La présidente de l'Organisation Panafricaine de Lutte contre le Sida (OPALS-Maroc), Mme Nadia Bezad, a estimé, jeudi, que l'accélération des efforts de lutte contre le sida au Maroc est tributaire de la mise en place d'un programme national sur la santé sexuelle et reproductive. "Le Maroc s'est engagé à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement relatifs à l'amélioration de la santé maternelle et à la lutte contre le VIH/SIDA et la réalisation de ces objectifs passe par la mise en place d'un véritable programme de santé sexuelle et reproductive", a-t-elle affirmé dans une déclaration à la MAP. "Nous n'avons pas encore réduit la progression du Sida au Maroc parce que nous parlons du VIH/SIDA d'une façon isolée", a déploré Mme Bezad, en marge d'une réunion de haut niveau sur le VIH/Sida qui doit prendre fin vendredi au siège de l'ONU. Un tel programme, explique la présidente de cette ONG créée en 1994, est de nature à combler le déficit en matière de lutte contre la propagation du VIH/SIDA, à travers, notamment, "la sensibilisation des jeunes" aux modes de transmission de cette maladie. "Il est important que les jeunes puissent avoir des informations correctes sur le mode de transmission du VIH/SIDA. Les jeunes sont livrés à eux-mêmes et ne sont informés ni chez eux, ni à l'école", a averti Mme Bezad. S'agissant de la prévalence du VIH/Sida au Maroc, l'experte a relevé qu'il y a eu une "croissance régulière" du nombre du cas de Sida au cours des dernières années. "Il y a eu une progression croissante des cas de Sida, qui ont atteint 5.600 cas", a-t-elle fait savoir, notant toutefois que "la prévalence de cette maladie demeure inférieure à 1 pc, ce qui est rassurant". "La situation n'est pas encore dramatique", a dit Mme Bezad, qui a jugé qu'il y actuellement deux tendances inquiétantes à suivre de près pour améliorer les résultats en matière de lutte contre le VIH/SIDA. "L'augmentation des nouveaux cas d'infections sexuellement transmissibles (400.000 cas par an) et le fait que 87 pc des cas de transmission du VIH ont eu lieu par voie hétérosexuelle, sont deux tendances à observer de très près", a-t-elle expliqué, avant de mettre en relief les efforts déployés par le Maroc à la faveur du dépistage et de l'accès aux traitements antirétroviraux. Au Maroc, nous avons une riposte claire et des programmes élaborés par le ministère de la Santé et les associations de lutte contre le Sida pour répondre aux besoins spécifiques de chaque groupe à risque, a expliqué la présidente d'OPALS-Maroc. Elle a également évoqué les progrès réalisés en matière de dépistage rapide et anonyme du VIH à travers 17 centres disséminés dans plusieurs régions du Royaume, soulignant que le Ministère de la santé compte introduire le dépistage du VIH/Sida au sein des centres de santé pour renforcer les efforts de lutte contre cette pandémie. La réunion de haut niveau sur le VIH/Sida est consacrée à l'examen des progrès réalisés par la communauté internationale face à l'épidémie depuis les engagements pris par l'Assemblée générale de l'ONU en 2001, précise-t-on. La ministre a, également, cité les "programmes spécifiques" mis en place, tels que la Campagne Nationale de Communication Sociale visant la lutte contre la stigmatisation et la discrimination, le programme de réduction des risques, la mobilisation ainsi que l'implication du secteur religieux. Parmi ces programmes, elle évoquera aussi celui de la Prévention de la Transmission du VIH de la mère à l'enfant (PTME) considéré comme un programme pilote mis en place au niveau de trois régions du Royaume, dans le cadre d'une approche d'intervention globale de santé reproductive, impliquant les services de santé maternelle et infantile (SMI) au niveau des établissements de soins de santé de base. La vision étant, a-t-elle expliqué, l'intégration du conseil et test VIH en consultation prénatale, en veillant au respect de l'éthique et des droits des personnes testées et en assurant l'orientation des femmes enceintes VIH positives vers les centres spécialisés pour la prise en charge du couple mère-enfant. Alors que la stratégie nationale de communication sociale sur le sida a inclus de vastes campagnes de lutte contre la stigmatisation et la discrimination, une analyse régulière a été menée pour appréhender la dynamique de l'épidémie et identifier les dysfonctionnements ainsi que les opportunités à saisir, a-t-elle dit. La ministre a également abordé le nouveau plan stratégique 2012-2016 dont les "priorités, a-t-elle souligné, s'alignent directement sur des données fiables et sur les dynamiques réelles de l'épidémie. Ce nouveau plan, a-t-elle fait observer, "engage résolument le Maroc dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) fixés par l'agenda mondial et la vision de la nouvelle stratégie de l'ONUSIDA". En outre, a-t-elle ajouté, l'appui des Organisations internationales, auxquelles elle a rendu un "grand hommage" est, selon elle, "le gage de la pertinence de nos différentes actions" dans la lutte contre le sida. "Nous voudrions à cette occasion réitérer la nécessité d'assurer une continuité des financements internationaux pour la lutte contre le sida y compris pour les pays à niveau épidémique faible ou concentré". Cet appui "nous conforte également dans notre conviction que nous pouvons aujourd'hui, en ces lieux, renforcer la solidarité internationale, partager et capitaliser nos expériences pour une réponse mondiale au sida, cohérente visant à atteindre en 2015 l'objectif de "zéro nouvelle infection, zéro discrimination et zéro décès" dû au sida. C'est "ensemble unis, solidaires et pleinement engagés dans la réalisation des objectifs assignés, (que) nous gagnerons le combat contre la pandémie, a-t-elle conclu.