Le Rassemblement des Musulmans de France (RMF), principale composante du Conseil français du Culte musulman (CFCM), a exprimé sa "vive inquiétude" face aux premières déclarations sur le lancement d'un débat sur la laïcité qui "s'annonce, d'ores et déjà, être focalisé sur l'exercice du culte musulman en France". A l'aune du débat sur l'identité nationale (lancé l'année dernière) ponctué de "dérapages incontrôlés", "nous exprimons avec la plus grande fermeté notre opposition à toute forme d'instrumentalisation et de stigmatisation de l'Islam qui hypothéquerait et fragiliserait davantage la cohésion de notre Nation", déclare le RMF dans un communiqué. Compte tenu des premiers éléments d'actualité, le Rassemblement constate qu'"il n'est plus question de prévenir des dérives intégristes et de pratiques radicales", car, observe-t-il, "c'est de la pratique de l'islam dans la société française que certains projettent de débattre ! au moment où cette question semblait être totalement dépassée depuis plusieurs décennies pour la deuxième religion de France". Tout en réaffirmant son "attachement indéfectible à la laïcité, socle et pilier de notre pacte républicain, garant des libertés et de la séparation des églises et de l'état", le RMF exprime son "refus catégorique" que les musulmans de France soient de nouveau les "boucs émissaires de la campagne qui s'orchestre et soient pris en otage de calculs politiciens à l'aube des prochaines échéances électorales". Il appelle les musulmans de France "à exprimer, dans le respect des valeurs de la République, leur refus de voir à nouveau leur pratique religieuse stigmatisée" et "en appelle solennellement au Président de la République, garant de la cohésion nationale, pour reconsidérer le principe même de ce débat qui risque de fragiliser d'une manière durable les conditions du +vivre ensemble+" de la nation française. De nombreuses voix se sont élevées en France pour mettre en garde contre les dérives que pourrait provoquer le lancement du débat sur la laïcité, souhaité par le président Nicolas Sarkozy et mis en oeuvre par le patron du parti présidentiel UMP (droite) Jean-François Copé. Plusieurs ministres et cadres et élus mêmes de l'UMP ont exprimé des réserves au sujet de cette initiative, à l'image du Premier ministre, François Fillon, du chef de la diplomatie, Alain Juppé, du président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, ou de la déléguée permanente de la France auprès de l'Unesco, Rama Yade. Le CFCM, organe représentatif des musulmans de France, a, lui aussi, exprimé son inquiétude et a "appelé à la raison et à la sagesse face à une démarche qui "risque d'ouvrir grandes les portes des malentendus et des dérives". Il a aussi dit craindre que "les conditions d'un débat serein autour d'un principe aussi fondamental que la laïcité ne soient pas réunies", citant notamment cette "période d'élections électorales", un contexte international marqué par "la situation préoccupante du monde arabo-musulman" et la "crispation identitaire instrumentalisée par les extrémistes de tout bord".