Le président du Conseil de la communauté marocaine résidant à l'étranger (CCME), Driss Yazami, a indiqué que la communauté marocaine résidant à l'étranger crée dans toutes les langues bien que le français domine encore leurs écrits. M. Yazami a ajouté, dans un entretien à la MAP en marge de la 17ème édition du Salon international de l'édition et du livre (SIEL), qu'au cours des dernières années sont apparus des écrivains marocains qui, en plus du français, s'expriment en hollandais, en flamand, en catalan et en anglais notamment, estimant que le champ culturel connaitra au cours des années à venir des œuvres marocaines en espagnol, en italien et en d'autres langues. Après avoir souligné la nécessité de déployer davantage d'efforts en vue d'entreprendre la traduction des écrits des marocains établis à l'étranger afin qu'elles soient accessibles à tout le monde, il a relevé que les marocains de la seconde génération résidant à l'étranger sont très productifs et que leurs écrits portent essentiellement sur les questions sociales et les problématiques de l'identité et de la recherche de soi. A ce propos, M. Yazami a indiqué que le livre " Le dernier patriarche " de Najat El Hachmi paru en catalan et qui a remporté le prix de Barcelone, illustre ce genre d'écrits en abordant la question identitaire à travers la relation père-fils. Il a ajouté que cette écriture est mise en branle des fois par le conflit violent entre les origines et des fois par la réconciliation, soit consciemment soit inconsciemment.
Le président du CCME a souligné, à cet égard, que la réconciliation avec la famille signifie la réconciliation avec l'identité et l'origine, laquelle, réconciliation, doit prendre en compte la nouvelle appartenance et ce que cela implique pour la question du choix entre l'origine et le lieu d'adoption. D'autre part, a-t-il poursuivi, il faudrait prendre en considération les mutations exprimées par la littérature de l'immigration, surtout par la seconde génération, relevant les compétences dont dispose la communauté marocaine à l'étranger, rappelant la participation, récemment, au colloque sur la presse et l'immigration de 230 marocains venus de 18 pays, dont une journaliste marocaine qui présente le journal télévisé en Russie et une autre qui tient une chronique dans le plus grand quotidien italien d'économie lu par les hommes d'affaires et l'élite économique dans ce pays ainsi que d'un enseignant-chercheur dans le domaine des média au Brésil.
Il a, en outre, souligné la nécessité de mettre la lumière sur les mutations qu'a connues le phénomène de l'immigration en ce sens que celle-ci s'est féminisée et intervient, aujourd'hui, dans un contexte de mondialisation, de nouvelles problématiques économiques et de l'importance de la question de la relation pays d'origine-communauté établi à l'étranger. Dans ce cadre, il a rappelé que le CCME a organisé des rencontres scientifiques sur les questions des langues et a édité de nombreux livres relatifs à la langue arabe et à la façon de la faire parvenir à l'autre.
Il a, en outre, mis l'accent sur l'importance de développer la communication avec la communauté marocaine résidant à l'étranger en tenant compte de la diversité de ses composantes et de leurs domaines d'action et leur histoire dans les pays d'accueil. M. Yazami a, enfin, fait savoir que le processus d'intégration au Canada, par exemple, n'est pas le même à Dubaï ou Moscou, appelant à la nécessité d'approfondir la connaissance des différences socioculturelles parmi la communauté marocaines à l'étranger, des jeunes générations et de leurs aspirations et différences en ce sens qu'elles marquent leur relation avec le pays d'origine.