Au lendemain de l'annonce par le ministère de l'Intérieur de la date des prochaines élections législatives (25 novembre), les acteurs de la scène partisane adoptent des attitudes différenciées sur la pertinence de la tenue d'un scrutin avant la fin de l'année. Même si une bonne majorité de partis politiques n'ont pas encore réagi à cette annonce, il n'en reste pas moins que leurs positions demeurent mitigées face à la problématique que suscite cette date en termes de préparatifs organisationnels et d'élaboration de textes législatifs afférents à cette consultation. La dernière réaction enregistrée à ce propos est celle du Rassemblement National des Indépendants (RNI) qui a annoncé, ce mercredi, son rejet de la date fixée pour les législatives. Le parti invoque, à cet égard, le fait que "la méthodologie adoptée pour gérer l'étape actuelle n'a pas pris en compte les exigences propres à favoriser un climat de compromis". Il a indiqué avoir "mis en place un mécanisme pour assurer le suivi de ce dossier et de ses développements, avec ses partenaires politiques, le gouvernement ainsi qu'avec les autres formations politiques". De fait, les formations politiques qui étaient jusque-là réticentes face à la tenue de ce scrutin avant fin 2011 semblent, de l'avis des analystes, avoir changé de ton et se sont montrés disposés à y adhérer. Ce changement d'attitude est perçu comme annonciateur d'une détente politique à même de permettre de faire avaliser les projets de loi sur les partis et la loi organique de la Chambre des représentants, dont certaines dispositions représentent des sujets de divergence entre les partis. Ces divergences se rapportent particulièrement au seuil électoral, au financement des partis ainsi qu'à leurs alliances. Le Parti de la Justice et du Développement (PDJ), qui avait proposé les mois de mars ou avril prochains pour les législatives, appelle à en référer à l'institution législative pour trancher le débat en cours sur les textes électoraux, eu égard à la difficulté de dégager un consensus de l'ensemble des forces politiques. Dans des déclarations à la presse, un responsable du PJD a fait part du désaccord de son parti avec l'idée d'organiser les élections à la date retenue par le ministère de l'Intérieur. "Nous avons fait connaître notre position depuis un certain temps consistant en le rejet de la tenue de ce scrutin durant la période qui nous sépare de la fin de l'année, pour la simple raison que le gouvernement va déposer le projet de loi de finances au parlement, au plus tard le 20 octobre", a-t-il précisé, expliquant que la discussion dudit projet devra durer au moins deux mois. Selon lui, il aurait été préférable de tenir la consultation législative début 2012 car le maintien de la date du 25 novembre, telle qu'arrêtée par le ministère de l'Intérieur, détournera les parlementaires du débat en profondeur sur le projet de loi de finances, du fait qu'ils seront pris par la campagne électorale. Dans des déclarations similaires, un cadre dirigeant du Parti de l'Istiqlal a souligné que sa formation n'a, dès le début, posé aucune condition concernant la date du scrutin. "Tout ce que nous exigeons c'est de favoriser le climat politique approprié pour faire en sorte que ces élections renforcent les acquis constitutionnels et que des consensus soient dégagés à propos des chantiers ouverts, à leur tête celui relatif aux textes électoraux", a-t-il soutenu. Dans ce même contexte, le Parti de l'Istiqlal (PI) a considéré que les prochaines élections législatives constituent "la porte par laquelle le Maroc accèdera au lendemain radieux auquel aspirent les Marocains depuis des décennies et pour lequel il a consenti de lourds sacrifices". Aussi, engage-t-il l'ensemble des acteurs à "contribuer effectivement et positivement à la réalisation de cet objectif, particulièrement en ce qui concerne la lutte contre toute forme de perversion des opérations électorales", et la mise en place des conditions de protection et de respect de la volonté populaire. Par ailleurs, le parti "prend acte avec satisfaction de la méthodologie suivie à ce jour pour la gestion du dossier des élections et qui repose sur l'approche participative et la recherche du plus haut degré de consensus, ce qui est sans précédent dans les annales électorales du Maroc". Le ministère de l'Intérieur avait annoncé, lundi, que les prochaines élections de la Chambre des représentants auront lieu le vendredi 25 novembre, à la suite des concertations avec les partis politiques sur les projets de textes électoraux et les préparatifs des prochaines échéances électorales. Il a également indiqué que les concertations avec les partis se poursuivront sur tout ce qui se rapporte à la préparation de ces échéances.