L'annonce de la date par le ministre de l'intérieur a suscité des réactions mitigées auprès de la classe politique. Le ministère de l'intérieur a mis fin au suspense qui entourait la date des prochaines élections législatives. En vertu d'un accord avec les partis politiques, ces échéances devront avoir lieu, fort probablement, le vendredi 11 novembre ou à une date très proche de ce jour. La décision a été prise lors d'une réunion entre les états-majors des formations politiques et le ministre de l'intérieur Taib Cherkaoui tenue samedi 13 août et qui s'est poursuivie tard dans la soirée. Ainsi, la date du 7 octobre dont il était question auparavant a été définitivement abandonnée parce que trop proche et surtout parce que les projets de lois électorales sont toujours à l'examen. Désormais, environ 60 jours nous séparent du grand jour J. A l'image de la date du vendredi 1er juillet, le vendredi 11 novembre sera assurément une date décisive pour l'avenir du Maroc qui aspire à consolider sa démocratie. Les prochaines échéances devront faire ressortir des institutions démocratiques fortes afin de donner corps au processus de réforme en cours. A noter que SM le Roi Mohammed VI avait souligné, dans son discours adressé à la Nation à l'occasion de la fête du Trône le 30 juillet dernier, «la nécessité de veiller à la mise en place des institutions constitutionnelles dans les plus brefs délais et de garantir leur bon fonctionnement». Sans surprise, l'annonce de la date des élections a suscité des réactions mitigées auprès de la classe politique. Certains partis ont accueilli avec satisfaction l'annonce de cette date, alors que d'autres continuent de mettre en garde contre la mauvaise précipitation et appellent les acteurs politiques à se mettre d'accord non pas sur les considérations d'ordre formel mais sur l'approche politique qui devra présider à ces élections. Le PJD appelle, pour sa part, au report de ces échéances. Ainsi, pour le parti de l'Istiqlal, qui a été le premier parti à appeler à des élections législatives anticipées, la date du 11 novembre est raisonnable. «La date du 11 novembre est une date raisonnable. Il était pratiquement impossible que les élections législatives aient lieu en octobre à partir du moment où la loi exige l'annonce de la date 45 jours avant la tenue des élections», précise Abdelkader El Kihel, membre du comité exécutif du parti de l'Istiqlal. «Le PI revendiquait dès le départ de fixer un calendrier précis des élections pour donner une visibilité aux acteurs politiques. Il fallait mettre fin à l'état d'attentisme», précise M. El Kihel en ajoutant que l'Istiqlal est fin prêt pour entamer l'opération électorale. Le Parti du progrès et du socialisme (PPS) estime, pour sa part, que les considérations d'ordre formel, notamment la question de la date, importent peu. «Pour le PPS, la date du 11 novembre peut être acceptable, mais elle importe peu. La principale question à laquelle il faudra trouver une réponse aujourd'hui est celle de savoir où allons-nous et qu'allons-nous faire de ces élections?», précise Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS. «Pour nous, l'essentiel c'est de se mettre d'accord sur l'approche politique qui va présider à ces élections pour faire sortir le meilleur de cette expérience. Nous voulons bien que ces élections donnent naissance à un Parlement avec un nouveau visage», ajoute M. Benabdellah. «Tout le monde a décrié le Parlement actuel. Tout le monde affirme qu'il manque de crédibilité. Le fait que le Maroc se soit doté d'une nouvelle Constitution ne veut pas dire pour autant que la société marocaine a changé du jour au lendemain. Il est fort probable que nous ayons les mêmes résultats que ceux de 2007», poursuit-il. Et d'ajouter: «C'est pour cette raison que nous appelons à adopter une liste nationale plus large pour faire passer de nouveaux visages, notamment des cadres. Nous appelons, également, à mettre en place des circonscriptions plus larges au niveau local». Même son de cloche auprès de l'USFP. Le parti ittihadi continue de mettre en garde contre la mauvaise précipitation. «L'USFP a, dès le départ, soulevé la question de savoir si l'Etat et les institutions étaient prêts pour entamer des élections législatives qui soient à la hauteur des aspirations des citoyens marocains. La question du timing importe peu. Il faut que les prochaines échéances rompent définitivement avec les pratiques malsaines et non démocratiques du passé et qu'elles donnent un nouveau visage aux institutions. Il faudra également que ces élections soient conformes avec l'esprit de la nouvelle Constitution», souligne Ahmed Zaïdi, membre du bureau politique de l'USFP. Affirmant que le bureau politique du parti de la rose devra se réunir dans les prochains jours pour prendre une décision au sujet de la date proposée par l'Intérieur. Le Parti de la justice et du développement (PJD) appelle, quant à lui, à décaler d'au moins une semaine la date des élections en raison de sa coïncidence avec la fête du sacrifice. «La date du 11 novembre aurait convenu si elle ne coïncidait pas avec la fête du sacrifice prévue le lundi 7 novembre prochain. Il faut décaler d'au moins une semaine la date en raison de sa proximité avec Al Aïd», propose Lahcen Daoudi, secrétaire général-adjoint du PJD. «La date du 11 novembre n'est pas définitive. Elle est toujours révisable. Le secrétariat général du PJD va demander le report des élections d'une semaine», ajoute-t-il. Le Rassemblement national des indépendants est du même avis. «Au RNI, pour s'éloigner de la date d'Aïd Al Adha, nous avons proposé le 28 octobre ou 4 novembre», indique Salaheddine Mezouar, président du RNI. Le timing des prochaines élections devra, ainsi, continuer de susciter le débat auprès de la classe politique. Les lois électorales toujours à l'étude Le ministère de l'intérieur n'a pas encore remis aux partis les copies définitives de la loi organique sur les partis politiques, la loi organique sur la Chambre des représentants et la loi sur les élections. Selon des sources concordantes, deux principaux éléments ne font pas toujours l'unanimité des partis politiques, à savoir la liste nationale et le seuil. A l'heure où certains partis veulent que cette liste soit élargie pour comprendre des jeunes et des cadres, notamment le PPS, l'USFP estime que cette liste doit être réservée uniquement aux femmes. Le ministère de l'intérieur avait proposé initialement une liste nationale de 90 sièges réservée aux femmes et aux jeunes. Aussi, si les grands partis sont d'accord pour le maintien du seuil de 6% pour obtenir un siège au sein de la Chambre des représentants, les petites formations plaident pour un seuil de 2 à 3 % et dénoncent ce qu'elles qualifient de «tentatives de leur exclusion».