Les "franchises" locales d'Al-Qaeda continuent de faire planer une menace sérieuse sur la sécurité dans le monde, un constat que le Président Barack Obama n'a pas manqué de relever dans son dernier discours sur l'Etat de l'Union, dans lequel il a souligné "la nécessité de porter le combat là où s'activent les militants extrémistes". Par Fouad ARIF Quelques jours après que le chef de l'exécutif US ait renouvelé le ferme engagement de son Administration à lutter contre Al-Qaeda et les groupes qui s'en inspirent, un nouveau rapport, rendu public vendredi dernier à Washington, fait état d'une "recrudescence alarmante" des actes terroristes perpétrés en Afrique du Nord et dans la région du Sahel par Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), dénomination que porte le "Groupe salafiste algérien pour la prédication et le combat", (GSPC) depuis qu'il a fait allégeance à la nébuleuse d'Al Qaeda. Ce rapport, réalisé par Yonah Alexander, Directeur du Centre international des études sur le terrorisme relevant de l'Institut de recherche américain Potomac, a été rendu public à l'occasion d'un séminaire organisé au siège de la Brookings Institution, avec la participation d'anciens responsables de la CIA, de représentants du Département d'Etat et du Département de la sécurité intérieure US, qui ont été unanimes à souligner qu'Al-Qaeda fait planer sur les Etats-Unis une des plus grandes menaces auxquelles ce pays doit faire face.
+LES ACTES TERRORISTES D'AQMI, UNE MISE EN GARDE CLAIRE A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE+ Ce document révèle que les attentats terroristes perpétrés par AQMI ont connu une "augmentation vertigineuse" de plus de 550 pc, depuis les attaques du 11 septembre 2001, dans une zone géographique allant de l'Algérie au Mali, en passant par la Mauritanie et le Niger. Pas moins de 1.500 personnes y ont trouvé la mort, alors que 600 autres ont été blessées. Rien que pour l'année 2009, AQMI a mené quelque 204 attaques. Les activités de ce groupe terroriste "constituent une mise en garde claire que les Etats-Unis et la communauté internationale ne peuvent se permettre d'ignorer à leurs risques et périls", avertit ce rapport, attirant l'attention sur le fait que l'auteur de l'attentat raté de Noël contre un avion US est de nationalité nigériane, ce qui met en évidence la capacité des terroristes à recruter des profils jugés jusque-là "improbables". Les conclusions dudit rapport s'inscrivent en droite ligne de la décision du Département d'Etat US de maintenir la désignation d'AQMI en tant qu'"organisation terroriste étrangère", conformément à la section 219 de la loi sur l'immigration et la nationalité, relevant que ce groupe a élargi le rayon de ses opérations au-delà du territoire algérien en intensifiant ses attaques au nord du Mali, au Niger et en Mauritanie. Une décision similaire avait été prise à l'encontre d' "Al-Qaeda dans la péninsule arabique" (AQPA), qui avait revendiqué l'attentat raté contre l'avion de la Northwest Airlines.
+COLLUSION D'AQMI AVEC LES RESEAUX DE TRAFIC DE DROGUE TRANSANTIONAUX+ Un récent article du "Los Angeles Times" a souligné qu'Al-Qaeda au Maghreb Islamique a étendu son contrôle sur le "trafic juteux" de cocaïne transitant par la région du Sahel, en vue de financer ses opérations contre des cibles occidentales. La publication, qui cite des enquêteurs occidentaux, relève qu'AQMI "s'autofinance notamment en offrant sa protection et en acheminant des cargaisons de drogues le long des routes de la contrebande" dans le vaste désert sahélien pour être écoulées en Espagne et en Italie. Là où le "Los Angeles Times" parle de "collusion" entre AQMI et les réseaux des narcotrafiquants transnationaux, le Centre international des études sur le terrorisme évoque des "liens préoccupants et de plus en plus forts" entre ce groupe terroriste et les narcotrafiquants latino-américains. Le "Los Angeles Times" fait remarquer à cet égard que l'extradition, en décembre dernier, du Ghana vers les Etats-Unis, de trois trafiquants de drogue d'origine malienne en vue d'être poursuivis pour tentative de mise en place d'un réseau en Afrique pour le compte d'Al-Qaïda et de la guérilla des FARC en Colombie, représente la première affaire criminelle sur le sol américain à faire un lien direct entre ce réseau terroriste et le trafic international de drogue. Les trois personnes extradées sont accusées de narco-terrorisme et de complot en vue de soutenir des organisations terroristes étrangères, selon le parquet fédéral de New York, pour qui cette affaire montre "l'émergence d'alliances entre Al-Qaeda et les réseaux internationaux de trafic de drogue". "Nous étions conscients de cette situation depuis longtemps, mais il s'agit là de la première action tangible que nous avons entreprise en vue de contrer" cette menace, souligne Rusty Payne, porte-parole de l'Agence antidrogue américaine, DEA, en allusion à l'extradition des trois mis en cause.
+VULNERABILITE DE LA JEUNESSE DES CAMPS DE TINDOUF FACE A L'IDEOLOGIE EXTREMISTE D'AQMI+ Le Directeur du Centre international des études sur le terrorisme a, par ailleurs, attiré l'attention sur le fait que la frustration que ressentent les jeunes dans les camps de Tindouf, à cause du manque de perspectives, les rend "vulnérables à l'idéologie extrémiste d'Al-Qaeda au Maghreb Islamique". "Les études que nous menons ont clairement démontré qu'une jeunesse sans espoir et sans perspectives à venir devient une proie facile aux prédateurs terroristes", a-t-il souligné dans un récent entretien à la MAP, appelant à une "solution humanitaire au calvaire que vivent les populations parquées dans ces camps". Ledit Centre souligne, à ce sujet, la nécessité de régler la question du Sahara pour contrer la menace terroriste en Afrique du Nord et dans la région du Sahel, "en vue de désamorcer une situation propice à la prolifération des activités d'AQMI". Le règlement de ce conflit permettra ainsi de favoriser "un environnement positif pour renforcer la coopération sécuritaire et économique", fait observer le rapport sur "la menace grandissante" du terrorisme en Afrique du Nord et dans la région du Sahel.