces sur 550 ha, ainsi que des opérations d'encadrement et de valorisation par agrégation, avec un investissement privé de 93 millions de dirhams. Le pilier I prévoit aussi la mise en place d'un projet de développement des cultures maraîchères sous serre à haute valeur ajoutée (tomates et courgette) par l'extension d'une superficie de 40 ha à l'horizon 2013 et la mise en place d'unités de conditionnement. Le coût global devra avoisiner les 212 MDH. D'autres projets tout aussi prometteurs et de forte valeur ajoutée devraient éclore dans les années à venir, dont deux projets d'intensification de la vigne sur 1.450 ha et de développement de la vigne sous serre sur 50 ha (52 M DH), un projet d'intensification et d'agrégation de la betterave à sucre sur 5.000 Ha (280 M DH) et deux projets de multiplication des semences sur 600 Ha et d'intensification des céréales communs sur 4.000 ha (282 M DH). Toujours dans le cadre de ce premier pilier, la dynamique de création de nouveaux modèles d'agrégation, chers aux initiateurs du plan Maroc Vert, a abouti au lancement de deux autres projets d'agrégation dans la province de Nador. Un projet d'agrégation pour le développement de la filière laitière rassemblant 15 coopératives laitières et producteurs privés (123 MDH) et un autre projet d'agrégation de la filière des viandes blanches au quartier industriel de Selouane par la mise en place d'un abattoir moderne et d'un réseau de vente et de distribution, avec un investissement global de 23,5 MDH. +PILIER II : L'AMELIORATION DES REVENUS DES PETITS AGRICULTEURS EN POINT DE MIRE+ . En parallèle avec le modèle de productivité et de modernisation agricole par excellence, représenté par le pilier I, le plan agricole de Nador consacre tout un volet au développement de l'agriculture solidaire (pilier II). Parmi les dix projets programmés dans la province, la filière oléicole se taille la part du lion avec un total de neuf projets portant sur la reconversion des céréales en olivier sur 9.300 Ha au profit de 3.300 agriculteurs. Un investissement public de 94 MDH servira, dans ce sens, à la plantation clé-en-main de vergers d'olivier, à l'assistance technique et la valorisation de la production. La filière apicole de la province aura, elle aussi, sa part d'investissements. Un projet de mise en place d'une unité de conditionnement pour la somme de 3 MDH y verra le jour. Reste enfin l'accompagnement de la concrétisation des différents projets Pilier I et II. Là encore, les initiateurs du plan agricole régional y ont bien pensé. Tout un train de mesures minutieusement ciblées viendra conforter les choix du plan agricole de la province : la maintenance des équipements hydro agricoles et le renouvellement des stations de pompage (40MDH), la réhabilitation des périmètres de petite et moyenne hydraulique (22 MDH), la création d'entreprises de service agricole (23MDH) et la recherche et développement (21MDH), mais aussi la formation des intervenants et partenaires (10 MDH).